Impasse Saint-Eloi.
Impasse de la Moutarde
L'impasse de la Moutarde était située entre les n° 6 et 8 de la rue de Ruysbroeck. L'impasse comme la portion de la rue ont disparues.
Jean d'Osta décrit le lieu, page 123 de "LES RUES DISPARUES DE BRUXELLES
"Au bas de la rue de Ruysbroeck n° 8, un couloir étroit menait à une cour bordée de 4 maisons jouxtant le mur de la première enceinte (beau tronçon crénelé démoli subrepticement en 1954).
Cette impasse abritait 67 personnes en 1866. Elle n'existait plus en 1900
Photo n° 2
La place de la Justice et l'impasse de la Moutarde
Plan du quartier dans les années 1930
B = l'impasse de la Moutarde.
Léon Lepage
L'Athenée Léon LEPAGE
À l'occasion du centenaire de l’Athénée Léon Lepage, une soirée de retrouvailles aura lieu dans les salons du stade Roi Baudouin au Heysel (sous la tribune officielle).
Dès maintenant, nous vous invitons à bloquer dans votre agenda le samedi 21 avril 2012 à partir de 19 heures 30.
Un cocktail dînatoire (aux environs de 40 €) est prévu.
Pour parfaitement organiser l’évènement, il nous est indispensable de connaître le nombre de participants. Nous vous demandons donc de nous confirmer au + vite, et avant le 14 février 2012, votre présence à cette soirée par mail 100all@hotmail.be.
Extrait de "Bruxelles 1000 une Histoire Capitale" - volume 3 - Jacques Dubreucq
+-+-+
Pêle-mêle d'anciennes photographies d'école de la Ville,oû l'on retouve dans le désordre,l'école communale n°13,l'école moyenne B de la rue du Peuplier, l'école moyenne rue Léon Lepage et rue des Riches-Claires le jardin d'enfants de la rue du Char, l'école primaire n°6 du boulevard du Midi et l'école normale charles Buls du boulevard Maurice Lemonnier.
P.S :Il y a peu de chances que l'un d'entre vous se reconnaisse sur ces photos car....la plupart de ces photos ont été prises au début des années 1900!Ecrit par Jef Slagmulder.
Ci-dessus un ouvrage (parmi d'autres) de Georges Winterbeek, remarquez la signature en dessous du monument.
Monsieur G. Van Boxem
LES BRIGITTINES
1 LES BRIGITTINES
N° 1 Porte d'entrée, 2 Parloir, 3 l'église, 4 Corridor de communication, 5 Sacristie, 6 nouvelle entrée, 7 bâtiment de l'infirmerie, 8 escalier qui porte à l'étage, 9 cuisine de l'infirmerie, 10 logement du recteur, 11 nouveau mur de séparation, 12 bâtiments du quartier des sœurs, 13 parloir des sœurs, 14 grand escalier du dortoir, 15 cuisine, 16 réfectoire, 17 lieu construit pour l'hôpital, 18 salle de récréation, 19 cour, 20 jardin, 21 réservoir des fontaines qui fourni l'eau à ? Maisons particulières.
En 1621, les magistrats ayant autorisés les Brigittines à s'établir à Bruxelles, ces religieuses achetèrent une maison située au coin d'une rue sans nom et de la rue d'Argent, aujourd'hui (1857) rue des Visitandines, et y bâtirent un couvent. En 1624, l'infante Isabelle posa la première pierre de la chapelle qu'elle projetait d'élever dans la rue Haute; elles changèrent d'avis, et ce ne fut qu'en 1662
qu'elles firent commencer une église dont on voit encore aujourd'hui le bâtiment.
En 1794 on établit dans l'église un chauffoir public avec lits pour les indigents ; ce chauffoir fut remplacé par une école pour les enfants des bourgeois aisés, On vendit l'église et le couvent comme bien national, et l'acquéreur en fit des magasins de bière et de bois, Restauré en 1839 l'édifice sert aujourd'hui (1857) de boucherie au rez-de-chaussée, tandis qu'au premier il y a une salle de bal, fréquenté principalement par les dentellières et les nombreux ouvriers de fabrique de ce quartier. C'est le cas de s'écrier avec Virgile :
QUANTUM MUTATUS AB ILLO !
La rue des Brigittines avait reçu, lors de l'occupation des républicain français, le nom de rue du Dix-Août. Elle a repris son nom primitif, à la grande satisfaction des habitants, qui n'avaient pas oublié les services rendus à Bruxelles par les pieuses Brigittines. (Eug. BOCHART)
Jacques Dubrucq, écrit en 1997, " Transfert de la boucherie venue du Grand Sablon en 1839. Et l'on installa ainsi la boucherie aux Brigittines le 22 mai 1839, jour choisi pour être en outre celui de l'ouverture de la petite foire annuelle".
Il écrit encore "
Quelques fignolages et astiquage ultimes, et tout fut prêt début juin « sous les plus favorables auspices – tous les bancs, au nombre de cinquante, sont loués, c'est une heureuse spéculation qu'à faite Monsieur Deneubourg, (que nous retrouveront rue des Visitandines). L'église était vaste, la Boucherie n'en occupait que le rez-de-chaussée. Elle y resta très longtemps, ses derniers étals ne disparaissant qu'en 1920 environ. Mais il y avait aussi l'étage, que le malin propriétaire Deneubourg, loua urbi et ordi pour tous les bals bourgeois, fêtes, concerts qu'on souhaitait y organiser.
Mais la vogue bourgeoise ne dura guère. Le populaire, lui, ne se fit pas prier, et bientôt la salle de bal des Brigittines fut fréquentée par les ouvriers du quartier. En en 1850, on restaura la façade de la vieille église. 1853 Les frères mineures capucins s'y installeront peut être dans un an ? C'est vrai que les Capucins, installés comme il se devait dans la rue des Capucins, devaient trouver à se reloger, depuis qu'on leur avait signifié leur avis d'expropriation, en vue du percement de la rue Blaes. Finalement ils laissèrent là les Brigittines, pour aller s'installer en bordure de la future place du Jeu de Balle.
Photo 3
Les Brigittines le 28 octobre 2013 - merci à francine Köhne pour la photo.
Le n° 61 les Visitandines.
Le n° 8 l'église de la Chapelle.
Le n° 10 le Sablon.
Le n° 75 Hôpital Saint Guislain.
Le n° 46 les Capucins.
La Spigel straet = rue du Miroir.
Impasse des Abeilles
Impasse des Abeilles.
L'impasse des Abeilles s'ouvrait entre les maisons portant les numéros 10 et 12 de la rue des Poitiers.
Avant la guerre de 40, le photographe a pointé, son objectif en direction de la rue d’Anderlecht.
Il c’est placé, rue de la Verdure, la place Anneessens à sa droite et à sa gauche la rue du Vautour.
Les drapeaux et lampions sont de sortie, j’en déduis que nous sommes en période de Kermesse de Notre Dame au Rouge.
