SI AUDERGHEM M’ETAIT CONTE…
1.Origines et brève histoire chronologique d’Auderghem.
1.1.Les origines d’Auderghem.
A l’origine, Auderghem s’est développé dans la vallée de la Woluwe, alimentée par deux affluents : le Watermaelbeek (ouest, prend sa source à Watermael) et le Roodclosterbeek (est, prend sa source à Tervueren). Ces deux affluents se jettent dans la Woluwe (partiellement souterraine aujourd’hui), rue Jacques Bassem, à hauteur du parc du Bergoje. Le bassin de la Woluwe est vraisemblablement occupé depuis le Néolithique moyen (civilisation du Michelsberg : -3000 / -2200). A l’époque romaine (-58 à +476), le territoire d’Auderghem fait partie intégrante de la forêt « charbonnière » qui couvre le territoire de l’actuelle Belgique, du nord au sud.
1.2.Epoque franque (476 – 987).
Les Francs Saliens s’installent dans la vallée de la Woluwe au 5e siècle. Ils créent des domaines agricoles dans les clairières ou dans les zones déboisées et défrichées par leurs soins. De ces domaines naîtront divers hameaux, dont Auderghem (dont le nom apparaît dans la moitié du 13e s.), qui est alors la plus isolée des « localités » imbriquées dans la forêt. Il s’agit d’un conglomérat de quelques exploitations agricoles indépendantes, reliées entre elles par des chemins de terre. Auderghem est un hameau qui dépend de Watermael, sur les plans civil et religieux.
1.3.Epoque médiévale (11e– 13e s.).
Vers l’an Mil, la chapelle Sainte-Anne fut construite sur l’emplacement d’un oratoire en bois. Un siècle plus tard, une tour lui est adjointe. Le nom d’Auderghem, sous sa forme d’origine d’Oudrenghem, est attesté pour la première fois dans un acte, en 1253. Le nom vient de Ouder (vieux) et hem ou ghem, dérivé du vieil allemand haim (maison). Il pourrait remonter à l’époque franque et serait dès lors issu de Aldaharinga haim (Maison d’Alaric). Oudrenghem est cité une seconde fois dans un acte abbatial, en 1257. On répertorie à cette époque, une vingtaine de maisons, entourant trois ou quatre métairies. En 1262, le prieuré de Val-Duchesse est fondé.
1.4.Bourgogne et Habsbourg (1363 – 1794).
En 1368, le prieuré du Rouge-Cloître est fondé. En 1435, on compte 174 foyers pour Watermael, Boitsfort et Auderghem et 180, en 1536. On compte alors à Auderghem quatre moulins à eau, dont trois sur la Woluwe, et deux sur le Roodekloosterbeek. En 1726, passage de la chaussée de Wavre. En1749, pavage de la chaussée de Tervueren.
1.5.Le 19esiècle.
En 1830, Auderghem compte 500 habitants. En 1843, construction de l’église Sainte-Anne. En 1844, Auderghem est reliée à Boitsfort par une chaussée pavée. Le 1er janvier 1863, Auderghem, qui s’étend sur 903 ha et compte 1600 habitants, obtient son indépendance communale ; lancement d’un vaste programme de travaux publics. En 1886, 66 Auderghemois sont emportés par une épidémie de choléra. En 1881, la commune compte 2487 habitants (dont seulement 229 électeurs). En 1888, installation de l’éclairage public.
1.6.Le 20e siècle.
En 1904, installation de la distribution d’eau à Auderghem. En 1906, construction de l’église Saint-Julien. En 1914, Auderghem compte 8000 habitants ; 49 Auderghemois seront tués au cours de la première guerre mondiale (Monument au Morts, rond-point du boulevard du Souverain). En 1923, Auderghem compte 9850 habitants et, en 1940, 18.279 habitants. Durant la deuxième guerre mondiale, 53 Auderghemois perdent la vie. En 1959, construction de l’église de Blankedelle. En 1956, désaffectation des lits de la Woluwe et du Watermaelbeek ; voûtement à proximité du boulevard du Souverain. En 1963-1965, construction de l’actuelle église Saint-Julien. En 1970, inauguration d’une nouvelle Maison communale. En 1976, prolongation du métro jusqu’à la station Hermann-Debroux. En 1977, inauguration du Centre d’art du Rouge-Cloître. En 1983, création d’un musée de la forêt au Centre d’information de la forêt de Soignes au Rouge-Cloître. En 1990, aménagement d’un espace vert au Bergoje. En 1997, opération « Bruxelles, ma découverte : Auderghem ». Environ 25.000 personnes visitent le site de Val-Duchesse.
