PRIVE DE SUBVENTION, LE THEÂTRE DE TOONE SE VOIT CONDAMNER A LA DISPARITION, PAR LA MINISTRE DE L'ANTI-CULTURE, JOÊLLE MILQUET ! SIGNEZ LA PETITION CONTRE CE PROJET ! (Après mon texte !).
Bonsoir,
Février 2016, nous entrons dans la dernière phase de l'anéantissement du peu qui reste de culture bruxelloise enracinée... Ceux qui ont conscience du cataclysme post-civilisationnel où nous entraîne un certain totalitarisme global et managérial, ne s'en étonneront pas.
La ministre de l'"anti-culture", Mme Joëlle Milquet, veut réduire la subvention du Théâtre de Toone en 2016 et la faire disparaître en 2017.
Autant dire que le Théâtre Royal de Toone ne survivra pas au-delà du mois de septembre 2016... Et que le jeune personnel marionnettiste qui s'y épanouit actuellement, pour le plus grand plaisir de tous, n'aura bientôt plus qu'à attendre un préavis que l'on devine forcément bien maigre. Futurs jeunes marionnettistes au chômage ou vendeurs de malbouffe déracinée, voilà l'avenir que leur propose Mme Milquet !
Nombre de lieux publics traditionnels bruxellois ont d'ores et déjà disparu (La Légende, Le Manneken, Le Dolle Mol...) ou ont été rachetés, au profit de créatures commerciales généralement de mauvais goût, certes, mais lucratives.
Pour Mme Milquet, il semble donc que le Théâtre de Toone ne relève pas du domaine de la "culture" -quelle est alors la définition que Mme Milquet donne à la culture ? Rap, techno, art "commercetemporain", "bozardisation" ?- mais de celui du "patrimoine" -depuis quand le patrimoine ne relève-t-il pas de la culture ? Sans doute depuis que l'allocation des budgets joue sur les mots...- et de ce genre effectivement mineur que l'on nomme "tourisme" (pourtant lucratif : faudrait savoir...)....
Le Théâtre de nos ancêtres, qui se voyaient interdire l'accès au "Grand Théâtre", réservé à une certaine caste possédante, va donc devoir céder le pas devant le rouleau compresseur de la sous-culture globaliste ! Fichtre, mais qu'ai-je osé écrire ? En disant cela, serais-je un démagogue d'extrême-gauche ou serais-je un séide de l'extrême-droite identitaire ? Je laisse aux ineptes le soin de répondre à cette question fondamentale...
Toone VII (José Géal) et VIII (Nicolas Géal), fruits d'une dynastie de marionnettistes ancienne de plus de 180 ans, se voient aujourd'hui sommés de vider les lieux, après un demi-siècle de présence dans l'îlot sacré, pour cause de politicardise affairiste et de prétendu "progrès global".
Place, désormais, aux grandes marques commerciales, à une sous-culture globale qui, contrairement à ce qu'elle proclame, n'a rien rien de multiple, ni moins encore de divers, que du contraire. A quand l'éradication de la Grand Place, l'exil du Menneken Pis, la disparition du Meyboom, l'interdiction des bières artisanales et des estaminets ?
Le peu qui reste de nos anciennes traditions fait-il donc tellement peur à leur univers aseptisé, déraciné et inculte ? N'ont-ils pas assez d'armes de destruction à leur disposition, qu'ils ne puissent souffrir l'existence de quelques îlots du Vieux Bruxelles ? Il faut croire que Toone les terrorise ou grève à tel point leurs sacro-saints budgets managériaux, qu'il doive obligatoirement passer sous les fourches caudines du reniement égalitaire, historique et culturel. Un monde égal, nivelé, aseptisé, uniforme, peuplé d'écervelés et de machines, serait-ce donc là le projet que l'on veut nous imposer...?
Mais voilà, malgré ce que Mme Milquet et bien d'autres semblent penser, voire souhaiter, "nous" n'avons pas encore disparu. "Nous", c'est-à-dire les personnes, de toutes origines, qui sont encore attachées à la Mémoire de l'Ancien Bruxelles, une Mémoire non-point morte ou passéiste, mais une Mémoire qui, dans quelques endroits aujourd'hui pourchassés, fait intégralement partie de notre présent.
Peut-être d'aucun(e)s ont-ils/elles cru que nous avions enfin cédé à la nostalgie larmoyante d'un passé définitivement révolu, que nous étions enfin mûrs pour la liquidation finale. Ceux-là ne connaissent ni Bruxelles, ni les Bruxellois ! Car, oui, n'en déplaise à certaines de nos élites autoproclamées, des Bruxellois subsistent encore à Bruxelles, qui n'est toujours pas totalement cette "ville de passage" que d'aucuns appellent de leurs voeux.
Des Bruxellois de Vieille Souche, ou d'adoption plus ou moins ancienne, refusent encore et toujours la négation de leur identité, c'est-à-dire, de leur existence.
Et ces Bruxellois là, soutenus par des amis venus des quatre coins de l'Europe et d'ailleurs, signeront la pétition pour la survie de Toone, ce Théâtre de marionnettes qui n'est pas seulement "patrimoine" ou "héritage", mais le coeur même de notre cité !
Eric TIMMERMANS.
PS : Au fait, serait-ce trop demander d'être entendu du Palais ? Le Théâtre de Toone n'est-il pas "royal" ?