En rentrant dans la rue des Potiers, on aperçoit à droite l’entrée de l’impasse des Abeilles où est placée la charrette et où l’on voit, la "coume" d’escargots et le "selder".
Serait-ce, la "ker" de Swa Caricoles ? C’est fort possible, car après la guerre Swa Caricoles habitait toujours la rue, mais du côté impair.
Une vue de l’impasse avec quelques habitants.
Cette fois les habitants se sont placés dans la cour.
C’est la kermesse, et on peut voir sur la table des boudins noirs et blancs.
Il est plus que probable que le papa de Serge se trouve dans cette foule.
Impasse du Jasmin
Impasse du Jasmin.
Photo n° 1
L'impasse était située sur le côté droit de la rue de l'Abattoir.
Dans le fond de l'image on aperçoit, le bâtiment des Arts & Métiers.
Photo n° 2
Extraite du tome III - de l'enquête de 1935 Ville de Bruxelles.
Texte de Jean d'Osta.
Photo n° 3
Extraite du tome III - de l'enquête de 1935 Ville de Bruxelles.
Photo n° 3
Extraite du tome III - de l'enquête de 1935 Ville de Bruxelles.
Plan parcellaire de la ville de Bruxelles - 3me section - 1866
Par P.C. POPP
Procession
De temps immémorial il y avait eu à Bruxelles deux paroisses, celles de Saint-Michel et de Saint-Jean-à-Molenbeek, se partageant le territoire échevinal aux deux côté de la Senne.
Chacune de ses églises avait sa procession ou cavalcade, à laquelle assistaient le magistrat et les métiers.
La procession de Saint-Michel conserva longtemps sa splendeur, et nous aurons plus d’une fois occasion d’en parler ; mais celle de Saint-Jean perdit son éclat vers le XVIe siècle.
Une coutume bizarre distinguait cette dernière. Les malades de l’hôpital Saint-Jean l’accompagnaient, précédés de musiciens et pendant l’octave, parcouraient les rues en demandant l’aumône.
On comprit enfin ce que ce spectacle avait de rebutant, et cette coutume fut abolie (3).
Ces deux processions furent complétement éclipsées par celle de la nouvelle chapelle du sablon.
(3) Ordonne du magistrat du 19 juin 1527. Archive de la Ville.
En 1425, le chapitre de Sainte-Gudule avait défendu aux vieillards et aux infirmes d’accompagner les processions de cette église. Archives de Sainte-Gudule.
HISTOIRE DE LA VILLE DE BRUXELLES
par ALEXANDRE HENNE ET ALPHONE WAUTER, TOME I, page 104
Archiviste de la ville de Bruxelles.
L'octave de Pâques désigne, dans le calendrier liturgique latin, les huit jours qui suivent la fête pascale, du dimanche de Pâques au dimanche de Quasimodo, ou dimanche in albis, qui est devenu depuis l'an 2000 le dimanche de la divine Miséricorde. D'autres fêtes religieuses de la religion catholique romaine sont aussi suivies d'une octave, destinée à les solenniser. Source Wikipédia.
- L'hôpital Saint-Jean, était situé + ou - sur le site de l'actuel Place Saint-Jean.
Auderghem
SI AUDERGHEM M’ETAIT CONTE…
1.Origines et brève histoire chronologique d’Auderghem.
1.1.Les origines d’Auderghem.
A l’origine, Auderghem s’est développé dans la vallée de la Woluwe, alimentée par deux affluents : le Watermaelbeek (ouest, prend sa source à Watermael) et le Roodclosterbeek (est, prend sa source à Tervueren). Ces deux affluents se jettent dans la Woluwe (partiellement souterraine aujourd’hui), rue Jacques Bassem, à hauteur du parc du Bergoje. Le bassin de la Woluwe est vraisemblablement occupé depuis le Néolithique moyen (civilisation du Michelsberg : -3000 / -2200). A l’époque romaine (-58 à +476), le territoire d’Auderghem fait partie intégrante de la forêt « charbonnière » qui couvre le territoire de l’actuelle Belgique, du nord au sud.
1.2.Epoque franque (476 – 987).
Les Francs Saliens s’installent dans la vallée de la Woluwe au 5e siècle. Ils créent des domaines agricoles dans les clairières ou dans les zones déboisées et défrichées par leurs soins. De ces domaines naîtront divers hameaux, dont Auderghem (dont le nom apparaît dans la moitié du 13e s.), qui est alors la plus isolée des « localités » imbriquées dans la forêt. Il s’agit d’un conglomérat de quelques exploitations agricoles indépendantes, reliées entre elles par des chemins de terre. Auderghem est un hameau qui dépend de Watermael, sur les plans civil et religieux.
1.3.Epoque médiévale (11e– 13e s.).
Vers l’an Mil, la chapelle Sainte-Anne fut construite sur l’emplacement d’un oratoire en bois. Un siècle plus tard, une tour lui est adjointe. Le nom d’Auderghem, sous sa forme d’origine d’Oudrenghem, est attesté pour la première fois dans un acte, en 1253. Le nom vient de Ouder (vieux) et hem ou ghem, dérivé du vieil allemand haim (maison). Il pourrait remonter à l’époque franque et serait dès lors issu de Aldaharinga haim (Maison d’Alaric). Oudrenghem est cité une seconde fois dans un acte abbatial, en 1257. On répertorie à cette époque, une vingtaine de maisons, entourant trois ou quatre métairies. En 1262, le prieuré de Val-Duchesse est fondé.
1.4.Bourgogne et Habsbourg (1363 – 1794).
En 1368, le prieuré du Rouge-Cloître est fondé. En 1435, on compte 174 foyers pour Watermael, Boitsfort et Auderghem et 180, en 1536. On compte alors à Auderghem quatre moulins à eau, dont trois sur la Woluwe, et deux sur le Roodekloosterbeek. En 1726, passage de la chaussée de Wavre. En1749, pavage de la chaussée de Tervueren.
1.5.Le 19esiècle.
En 1830, Auderghem compte 500 habitants. En 1843, construction de l’église Sainte-Anne. En 1844, Auderghem est reliée à Boitsfort par une chaussée pavée. Le 1er janvier 1863, Auderghem, qui s’étend sur 903 ha et compte 1600 habitants, obtient son indépendance communale ; lancement d’un vaste programme de travaux publics. En 1886, 66 Auderghemois sont emportés par une épidémie de choléra. En 1881, la commune compte 2487 habitants (dont seulement 229 électeurs). En 1888, installation de l’éclairage public.
1.6.Le 20e siècle.