2.Les Meuniers d’Auderghem.
C’est en 1949 qu’un groupe folklorique auderghemois, « Les Meuniers d’Auderghem » (ou « Boerkens van Ouderghem »), voit le jour dans le quartier populeux de la commune, concentré autour de la rue du Vieux Moulin, derrière la maison communale actuelle. A cette époque, les gens venaient au moulin à eau qui se trouvait à cet endroit, au bord de la Woluwe. Le fondateur de ce groupe portait le nom de Désiré Jacquemyns. Un groupe de danse d’une centaine de personnes se constitua autour d’un accordéoniste.
Les hommes étaient habillés en meuniers, avec un chemisier blanc et un foulard rouge, retenu par une boîte d’allumettes. Les femmes portaient une jupe rouge avec une ruban blanc dans le bas et un foulard vert avec des « floches ». Et ils portaient des sabots argentés…bien peu pratiques pour la danse ! Les Meuniers d’Auderghem ont toutefois remporté nombre de concours folkloriques, et participaient régulièrement aux jubilés et aux mariages. Ils se sont même produits en France, à Cambrai.
Dans leurs déplacements, des étendards et des géants les suivaient. Les deux géants furent baptisés en 1949, du nom des deux paroisses d’Auderghem, Julien et Anne. Le bourgmestre Lebon donna lecture de leur acte de naissance, avant qu’ils ne furent bénis à l’église Sainte-Anne. Les « Meuniers d’Auderghem » assurèrent le parrainage.
Survint un jour la modernité avec son cortège de pollution et de bruit automobiles, radiophoniques et télévisés et, en 1956, les Meuniers d’Auderghem disparurent. Quant à Julien et Anne, ils tombèrent dans les oubliettes de l’histoire locale. De ce temps, il ne reste plus aujourd’hui que quelques photos jaunies, comme le dit un jour au journal Le Soir, Jeanne, l’épouse de Désiré Jacquemyns.
3.Les églises Sainte-Anne et Saint-Julien.
3.1.De la chapelle à l’église Sainte-Anne.
La chapelle Sainte-Anne, dressée sur un promontoire, surplombe le domaine de Val-Duchesse. Antérieure au couvent tout proche, elle a été bâtie au 11e s., dans le style roman, avec caractères issus du type rhénan. Elle a vraisemblablement été précédée par un édifice en bois. Très rapidement, la chapelle devint un lieu d’un important pèlerinage : on venait y prier la Vierge et sa mère, sainte Anne, afin de solliciter diverses guérisons ; c’était, en particulier, le cas des femmes frappées de stérilité. On accédait à la chapelle Sainte-Anne, par une rampe pavée –le Kapelleweg-, de même que par un escalier de pierre construit en 1667, mais qui fut en partie démoli, au début du 20e siècle.
C’est en 1307 que le duc de Brabant Jean II, donna la chapelle Sainte-Anne au couvent des dominicaines de Val-Duchesse, qui dirigeaient déjà, à l’époque, le couvent Saint-Clément de Watermael. A la fin du 16e s., les bâtiments de Val-Duchesse vont souffrir d’un incendie qui endommagea aussi légèrement la chapelle Sainte-Anne. Celle-ci tendit à prendre, dès lors, un aspect plus gothique, notamment pour ce qui est de la tour et des vitraux.
Tout au long de son histoire, la chapelle Sainte-Anne joua un rôle central dans le développement d’Auderghem, la communauté paroissiale s’organisant autour d’elle. Survint la Révolution française, et en 1812, sous le Premier Empire, Sainte-Anne fut vendue à un particulier nommé Jean Puraye. Il fallut attendre 1825 (régime hollandais) et la double intervention d’une ancienne dominicaine de Val-Duchesse, Caroline Mac Mahon, et du bourgmestre de Watermael-Boitsfort, Van Campenhout, pour la voir rouvrir au culte. La mayeur de Watermael-Boitsfort avait fait l’acquisition de l’église à ses frais, après l’avoir fait restaurer.
