Il y a 101 ans, un dirigeable belge quittait le sol à Auderghem
Merci à Francis Geeraerts pour l'image
Il y a tout juste un siècle, le 28 juin 1909 à 17h45, un dirigeable baptisé «Belgique» s’élançait depuis un terrain situé en bas de ce qui allait devenir plus tard la Rue Vanden Thoren, à la limite d’Auderghem et de Watermael-Boitsfort. Des dizaines de milliers de spectateurs étaient là pour admirer la réalisation de l’ingénieur Robert Golschmidt et de l’industriel Ernest Solvay. Le long cigare prit de l’altitude et traversa le ciel bruxellois à la vitesse de 30 km/h en moyenne. Prenant cap au nord, le «Belgique» se dirigea vers le château royal de Laeken qu’il survola pendant trois heures en transportant un équipage de trois personnes. Aucun incident. Un triomphe. Le Roi Léopold II, qui vivait sa dernière année de règne, reçut le splendide aéronef en cadeau. Notre souverain qui ne voyait pas trop quel usage personnel il pourrait en faire le remit illico à l’armée belge.
Un bel exploit technique
Gonflé à l’hydrogène, « Belgique » jaugeait 2.700 mètres cubes, mesurait 54,8 mètes et comportait une nacelle de 14 mètres de long, laquelle se terminait par des hélices en bois mues par deux moteurs Vivinus de 50ch. L’année suivante, Robert Goldschmidt allait renouveler l’exploit avec un second engin, « Belgique II », dont le volume atteignit cette fois 4.000 mètres cubes. Le jour de son lancement, on frisa la catastrophe. Il faillit bien s’écraser à lors d’un atterrissage manqué à cause d’une fausse manœuvre. Mais il repartit dans les airs avant de pouvoir se poser sans dommage à Wezembeek.
Un inventeur-né
Robert Benedict Goldschmidt est né à Bruxelles en 1877. Docteur en science, Professeur agrégé de l’Université de Bruxelles, il a été un précurseur dans de nombreux domaines. C’était un génial touche à tout, un Tryphon Tournesol mais avec une allure fringante. Ainsi, il conçoit en 1904 une voiture, ‘’La Direct’’, sans changement de vitesse. Plus tard, il utilise des microfilms pour conserver le contenu de livres entiers dans un espace réduit, et crée pour cela la société anonyme ‘’La Photoscopie’’. En 1906, il met au point la ‘’Bibliophoto’’, sorte de bibliothèque portable de microfiches. Le précurseur de l’iPod en quelque sorte. En 1908, il publie des essais sur la photographie en couleurs 1908. On lui doit un sismographe séismographe à enregistrement électrique pour étudier la vitesse des fluides gazeux. Il fait des essais sur la galvanoplastie, puis construit un camion à vapeur. En 1908, il se livre aux premières expériences de radio en Belgique. On pourrait continuer la liste encore et encore. Capitaine d’artillerie en 14-18, il fut nommé Chef du service des inventions de l’armée belge.
Immortalisé par Léon Spilliaert
Robert-Bénédict Goldschmidt ne possédait pas moins de onze peintures de Léon Spilliaert. Il développa avec l’artiste une véritable amitié, ce qui fit l’adresser à lui pour une série d’esquisses du «Belgique II» et de son hangar à Auderghem. Réalisée à l’encre de chine, à l’aquarelle ou à a gouache, ces œuvres valent aujourd’hui des fortunes. Pour un dessin du hangar, sans le dirigeable, comptez au moins 250.000 euros …
Merci à Jef Slagmulder.