En 1904, installation de la distribution d’eau à Auderghem. En 1906, construction de l’église Saint-Julien. En 1914, Auderghem compte 8000 habitants ; 49 Auderghemois seront tués au cours de la première guerre mondiale (Monument au Morts, rond-point du boulevard du Souverain). En 1923, Auderghem compte 9850 habitants et, en 1940, 18.279 habitants. Durant la deuxième guerre mondiale, 53 Auderghemois perdent la vie. En 1959, construction de l’église de Blankedelle. En 1956, désaffectation des lits de la Woluwe et du Watermaelbeek ; voûtement à proximité du boulevard du Souverain. En 1963-1965, construction de l’actuelle église Saint-Julien. En 1970, inauguration d’une nouvelle Maison communale. En 1976, prolongation du métro jusqu’à la station Hermann-Debroux. En 1977, inauguration du Centre d’art du Rouge-Cloître. En 1983, création d’un musée de la forêt au Centre d’information de la forêt de Soignes au Rouge-Cloître. En 1990, aménagement d’un espace vert au Bergoje. En 1997, opération « Bruxelles, ma découverte : Auderghem ». Environ 25.000 personnes visitent le site de Val-Duchesse.
2.Les Meuniers d’Auderghem.
C’est en 1949 qu’un groupe folklorique auderghemois, « Les Meuniers d’Auderghem » (ou « Boerkens van Ouderghem »), voit le jour dans le quartier populeux de la commune, concentré autour de la rue du Vieux Moulin, derrière la maison communale actuelle. A cette époque, les gens venaient au moulin à eau qui se trouvait à cet endroit, au bord de la Woluwe. Le fondateur de ce groupe portait le nom de Désiré Jacquemyns. Un groupe de danse d’une centaine de personnes se constitua autour d’un accordéoniste.
Les hommes étaient habillés en meuniers, avec un chemisier blanc et un foulard rouge, retenu par une boîte d’allumettes. Les femmes portaient une jupe rouge avec une ruban blanc dans le bas et un foulard vert avec des « floches ». Et ils portaient des sabots argentés…bien peu pratiques pour la danse ! Les Meuniers d’Auderghem ont toutefois remporté nombre de concours folkloriques, et participaient régulièrement aux jubilés et aux mariages. Ils se sont même produits en France, à Cambrai.
Dans leurs déplacements, des étendards et des géants les suivaient. Les deux géants furent baptisés en 1949, du nom des deux paroisses d’Auderghem, Julien et Anne. Le bourgmestre Lebon donna lecture de leur acte de naissance, avant qu’ils ne furent bénis à l’église Sainte-Anne. Les « Meuniers d’Auderghem » assurèrent le parrainage.
Survint un jour la modernité avec son cortège de pollution et de bruit automobiles, radiophoniques et télévisés et, en 1956, les Meuniers d’Auderghem disparurent. Quant à Julien et Anne, ils tombèrent dans les oubliettes de l’histoire locale. De ce temps, il ne reste plus aujourd’hui que quelques photos jaunies, comme le dit un jour au journal Le Soir, Jeanne, l’épouse de Désiré Jacquemyns.
3.Les églises Sainte-Anne et Saint-Julien.
3.1.De la chapelle à l’église Sainte-Anne.
La chapelle Sainte-Anne, dressée sur un promontoire, surplombe le domaine de Val-Duchesse. Antérieure au couvent tout proche, elle a été bâtie au 11e s., dans le style roman, avec caractères issus du type rhénan. Elle a vraisemblablement été précédée par un édifice en bois. Très rapidement, la chapelle devint un lieu d’un important pèlerinage : on venait y prier la Vierge et sa mère, sainte Anne, afin de solliciter diverses guérisons ; c’était, en particulier, le cas des femmes frappées de stérilité. On accédait à la chapelle Sainte-Anne, par une rampe pavée –le Kapelleweg-, de même que par un escalier de pierre construit en 1667, mais qui fut en partie démoli, au début du 20e siècle.
C’est en 1307 que le duc de Brabant Jean II, donna la chapelle Sainte-Anne au couvent des dominicaines de Val-Duchesse, qui dirigeaient déjà, à l’époque, le couvent Saint-Clément de Watermael. A la fin du 16e s., les bâtiments de Val-Duchesse vont souffrir d’un incendie qui endommagea aussi légèrement la chapelle Sainte-Anne. Celle-ci tendit à prendre, dès lors, un aspect plus gothique, notamment pour ce qui est de la tour et des vitraux.
Tout au long de son histoire, la chapelle Sainte-Anne joua un rôle central dans le développement d’Auderghem, la communauté paroissiale s’organisant autour d’elle. Survint la Révolution française, et en 1812, sous le Premier Empire, Sainte-Anne fut vendue à un particulier nommé Jean Puraye. Il fallut attendre 1825 (régime hollandais) et la double intervention d’une ancienne dominicaine de Val-Duchesse, Caroline Mac Mahon, et du bourgmestre de Watermael-Boitsfort, Van Campenhout, pour la voir rouvrir au culte. La mayeur de Watermael-Boitsfort avait fait l’acquisition de l’église à ses frais, après l’avoir fait restaurer.
Jugée trop petite, la chapelle Sainte-Anne fut à nouveau fermée au culte en 1843. Et on la remplaça par un nouvel édifice : l’église Sainte-Anne, construite sur l’avenue de Tervuren (Sainte-Anne, qui dépendait jusque-là de Saint-Clément, à Watermael, devint alors une paroisse autonome). Quant à la chapelle d’origine, elle fut désaffectée en 1854, et transformée en métairie. Elle changea ensuite plusieurs fois de propriétaire, avant d’être rachetée, en 1902, par un certain Charles Madoux, qui la restaurât. En 1908, l’épouse de ce dernier la revendit au propriétaire du domaine de Val-Duchesse, le baron Charles-Dietrich. Celui-ci la restaurât également, en 1916-1917, sous la direction du chanoine Lemaire qui en réimagina notamment la décoration intérieure. La chapelle ainsi restaurée fut consacrée le 1er juin 1917. En 1983, l’archiduchesse Marie-Christine de Habsbourg y fut baptisée, en présence de l’impératrice d’Autriche Zita.
L’élément le plus remarquable de la chapelle Sainte-Anne (domaine de Val-Duchesse), lieu de culte de l’ancien village, est la tour du 12e siècle, dotée de trois étages, avec fenêtres, meurtrières, baies cintrées et contreforts aux angles.
Quant à l’église Sainte-Anne, de style néo-classique et édifiée en 1843, elle se dresse toujours au n°89 de l’avenue de Tervuren(emplacement du Schietheideveld), c’est-à-dire à l’est du centre de l’ancien village. Pendant plus de soixante ans, elle demeura la seule église d’Auderghem, celle de Saint-Julien (la première) étant construite en 1906 et celle de Notre-Dame de Blankedelle (rue des Héros n°34), à la fin des années 1960. Le cimetière paroissiale cerna l’église Sainte-Anne jusqu’en 1920, époque de sa désaffectation.
Parmi son patrimoine artistique (qui provient de la chapelle Sainte-Anne), on compte la statue de Sainte-Anne –elle porte la Vierge et l’Enfant- en bois polychromé du XVIe s.
3.2.L’église Saint-Julien.