Jugée trop petite, la chapelle Sainte-Anne fut à nouveau fermée au culte en 1843. Et on la remplaça par un nouvel édifice : l’église Sainte-Anne, construite sur l’avenue de Tervuren (Sainte-Anne, qui dépendait jusque-là de Saint-Clément, à Watermael, devint alors une paroisse autonome). Quant à la chapelle d’origine, elle fut désaffectée en 1854, et transformée en métairie. Elle changea ensuite plusieurs fois de propriétaire, avant d’être rachetée, en 1902, par un certain Charles Madoux, qui la restaurât. En 1908, l’épouse de ce dernier la revendit au propriétaire du domaine de Val-Duchesse, le baron Charles-Dietrich. Celui-ci la restaurât également, en 1916-1917, sous la direction du chanoine Lemaire qui en réimagina notamment la décoration intérieure. La chapelle ainsi restaurée fut consacrée le 1er juin 1917. En 1983, l’archiduchesse Marie-Christine de Habsbourg y fut baptisée, en présence de l’impératrice d’Autriche Zita.
L’élément le plus remarquable de la chapelle Sainte-Anne (domaine de Val-Duchesse), lieu de culte de l’ancien village, est la tour du 12e siècle, dotée de trois étages, avec fenêtres, meurtrières, baies cintrées et contreforts aux angles.
Quant à l’église Sainte-Anne, de style néo-classique et édifiée en 1843, elle se dresse toujours au n°89 de l’avenue de Tervuren(emplacement du Schietheideveld), c’est-à-dire à l’est du centre de l’ancien village. Pendant plus de soixante ans, elle demeura la seule église d’Auderghem, celle de Saint-Julien (la première) étant construite en 1906 et celle de Notre-Dame de Blankedelle (rue des Héros n°34), à la fin des années 1960. Le cimetière paroissiale cerna l’église Sainte-Anne jusqu’en 1920, époque de sa désaffectation.
Parmi son patrimoine artistique (qui provient de la chapelle Sainte-Anne), on compte la statue de Sainte-Anne –elle porte la Vierge et l’Enfant- en bois polychromé du XVIe s.
3.2.L’église Saint-Julien.
Si vous parcourez l’avenue Gabriel-Emile Lebon, peut-être n’y décèlerez-vous pas immédiatement la présence d’une église, et pourtant… La chose massive et bétonnée qui s’y trouve, et n’est pas sans rappeler un élément du Mur de l’Atlantique, est bien l’actuelle église Saint-Julien, bâtie en 1965 ! Mais une autre église Saint-Julien exista à Auderghem. Nous allons en dresser le bref historique.
En 1889, un négociant athois du nom de Nestor Plissart, acquit de vastes terrains autrefois occupés par des briquetiers, aux alentours du carrefour formé par la chaussée de Wavre et la rue Valduc. En 1906, la famille Plissart céda à très bas prix un terrain qui servit à la construction de la première église Saint-Julien (n°10 de l’avenue de l’Eglise Saint-Julien, qui relie le boulevard des Invalides à la chaussée de Wavre). C’est autour de cette église que se forma le quartier Saint-Julien. Et, tout naturellement, la population donna à la rue où se situe l’église, le nom de « rue Saint-Julien ». Mais une autre rue portant ce nom en région bruxelloise (à Molenbeek-Saint-Jean), on la rebaptisa, en 1917, « rue des Aquarellistes ». Et ce n’est qu’en 1932 qu’elle prit son nom actuel.
Mais pourquoi Saint-Julien ? Selon les uns, l’église aurait été dédiée à l’évêque espagnol, saint Julien de Cuenca. Selon les autres, le choix du sieur Plissart en faveur de saint Julien pourrait provenir de ses origines athoises, et du fait que l’église d’Ath est dédiée à saint Julien (de Brioude).
3.3.Le bois de Melsdael.
A l’époque médiévale, plusieurs léproseries existaient dans les alentours de Bruxelles (Pentagone). Au sud de l’actuel square De Greef, se concentrait une population pauvre ou malade. Une léproserie y avait vraisemblablement été installée, à moins qu’elle eut été située de l’autre côté de la chaussée de Wavre, dans le bois de Melsdael.
4.Le Vieil Auderghem.
4.1.Le Village d’Auderghem défiguré…
Le Vieil Auderghem correspond à ce qu’on appelait autrefois le « village ». Il s’agit du centre de la commune, là où se croisent la chaussée de Wavre et le boulevard du Souverain, deux monstrueuses artères qui ont à jamais défiguré le cœur de la commune, tout en la divisant en deux parties.
4.2.De la place de la Gare à la place Félix Govaert.
Cette place changea plusieurs fois de noms, notamment en raison des doublons existant en région bruxelloise : Félix Govaert (1916/1917-1925), Jules Génicot (1925-1945), Félix Govaert (depuis le 1er août 1945). Mais auparavant, cette place porta le nom de place de la Gare ou place de la Station, et ce de 1882 à 1916. De fait, la station ferroviaire d’Auderghem se situait à cet endroit, sur la ligne Bruxelles-Tervueren. La gare a brûlé en 1972.
4.3.La maison « Mauresque ».
Des anciens bâtiments qui bordaient jadis la ligne de chemin de fer, il ne subsiste plus aujourd’hui qu’une ancienne école, le pensionnat d’Hauwer, situé au n°18 de la place Félix Govaert. L’édifice étant du plus pur style art nouveau, d’inspiration mauresque -façade couverte de crépi couleur sable, avec fenêtres et balcons -, on la surnomme la maison « Mauresque ». La maison « Mauresque » (ou du moins sa façade), a été classée le 28 mai 1998.
4.4.Les rues du Vieil Auderghem.
-Rue de la Sablière (n°2 : Lutgardiscollege pour garçons, construit en 1912 ; chapelle gothique).
-Rue Idiers (du nom d’un échevin -1866-1872- qui posséda une teinturerie à cet endroit).
-Rue du Verger.
-Rue du Villageois.
-Montagne de Sable (en escaliers).
-Rue de la Pente (venelle très étroite et en pavés).
-Avenue de Waha (du nom du second bourgmestre d’Auderghem : 1873-1884).
-Rue du Vieux Moulin (pavée en 1844, le nom de cette rue rappelle qu’un moulin à eau y fonctionna sur la Woluwe jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale ; propriété des religieuses de Val-Duchesse pendant cinq siècles, soit de 1280 à 1780, ce moulin vit ses ultimes vestiges anéantit, en vue d’y construire un immeuble à appartement).
4.5.Angles de rues du Vieil Auderghem.
-Angle de la chaussée de Wavre et du boulevard du souverain : un immeuble occupe l’emplacement de l’ancienne maison communale d’Auderghem.
-Angle de la chaussée de Wavre et de la rue Jacques Bassem : place communale, bâtie en 1989. Derrière cette place, une petite colline forme le clos du Bergoje, autrefois nommée Loozenberg. Les habitants la rebaptisèrent « Bergoje », en dialecte, « petites maisons sur la colline ». Le Bergoje s’est aujourd’hui étendu, et un ensemble d’habitations privées uniformes , construites dans l’espace situé entre le vieux clos et le parc du Bergoje.
-Angle de la chaussée de Wavre et de la chaussée de Tervueren : à cet endroit, se dressait jadis une chapelle, Notre-Dame des Sables ou chapelle de la Sablonette, construite vers 1650 par les religieux du Rouge-Cloître sur des terrains qu’ils avaient reçus en dons. Elle fut démolie en 1830. Son existence est rappelée par une niche située dans la façade de l’immeuble actuel et abritant une statue de la Vierge, de style Louis XV, en porcelaine.
5.Les Bousineus, Achille et Pélagie.
C’est en 1977 que se constitua un groupe de danseurs-musiciens nommé les Bousineus. Ces derniers (dont le principal fondateur fut Paul Claeys) et « Les Bousineus-Danse » (dont Kathleen Peereboom fut toujours la responsable) rassemblaient des personnes qui dansaient et jouaient pour leur plaisir, tout en affichant une volonté de transmission qui ne fut…guère évidente à réaliser.
En 1977, les Bousineus se composaient d’un groupe de musique et d’un groupe de danse folklorique (créé en 1983), les danseurs, au nombre de 16, portant des costumes régionaux (19e s.). Doté d’un ensemble original d’instruments de différentes époques, ils jouaient des mélodies traditionnelles et des airs à danser de nos Pays-Bas méridionaux (et, accessoirement, d’autres pays d’Europe centrale et occidentale). Le groupe s’est longtemps concentré sur la démonstration (spectacles, festivals, cortèges de géants), et ce même si les musiciens poursuivaient parallèlement des activités autonomes (concerts, disques).
Le scoutisme jouera un grand rôle dans la création du groupe des Bousineus. Celle-ci fut favorisée par le scoutisme pluraliste et son groupe ucclois : Honneur. Ainsi, plusieurs traditions de divertissement pour les chefs scouts de divers groupes artistiques, dont un centre de danse, où Kathleen et Paul étaient inscrits comme jeunes chefs scouts. On y exécutait des danses de divers pays (Allemagne, Angleterre, Belgique, Israël…) pour le seul plaisir.