Si vous parcourez l’avenue Gabriel-Emile Lebon, peut-être n’y décèlerez-vous pas immédiatement la présence d’une église, et pourtant… La chose massive et bétonnée qui s’y trouve, et n’est pas sans rappeler un élément du Mur de l’Atlantique, est bien l’actuelle église Saint-Julien, bâtie en 1965 ! Mais une autre église Saint-Julien exista à Auderghem. Nous allons en dresser le bref historique.
En 1889, un négociant athois du nom de Nestor Plissart, acquit de vastes terrains autrefois occupés par des briquetiers, aux alentours du carrefour formé par la chaussée de Wavre et la rue Valduc. En 1906, la famille Plissart céda à très bas prix un terrain qui servit à la construction de la première église Saint-Julien (n°10 de l’avenue de l’Eglise Saint-Julien, qui relie le boulevard des Invalides à la chaussée de Wavre). C’est autour de cette église que se forma le quartier Saint-Julien. Et, tout naturellement, la population donna à la rue où se situe l’église, le nom de « rue Saint-Julien ». Mais une autre rue portant ce nom en région bruxelloise (à Molenbeek-Saint-Jean), on la rebaptisa, en 1917, « rue des Aquarellistes ». Et ce n’est qu’en 1932 qu’elle prit son nom actuel.
Mais pourquoi Saint-Julien ? Selon les uns, l’église aurait été dédiée à l’évêque espagnol, saint Julien de Cuenca. Selon les autres, le choix du sieur Plissart en faveur de saint Julien pourrait provenir de ses origines athoises, et du fait que l’église d’Ath est dédiée à saint Julien (de Brioude).
3.3.Le bois de Melsdael.
A l’époque médiévale, plusieurs léproseries existaient dans les alentours de Bruxelles (Pentagone). Au sud de l’actuel square De Greef, se concentrait une population pauvre ou malade. Une léproserie y avait vraisemblablement été installée, à moins qu’elle eut été située de l’autre côté de la chaussée de Wavre, dans le bois de Melsdael.
4.Le Vieil Auderghem.
4.1.Le Village d’Auderghem défiguré…
Le Vieil Auderghem correspond à ce qu’on appelait autrefois le « village ». Il s’agit du centre de la commune, là où se croisent la chaussée de Wavre et le boulevard du Souverain, deux monstrueuses artères qui ont à jamais défiguré le cœur de la commune, tout en la divisant en deux parties.
4.2.De la place de la Gare à la place Félix Govaert.
Cette place changea plusieurs fois de noms, notamment en raison des doublons existant en région bruxelloise : Félix Govaert (1916/1917-1925), Jules Génicot (1925-1945), Félix Govaert (depuis le 1er août 1945). Mais auparavant, cette place porta le nom de place de la Gare ou place de la Station, et ce de 1882 à 1916. De fait, la station ferroviaire d’Auderghem se situait à cet endroit, sur la ligne Bruxelles-Tervueren. La gare a brûlé en 1972.
4.3.La maison « Mauresque ».
Des anciens bâtiments qui bordaient jadis la ligne de chemin de fer, il ne subsiste plus aujourd’hui qu’une ancienne école, le pensionnat d’Hauwer, situé au n°18 de la place Félix Govaert. L’édifice étant du plus pur style art nouveau, d’inspiration mauresque -façade couverte de crépi couleur sable, avec fenêtres et balcons -, on la surnomme la maison « Mauresque ». La maison « Mauresque » (ou du moins sa façade), a été classée le 28 mai 1998.
4.4.Les rues du Vieil Auderghem.
-Rue de la Sablière (n°2 : Lutgardiscollege pour garçons, construit en 1912 ; chapelle gothique).
-Rue Idiers (du nom d’un échevin -1866-1872- qui posséda une teinturerie à cet endroit).
-Rue du Verger.
-Rue du Villageois.
-Montagne de Sable (en escaliers).
-Rue de la Pente (venelle très étroite et en pavés).
-Avenue de Waha (du nom du second bourgmestre d’Auderghem : 1873-1884).
-Rue du Vieux Moulin (pavée en 1844, le nom de cette rue rappelle qu’un moulin à eau y fonctionna sur la Woluwe jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale ; propriété des religieuses de Val-Duchesse pendant cinq siècles, soit de 1280 à 1780, ce moulin vit ses ultimes vestiges anéantit, en vue d’y construire un immeuble à appartement).
4.5.Angles de rues du Vieil Auderghem.
-Angle de la chaussée de Wavre et du boulevard du souverain : un immeuble occupe l’emplacement de l’ancienne maison communale d’Auderghem.
-Angle de la chaussée de Wavre et de la rue Jacques Bassem : place communale, bâtie en 1989. Derrière cette place, une petite colline forme le clos du Bergoje, autrefois nommée Loozenberg. Les habitants la rebaptisèrent « Bergoje », en dialecte, « petites maisons sur la colline ». Le Bergoje s’est aujourd’hui étendu, et un ensemble d’habitations privées uniformes , construites dans l’espace situé entre le vieux clos et le parc du Bergoje.
-Angle de la chaussée de Wavre et de la chaussée de Tervueren : à cet endroit, se dressait jadis une chapelle, Notre-Dame des Sables ou chapelle de la Sablonette, construite vers 1650 par les religieux du Rouge-Cloître sur des terrains qu’ils avaient reçus en dons. Elle fut démolie en 1830. Son existence est rappelée par une niche située dans la façade de l’immeuble actuel et abritant une statue de la Vierge, de style Louis XV, en porcelaine.
5.Les Bousineus, Achille et Pélagie.
C’est en 1977 que se constitua un groupe de danseurs-musiciens nommé les Bousineus. Ces derniers (dont le principal fondateur fut Paul Claeys) et « Les Bousineus-Danse » (dont Kathleen Peereboom fut toujours la responsable) rassemblaient des personnes qui dansaient et jouaient pour leur plaisir, tout en affichant une volonté de transmission qui ne fut…guère évidente à réaliser.
En 1977, les Bousineus se composaient d’un groupe de musique et d’un groupe de danse folklorique (créé en 1983), les danseurs, au nombre de 16, portant des costumes régionaux (19e s.). Doté d’un ensemble original d’instruments de différentes époques, ils jouaient des mélodies traditionnelles et des airs à danser de nos Pays-Bas méridionaux (et, accessoirement, d’autres pays d’Europe centrale et occidentale). Le groupe s’est longtemps concentré sur la démonstration (spectacles, festivals, cortèges de géants), et ce même si les musiciens poursuivaient parallèlement des activités autonomes (concerts, disques).
Le scoutisme jouera un grand rôle dans la création du groupe des Bousineus. Celle-ci fut favorisée par le scoutisme pluraliste et son groupe ucclois : Honneur. Ainsi, plusieurs traditions de divertissement pour les chefs scouts de divers groupes artistiques, dont un centre de danse, où Kathleen et Paul étaient inscrits comme jeunes chefs scouts. On y exécutait des danses de divers pays (Allemagne, Angleterre, Belgique, Israël…) pour le seul plaisir.