Le centre monta aussi de beaux spectacles de danse, au centre culturel d’Uccle, notamment en 1963 et 1965. Ultérieurement, sous le nom de H40 (« H » pour le groupe « Honneur » et 40 pour le 40e anniversaire du groupe) et avec l’appui, cette fois, des scouts catholiques, et en collaboration les associations Carmagnole et Farandole, un grand spectacle de danse sera monté au Théâtre National. Par la suite, le groupe visera à exécuter des danses plus compliquées d’Israël, de pays de l’ancienne Yougoslavie et de Hongrie.
Une scission intervint alors, marquée par le départ des bons danseurs, qui formèrent le groupe Hourvari, dans lequel Paul et Kathleen restèrent deux ou trois ans. En 1976, ils suivirent un stage de danses hongroises, suite à quoi ils furent invités à présenter des danses de nos régions, au festival international de Szeged (Hongrie), en 1977.
Mais le groupe Hourvari ne portait que peu d’intérêt aux danses de nos régions, jugées trop fades, il fallut donc les améliorer, notamment en concevant et en fabriquant deux géants : Achille et Pélagie (aucune filiation avec les géants des Meuniers d’Auderghem, Julien et Anne). Afin qu’ils puissent danser, ces géants ne pouvaient évidemment être trop lourds. On les fabriqua donc avec une armature en aluminium de sac à dos, avec du polystyrène et une carcasse en cercles d’osier suspendue aux épaules. Ainsi furent préservés la liberté des bras, ainsi que des mouvements au-dessus de la taille. Et c’est ainsi qu’Hourvari, en partie grâce à Achille et Pélagie, obtint un grand succès à Szeged !
Après le spectacle, c’est l’éclatement. Certains danseurs restent à Hourvari, mais Paul Claeys, qui a pris goût aux musiques et danses de nos régions, fondent alors les Bousineus, orchestre de musique folklorique de nos régions. La plupart des musiciens sont d’anciens danseurs. Ils animent des nombreuses festivités et célébrations. Des danseurs, dont Kathleen Peereboom, accompagnent bientôt l’orchestre avec les géants, à la rue Haute et à diverses autres occasions. C’est ainsi qu’en 1983, à l’occasion du festival de danse de Montignac, se formera le groupe « Les Bousineus – Danse ». Plusieurs spectacles de danse sont montés à Uccle et à Saint-Gilles. Le groupe se produit dans divers pays (France, Grèce, Suisse, Suède…) et sort même un 33 tours, en 1987. Les Bousineus, qui ne cessent de diversifier leurs activités, créent aussi un spectacle complet, dont le thème est une rivalité entre le musicien et le diable, pour conquérir une petite fille qui joue à la marelle ! Par ailleurs, Achille et Pélagie sont invités à la ronde des géants portés à Steenvoorde (France), qui regroupe une centaine de géants.
Passèrent les années. Vinrent l’âge, la fatigue, les problèmes physiques (quinze ans de danses hongroises, ça se paie !). Et la relève des danseurs ne fut pas assurée. Les Bousineus durent donc se réorienter, le groupe frôlant néanmoins l’extinction pure et simple, à la fin des années 1990. En 2004, il était précisé que le groupe s’était réorienté vers le bal et la transmission de connaissances (ateliers). A cette époque, le groupe musical des Bousineus était constitué de Paul Claeys (saxophone, clarinettes, flûte, accordéon diatonique ), Jacques Féron (clarinettes, percussions), Daniel Stévenne (accordéon chromatique), Dominique Harvengt (clarinette), Claudia Bindelli (violoncelle, percussions), Marie de Salle (violon).
Les Bousineus participation encore, avec enthousiasme, aux rencontres de Gennetines, avant de se retirer progressivement, sans héritier, mais avec le sentiment d’une vie de musique d’abord (l’activité première), mais aussi de danse (nullement reléguée au second plan) bien remplie et parfaitement accomplie. L’une des caractéristiques des Bousineus fut d’interpréter des thèmes musicaux de toutes les régions de Belgique et cela ne lui valut guère une grande popularité, les puristes de chaque région critiquant ce choix. Non-inscrits à la Sabam, notamment pour des raisons financières et de « marketing » (il faut savoir se vendre, dans le monde d’aujourd’hui !), les Bousineus n’ont jamais perçu de subsides.