Le centre monta aussi de beaux spectacles de danse, au centre culturel d’Uccle, notamment en 1963 et 1965. Ultérieurement, sous le nom de H40 (« H » pour le groupe « Honneur » et 40 pour le 40e anniversaire du groupe) et avec l’appui, cette fois, des scouts catholiques, et en collaboration les associations Carmagnole et Farandole, un grand spectacle de danse sera monté au Théâtre National. Par la suite, le groupe visera à exécuter des danses plus compliquées d’Israël, de pays de l’ancienne Yougoslavie et de Hongrie.
Une scission intervint alors, marquée par le départ des bons danseurs, qui formèrent le groupe Hourvari, dans lequel Paul et Kathleen restèrent deux ou trois ans. En 1976, ils suivirent un stage de danses hongroises, suite à quoi ils furent invités à présenter des danses de nos régions, au festival international de Szeged (Hongrie), en 1977.
Mais le groupe Hourvari ne portait que peu d’intérêt aux danses de nos régions, jugées trop fades, il fallut donc les améliorer, notamment en concevant et en fabriquant deux géants : Achille et Pélagie (aucune filiation avec les géants des Meuniers d’Auderghem, Julien et Anne). Afin qu’ils puissent danser, ces géants ne pouvaient évidemment être trop lourds. On les fabriqua donc avec une armature en aluminium de sac à dos, avec du polystyrène et une carcasse en cercles d’osier suspendue aux épaules. Ainsi furent préservés la liberté des bras, ainsi que des mouvements au-dessus de la taille. Et c’est ainsi qu’Hourvari, en partie grâce à Achille et Pélagie, obtint un grand succès à Szeged !
Après le spectacle, c’est l’éclatement. Certains danseurs restent à Hourvari, mais Paul Claeys, qui a pris goût aux musiques et danses de nos régions, fondent alors les Bousineus, orchestre de musique folklorique de nos régions. La plupart des musiciens sont d’anciens danseurs. Ils animent des nombreuses festivités et célébrations. Des danseurs, dont Kathleen Peereboom, accompagnent bientôt l’orchestre avec les géants, à la rue Haute et à diverses autres occasions. C’est ainsi qu’en 1983, à l’occasion du festival de danse de Montignac, se formera le groupe « Les Bousineus – Danse ». Plusieurs spectacles de danse sont montés à Uccle et à Saint-Gilles. Le groupe se produit dans divers pays (France, Grèce, Suisse, Suède…) et sort même un 33 tours, en 1987. Les Bousineus, qui ne cessent de diversifier leurs activités, créent aussi un spectacle complet, dont le thème est une rivalité entre le musicien et le diable, pour conquérir une petite fille qui joue à la marelle ! Par ailleurs, Achille et Pélagie sont invités à la ronde des géants portés à Steenvoorde (France), qui regroupe une centaine de géants.
Passèrent les années. Vinrent l’âge, la fatigue, les problèmes physiques (quinze ans de danses hongroises, ça se paie !). Et la relève des danseurs ne fut pas assurée. Les Bousineus durent donc se réorienter, le groupe frôlant néanmoins l’extinction pure et simple, à la fin des années 1990. En 2004, il était précisé que le groupe s’était réorienté vers le bal et la transmission de connaissances (ateliers). A cette époque, le groupe musical des Bousineus était constitué de Paul Claeys (saxophone, clarinettes, flûte, accordéon diatonique ), Jacques Féron (clarinettes, percussions), Daniel Stévenne (accordéon chromatique), Dominique Harvengt (clarinette), Claudia Bindelli (violoncelle, percussions), Marie de Salle (violon).
Les Bousineus participation encore, avec enthousiasme, aux rencontres de Gennetines, avant de se retirer progressivement, sans héritier, mais avec le sentiment d’une vie de musique d’abord (l’activité première), mais aussi de danse (nullement reléguée au second plan) bien remplie et parfaitement accomplie. L’une des caractéristiques des Bousineus fut d’interpréter des thèmes musicaux de toutes les régions de Belgique et cela ne lui valut guère une grande popularité, les puristes de chaque région critiquant ce choix. Non-inscrits à la Sabam, notamment pour des raisons financières et de « marketing » (il faut savoir se vendre, dans le monde d’aujourd’hui !), les Bousineus n’ont jamais perçu de subsides.
Le 2 décembre 2007, à la ferme de Holleken (Linkebeek), les Bousineus célébrèrent leur 30e anniversaire…et la fin de leur groupe. Une page de de l’histoire locale d’Auderghem se tournait, sur une note toutefois particulièrement positive et réussie pour ces passionnés qui animèrent, trente années durant, les Bousineus et les Bousineus-Danse.
6.Le domaine de Val-Duchesse.
XIIIe s. :
Le prieuré de Val-Duchesse est les plus ancien établissement des dominicaines dans nos régions. Il fut fondé en 1262, dans une vaste clairière de la Forêt de Soignes, par la duchesse de Brabant, Aleyde de Bourgogne, veuve du duc Henri III. La duchesse décida d’appeler ce prieuré S’Hertoghinnedael, en latin Vallis Ducissae, et l’attribua aux nonnes de Saint-Dominique. Celles-ci étaient appelées les witte vrouwen (les « dames blanches »), car elles étaient habillées de blanc. Le couvent s’enrichit rapidement et en 1271, biens et immunités furent confirmés par une bulle du pape Grégoire X. Il obtint aussi le patronat des églises de Watermael, Ekeren, Orthen et Bois-le-Duc. Le couvent possédait, en outre, des biens répartis dans des dizaines de localités du duché de Brabant, dont deux moulins à Auderghem. En 1281, l’un d’eux, situé sur la Woluwe au sud du domaine, fut donné au couvent, par Jean Ier de Brabant.
XVe s. :
En 1496, la communauté de Val-Duchesse se composait de 40 religieuses professes, six converses, trois confesseurs, un clerc, un prévôt, de même que plusieurs ouvriers laïcs. Cette communauté religieuse contribua à l’essor du hameau d’Auderghem en s’adressant aux métiers présents dans la population : bouchers, boulangers, brasseurs, cochers, charretiers, jardiniers, vachers, bûcherons, ouvriers agricoles. Elle apporta aussi une aide importante aux pauvres, malades et vieillards.
XVIe s. :
La prospérité économique de Val-Duchesse se perpétua de manière presque continue jusqu’à la fin du règne de Charles-Quint. En 1562, durant les guerres de religions, le couvent fut pillé et le prieuré, partiellement incendié.
XVIIIe s. :
Durant la guerre de succession d’Espagne (1701-1714), à la fin du règne de Louis XIV, les armées occupantes forcèrent le couvent à de fortes contributions. La communauté ne retrouva une relative prospérité que sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780). Par contre, son fils Joseph II (1741-1790), fit promulguer, en 1783, un décret relatif à la suppression de 170 couvents considérés comme non-productifs. Celui de Val-Duchesse fut fermé mais non vendu. En 1790, suite à la mort de Joseph II et à la faveur de la révolution brabançonne, les religieuses réfugiées à Asse, revinrent à Val-Duchesse. Mais l’irruption des révolutionnaires français, elles furent à nouveau chassées, cette fois, définitivement.
XIXe s. – XXe s. :
Des religieuses tentèrent, sans succès, de racheter le domaine de Val-Duchesse qui devint successivement la propriété de plusieurs industriels. Le site fut aménagé en fonction des besoins de ceux-ci et de nombreux bâtiments disparurent. Subsistent aujourd’hui le château de style Louis XVI, qui constitue, en fait, l’ancien quartier prioral, transformé et restauré, durant les décennies qui suivirent : les jardins français, l’Orangerie ou Palais des orchidées avec ses serres, pièces d’eau, fontaines ; un jardin Renaissance ; un corps de logis, de même qu’un étang, de quelque cinq hectares, longé par la Woluwe. L’entrée principale de Val-Duchesse, se situe au n°259, boulevard du Souverain. Depuis 1956, Val-Duchesse est le siège de réunions politiques importantes, sur le plan international. Les fonctionnaires européens se sont d’ailleurs installés au n°103 de la rue du Vieux Moulin, près de Val-Duchesse. Leur club occupe le château dit de Sainte-Anne.
Eric TIMMERMANS.
Sources : Guide pratique du Folklore – Bruxelles et Brabant wallon, 1986, 3eédition, Service de Recherches Historiques et Folkloriques et des Relations culturelles et publiques, Province du Brabant / http://www.canardfolk.be/Historique/Details/Bousineus2007.htm /Auderghem - Guides des communes de la Région Bruxelloise, Guides CFC-Editions, 1998 / http://archives.lesoir.be/louis-schreyers-raconte-la-naissance-en-1949-d-un-group_t-199301
Le Lundi perdu
Rue de la Caserne
La rue du Tabora.
LA RUE DE TABORA.
1.Tabora, une ville de l’ancienne Afrique orientale allemande (Tanzanie).
La plupart des artères bruxelloises que l’on trouve entre la Grand Place et la place de la Monnaie, évoquent le monde du commerce : la rue Marché-aux-Poulets, la rue Marché-aux-Herbes, la rue au Beurre, la rue des Fripiers, etc. Et cela rend pour le moins étrange la présence, en ces lieux, d’une « rue de Tabora » située sur l’itinéraire traditionnelle du cortège du Meyboom ( http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/archive/2013/09/16/le-meyboom-7926879.html ) et dont les origines du nom m’apparurent longtemps mystérieuses. Pourquoi avait-on baptisé de ce nom, cette rue qui, longeant l’une des faces de l’église Saint-Nicolas, s’étend du commencement de la rue au Beurre à la rue Marché-aux-Herbes ? Et que pouvait-il bien signifier ? Désignait-il un objet religieux ou un instrument quelconque ? Cette rue avait-elle toujours porté ce nom ? De fait, au cœur du Vieux Bruxelles, où les rues et la Grand Place voisine rappellent le passé le plus ancien de la ville, le nom de Tabora apparaît comme une étrangeté et bien peu nombreux sont les gens qui, aujourd’hui, pourraient encore dire à quoi ce nom se rapporte. Je fus longtemps de ceux-là. Mais un jour, en discutant autour d’une pinte de bière artisanale au « Schieven Architek », un estaminet de la place du Jeu de Balle, j’en vins à entretenir mon vieil ami, Jean-Louis Vanderpoorte, de l’église Saint-Nicolas, sis rue de Tabora. Il me demanda soudain si je connaissais l’origine du nom de Tabora et je me vis dans l’obligation d’avouer ma honteuse ignorance. Tabora, me dit-il doctement et avec justesse, rappelle le nom d’une ville africaine prise aux Allemands par les troupes coloniales belges au cours de la première guerre mondiale. De fait, Tabora était alors une des deux principales villes de l’Afrique allemande et, aujourd’hui encore, ce nom désigne une vaste région de la Tanzanie. Et ceci nous permet, en outre, d’établir une relation avec le centenaire de la première guerre mondiale.
2.Contexte géopolitique en Afrique orientale durant la première guerre mondiale.
L’aventure de l’Afrique orientale allemande commence le 3 mars 1885, lorsqu’un certain Carl Peters, fondateur de la Société pour la colonisation allemande, reçut une autorisation impériale afin d’établir un protectorat en Afrique de l’est. Ses frontières, fixées en 1910, englobait les territoires actuels de la Tanzanie (à l’exception de l’archipel de Zanzibar), du Rwanda et du Burundi. Lorsqu’éclata le premier conflit mondial, l’Afrique orientale allemande était entourée d’ennemis : les Britanniques dans les actuels Ouganda et Kénya (au nord), dans l’archipel de Zanzibar (à l’est), au Malawi et en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie, au sud) ; les Portugais, dans l’actuel Mozambique (au sud) ; les Belges au Congo (à l’ouest). Dans ces conditions, les Allemands ne pouvaient remporter de victoire décisive. Il ne reste dès lors qu’une chose à faire : garder les Britanniques (de loin la force ennemie principale) sur le terrain, le plus possible, aussi longtemps que possible et leur faire dépenser le plus grand nombre possible de ressources en hommes, munitions et en vivres. Ce sont ainsi vraisemblablement 200.000 Britanniques qui, du fait de ce conflit africain, manqueront sur le front européen. C’est le lieutenant-colonel Paul-Emil von Lettow-Vorbeck qui, s’inspirant semble-t-il de techniques napoléoniennes, sera l’artisan de cette campagne dont les troupes allemandes sortiront invaincues.
Le conflit débute le 5 août 1914, par une escarmouche opposant des militaires britanniques à des postes avancés allemands situés le long de la rivière Kagera, sur la frontière avec le Protectorat britannique d’Ouganda. S’ils parviennent, non sans difficulté, à assurer définitivement leur suprématie sur le lac Victoria, les Britanniques n’en subissent pas moins nombre de défaites, à tel point que l’on écrira plus tard que le Royaume Uni subit lors de ce conflit, les plus remarquables échecs de l’histoire militaire britannique ! Et de désigner plus précisément les batailles de Moshi (3 novembre 1914, connue sous le nom de « bataille du Kilimanjaro », elle n’aura, en fait, pas réellement lieu, les Britanniques ayant perdu une grande partie de leur équipement en route, décidant, après quelques escarmouches, de se replier en Afrique orientale britannique) et de Tanga, qui, malgré un rapport de forces défavorables, se soldera par une victoire allemande, suite à un désastreux débarquement amphibie britannique. En 1916, c’est un général sud-africain du nom de Jan Smuts qui prend la tête des troupes britanniques. Alors que les Portugais, dont l’efficacité militaire laissera à désirer, se massent à la frontière sud de l’Afrique orientale allemandes, Smuts fait appel à la Force publique du Congo belge qui remportera plusieurs victoires contre les troupes allemandes, dont celle de Tabora (19 septembre 1916). Nous y reviendrons.