Le 2 décembre 2007, à la ferme de Holleken (Linkebeek), les Bousineus célébrèrent leur 30e anniversaire…et la fin de leur groupe. Une page de de l’histoire locale d’Auderghem se tournait, sur une note toutefois particulièrement positive et réussie pour ces passionnés qui animèrent, trente années durant, les Bousineus et les Bousineus-Danse.
6.Le domaine de Val-Duchesse.
XIIIe s. :
Le prieuré de Val-Duchesse est les plus ancien établissement des dominicaines dans nos régions. Il fut fondé en 1262, dans une vaste clairière de la Forêt de Soignes, par la duchesse de Brabant, Aleyde de Bourgogne, veuve du duc Henri III. La duchesse décida d’appeler ce prieuré S’Hertoghinnedael, en latin Vallis Ducissae, et l’attribua aux nonnes de Saint-Dominique. Celles-ci étaient appelées les witte vrouwen (les « dames blanches »), car elles étaient habillées de blanc. Le couvent s’enrichit rapidement et en 1271, biens et immunités furent confirmés par une bulle du pape Grégoire X. Il obtint aussi le patronat des églises de Watermael, Ekeren, Orthen et Bois-le-Duc. Le couvent possédait, en outre, des biens répartis dans des dizaines de localités du duché de Brabant, dont deux moulins à Auderghem. En 1281, l’un d’eux, situé sur la Woluwe au sud du domaine, fut donné au couvent, par Jean Ier de Brabant.
XVe s. :
En 1496, la communauté de Val-Duchesse se composait de 40 religieuses professes, six converses, trois confesseurs, un clerc, un prévôt, de même que plusieurs ouvriers laïcs. Cette communauté religieuse contribua à l’essor du hameau d’Auderghem en s’adressant aux métiers présents dans la population : bouchers, boulangers, brasseurs, cochers, charretiers, jardiniers, vachers, bûcherons, ouvriers agricoles. Elle apporta aussi une aide importante aux pauvres, malades et vieillards.
XVIe s. :
La prospérité économique de Val-Duchesse se perpétua de manière presque continue jusqu’à la fin du règne de Charles-Quint. En 1562, durant les guerres de religions, le couvent fut pillé et le prieuré, partiellement incendié.
XVIIIe s. :
Durant la guerre de succession d’Espagne (1701-1714), à la fin du règne de Louis XIV, les armées occupantes forcèrent le couvent à de fortes contributions. La communauté ne retrouva une relative prospérité que sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780). Par contre, son fils Joseph II (1741-1790), fit promulguer, en 1783, un décret relatif à la suppression de 170 couvents considérés comme non-productifs. Celui de Val-Duchesse fut fermé mais non vendu. En 1790, suite à la mort de Joseph II et à la faveur de la révolution brabançonne, les religieuses réfugiées à Asse, revinrent à Val-Duchesse. Mais l’irruption des révolutionnaires français, elles furent à nouveau chassées, cette fois, définitivement.
XIXe s. – XXe s. :
Des religieuses tentèrent, sans succès, de racheter le domaine de Val-Duchesse qui devint successivement la propriété de plusieurs industriels. Le site fut aménagé en fonction des besoins de ceux-ci et de nombreux bâtiments disparurent. Subsistent aujourd’hui le château de style Louis XVI, qui constitue, en fait, l’ancien quartier prioral, transformé et restauré, durant les décennies qui suivirent : les jardins français, l’Orangerie ou Palais des orchidées avec ses serres, pièces d’eau, fontaines ; un jardin Renaissance ; un corps de logis, de même qu’un étang, de quelque cinq hectares, longé par la Woluwe. L’entrée principale de Val-Duchesse, se situe au n°259, boulevard du Souverain. Depuis 1956, Val-Duchesse est le siège de réunions politiques importantes, sur le plan international. Les fonctionnaires européens se sont d’ailleurs installés au n°103 de la rue du Vieux Moulin, près de Val-Duchesse. Leur club occupe le château dit de Sainte-Anne.
Eric TIMMERMANS.
Sources : Guide pratique du Folklore – Bruxelles et Brabant wallon, 1986, 3eédition, Service de Recherches Historiques et Folkloriques et des Relations culturelles et publiques, Province du Brabant / http://www.canardfolk.be/Historique/Details/Bousineus2007.htm /Auderghem - Guides des communes de la Région Bruxelloise, Guides CFC-Editions, 1998 / http://archives.lesoir.be/louis-schreyers-raconte-la-naissance-en-1949-d-un-group_t-199301