Au début de 1917, la grande majorité des soldats qui composent les troupes britanniques sont africains (ils en composeront le totalité à la fin de la guerre). Le général Smuts, se voit remplacer par un autre Sud-Africain, le général Van Deventer, qui, comme son prédécesseur, se voit contraint de demander l’aide de la Belgique afin de confier à la Force publique, une partie d’une nouvelle offensive. Au cours de celle-ci, les Belges emporteront une seconde victoire face aux troupes allemandes, lors de la bataille de Mahenge. Suite à leur défaite, les troupes de von Lettow-Vorbeck fuient vers le Mozambique portugais duquel elles attendent, à juste titre, peu de résistance. En juillet 1918, le chef militaire allemand, qui a été promu Generalmajor , livre bataille à Namcurra, puis, à la surprise générale, reprend la route du nord le mois suivant. Les troupes allemandes arrivent en Rhodésie du Nord en octobre 1918. Invaincues, elle rendent les armes le 25 novembre 1918, quelques jours après la signatures de l’Armistice.
3.Le Congo belge entre en guerre.
Suite aux déclarations de guerre de l’Allemagne à la Belgique et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne, le lieutenant-général Charles Tombeur, commandant en chef de la Force publique (FP), ordonne la mobilisation le 6août 1914 et nomme le lieutenant-colonel Frédérick Olsen, chef d’état-major. Pour rappel, la Force publique est une force armée créée en 1885 pour exercer des missions de police dans l’Etat indépendant du Congo de Léopold II. Composée principalement, à l’origine, de mercenaires –officiers européens, notamment scandinaves, et troupes africaines originaires de Zanzibar ou de zones côtières anciennement colonisées-, elle devait se doter, dès l’année suivante, d’officiers belges et recruter parmi les populations locales, notamment des Bangala, une tribu guerrière du Haut-Congo. La FPdevait garder son nom jusqu’après l’indépendance congolaise et la Crise congolaise de 1965. En 1914, la FP comptait environ 17.000 soldats. Elle remporta plusieurs succès militaires contre les troupes allemandes, notamment à Tabora et à Mahengé. De 1914 à la fin 1917, 58 militaires européens, 1895 soldats et 7124 porteurs devaient trouver la mort au cours des combats.
Les premiers affrontements mettant aux prises, de 1914 à 1915, troupes belges et allemandes se concentreront principalement sur le lac Tanganyika et sur ses rives. Les Belges, soutenus par les Britanniques, parviendront finalement à s’imposer. La FP interviendra également en Rhodésie du Nord. Et le 9 octobre 1917, la FP devait remporter la victoire, à l’issue de la bataille de Mahengé. Mais en ce qui nous concerne, c’est la bataille de Tabora qui nous intéresse plus particulièrement.
Les troupes belgo-britanniques, affaiblies par les maladies tropicales, peinent à poursuivre von Lettow-Vorbeck. Il est vrai que, confrontés à un rapport de forces qui leur est défavorable, les troupes allemandes se voient le plus souvent dans l’obligation de se retirer. Partie de Bukavu, la « brigade sud » de la FP (commandement : lieutenant-colonel Frédérick Olsen) s’empare de nombreuses positions allemandes, entre le 6 mai et le 30 juillet 1916, principalement dans les actuels Rwanda et Burundi et sur les rives du lac Tanganyika. Sans réels combats, la FP contrôle désormais 120 km de la voie ferrée des chemins de fer allemands qui va de Dar es Salaam (Océan indien) à Ujiji (Tanganyika). Le troupes allemandes ont mené plusieurs opérations de sabotage, avant de se replier sur Tabora. Il faut donc réparer car la voie ferrée doit permettre le ravitaillement de la brigade. Mais la progression vers Tabora se poursuit. Le 10 septembre 1916, la « brigade sud » entame les premières lignes de défense de Tabora. Elle est rejointe par la « brigade nord » (commandement : lieutenant-colonel Armand Huyghé) dans la nuit du 13 au 14 (alors que les Britanniques restent en arrière, empêtrés dans des problèmes de télécommunication et de logistique…). De violents combats vont ainsi opposer les troupes belges aux troupes allemandes jusqu’au 19 septembre, date à laquelle les Belges s’emparent de la ville et mettent en fuite les troupes du major-général Kurte Wahle. Les Britanniques, quant à eux, n’arrivent à Tabora que le 23 septembre, alors que la position est entièrement sécurisée par la Force publique…
Tabora fut le cœur administratif de la partie centrale de l’Afrique orientale allemande. Sa prise par les hommes de la Force publique apparaît donc comme une victoire décisive. De fait, elle aboutit à la « décapitation » de la logistique allemande et à la prise de contrôle, par la coalition belgo-britannique, de la ligne de chemin de fer allemande qui relie Dar es Salaam à Ujiji, comme nous l’avons déjà mentionné. Pour von Lettow-Vorbeck, il est évident que le nord de la colonie allemande est définitivement perdu, ce qui n’empêchera pas les troupes allemandes de poursuivre le combat, jusqu’à après l’armistice de 1918. L’absence de rôle militaire joué dans la prise de Tabora ne dissuadera pas pour autant les Britanniques de s’inquiéter ouvertement d’une possible prétention des Belges sur la colonie allemande et, sans complexe, de demander à ceux-ci de regagner le Congo belge et d’aller assurer la sécurité du Ruanda-Urundi qui allait ainsi devenir possession belge. Le général Tombeur remet alors le commandement général de la Force publique à Armand Huyghé et prend le commandement des forces d’occupation du futur Ruanda-Urundi belge fortes d’environ 2000 hommes. Il établit son QG à Tabora. Toutefois, la future Tanzanie devait devenir par la suite possession britannique.
Le général Tombeur (1867-1947), d’origine liégeoise, sera, en tant que commandant en chef de la Force publique (23 février 1915 – 19 septembre 1916), considéré comme l’artisan de la victoire de Tabora. Le capitaine-commandant Charles Tombeur était arrivé dans l’Etat indépendant du Congo en 1902, avant de devenir l’officier d’ordonnance du roi Albert Ier, de 1909 à 1912. Il retourne en Afrique et devient inspecteur d’Etat, de même qu’administrateur du Katanga entre 1912 et 1914. C’est également lui qui réorganisera la Force publique. Après la victoire de Tabora, il sera, jusqu’au 22 novembre 1916, commandant en chef des troupes d’occupation du Ruanda-Urundi, comme nous l’avons dit. En 1917, il sera nommé vice-gouverneur du Congo belge, avant de reprendre le poste d’administrateur général du Katanga, de 1918 à 1920. Le 29 décembre 1926, il est anobli avec le titre de baron par le roi Albert Ier, et devient ainsi le baron Charles Tombeur de Tabora (on appréciera au passage le jeu de mot, sans doute bien involontaire…). Il a également donné son nom à une rue de la commune bruxelloise d’Etterbeek (ex-rue Ma Campagne).
La campagne de 1916 dite « de Tabora » devait coûter la vie à 5875 hommes (41 officiers et sous-officiers), 1334 hommes de troupe et 4500 porteurs, ces derniers étant tous morts de maladies ou d’épuisement).
4.La rue de Tabora, prolongation de la rue au Beurre.
La petite rue de Tabora (40 m) est de même longueur que l’église Saint-Nicolas qu’elle borde, entre la rue de la Bourse et la rue Marché-aux-Poulets. On lui donna son nom actuel, en souvenir de la bataille de Tabora, au lendemain de l’armistice de 1918. Auparavant, cette rue était en fait le premier tronçon de la rue au Beurre dont elle a hérité des maisons numérotées de 1 à 13 et de 2 à 20. C’est la raison pour laquelle notre actuelle rue au Beurre, qui s’étend de la Bourse à la Grand Place, commence aux numéros 15 et 22. La rue de Tabora fut aussi parfois désignée, dans les années 1840, sous le nom de « Coin des Trois Pucelles », référence à une ancienne fontaine qui se situait dans ce quartier et qui représentait trois jeunes filles dont les seins faisaient jaillir six minces filets d’eau. Elle était connue sous le nom de « Fontaine des Trois Pucelles ». En 1857, Eugène Bochart inclut clairement l’actuelle rue de Tabora dans la rue au Beurre, mais il évoque également en ces termes, l’histoire de la Fontaine des Trois Pucelles : « Au coin, en face de la rue des Fripiers, se trouvait la remarquable fontaine des Trois Pucelles ou des Trois Déesses. La tradition rapporte que cette fontaine était un ancien souvenir du paganisme, et remontait aux premiers temps de la ville. Cette fontaine représentait un pilier que trois statues de femmes tenaient embrassé ; de leurs mamelles jaillissait l’eau qui tombait dans les cuves ; un concours fut établi en 1776 pour réparer ce chef d’œuvre, mais les finances de la ville ne permirent pas d’entreprendre cette réparation artistique. On érigea un obélisque qui en 1826 a été à son tour remplacé par une borne fontaine. » Parmi les curiosités de cette petite artère, outre l’église Saint-Nicolas –à laquelle plusieurs maisons de la rue de Tabora et de la Petite rue au Beurre, sont adossées- on notera la présence, au numéro 11, du café A la Bécasse, véritable institution dans l’univers des libations bruxelloises. On y accède par un très long couloir qui n’est autre qu’une ancienne impasse, déjà citée aux 15e et 16e siècles, sous le nom de Geuzenstroetke, en bruxellois thiois, et d’impasse des Gueux, en français. Or, au 17e siècle, voire au 16e siècle, ladite impasse possédait déjà une brasserie dénommée La Bécasse, De Snip, en thiois.
Sources : Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles, Eugène Bochart (1857), Editions Culture et Civilisation, 1981 / Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Jean d’Osta, Le Livre, 1995 / La chanson des rues d’Etterbeek, Jean Francis, Louis Musin Editeur, Bruxelles, 1976.
+-+-+-+-+-
Merci à Yves Keymolen, pour les recherches aux archives de la ville de Bruxelles.
Gustave Van Boxem
Monsieur Gustave Van Boxem
"Je viens d'apprendre le décès survenu en décembre 2016 de
Monsieur Gustave Van Boxem.
Bien triste nouvelle, d'autant que Gus avait insisté à plusieurs reprises sur le plaisir qu'il aurait à voir vivre ce site d'échanges et de contacts entre anciens de l'ALL.
Condoléances à sa veuve, pour laquelle il fit preuve d'un dévouement exceptionnel.
Pour répondre à sa volonté maintes fois exprimée, si l'on relançait ce site d'échanges, qui nous a permis de nous souvenir de tant d'événements petits ou grands de notre enfance ?
Il en serait ravi. Merci Gust et au revoir.
Tu étais un toffe peï et un excellent professeur.
Sincères condoléances Madame, votre mari était d'une grande humanité.
André Tastenoy (Lepage 1968 -1979)"
Ce commentaire a été posté par Tastenoy.
"Bien triste nouvelle, surtout pour son épouse dont il s'occupait de tout son cœur.
Gus était un grand monsieur, toujours à l'écoute et un assidu du net jusqu'à la fin, bref, comme le dit si bien notre ami André, un "toffe pei", un vrai de chez nous...
Sincères condoléances, Madame van Boxem, je garderai de votre époux un excellent et inoubliable souvenir !
Frans Asselberghs ( Lepage 1959-1963 )"
Ce commentaire a été posté par Asselberghs.
"Que voilà une bien triste nouvelle. Un prof remarquable et drôle comme tout.
Merci pour tout Mr Van Boxem.
Toutes mes condoléances à sa famille.
Georges De Ridder (ALL 1968-1981)"
Ce commentaire a été posté par DE RIDDER.
Remparts et portes des 1ère et 2ème enceintes de Bruxelles.
REMPARTS ET PORTES DES 1ère et 2ème ENCEINTES DE BRUXELLES
« Qu’on s’imagine le puissant intérêt et l’aspect saisissant que présenterait notre ville si nos pères, tout en renversant les murailles qui étreignaient l’expansion de la cité, avaient isolé, en les conservant, les portes si curieuses et si pittoresques des deux enceintes. Notre commune serait semée aujourd’hui de monuments originaux, de spécimens de l’architecture d’autrefois, tranchant, par leur aspect fruste et étrange, sur l’uniformité des constructions modernes, et l’étranger viendrait les contempler, comme il va à Rouen…Nous devons regretter amèrement que ces témoins du passé aient disparu. » (Charles Buls, Bourgmestre de Bruxelles, au Conseil communal du 27 février 1888, dans « Bruxelles, notre capitale », L. Quiévreux, p. 158). Précisons toutefois que les sublimes vestiges du Vieux Rouen vantés, à juste titre, par Charles Buls, ont eu largement à souffrir de la seconde guerre mondiale : l’incendie de juin 1940 et les bombardements de 1944 ont entrainé la destruction de 28,5 ha dans la zone de 95 ha délimités par l’enceinte du 12e siècle….
Deux remparts ou trois ?
La ville de Bruxelles fut, durant son histoire, dotée de deux enceintes, l’une élevée au 12e siècle et l’autre au 14e siècle, et chacune fut percée de sept portes. C’est là un fait historiquement établi. Toutefois, nous verrons que d’autres portes furent ultérieurement ajoutées et qu’il convient de ne pas les confondre – erreur que commettent régulièrement de nombreux Bruxellois eux-mêmes - avec ce que nous appellerons, afin de les distinguer, les quatorze « portes historiques » des deux enceintes de Bruxelles.
En outre, selon certaines hypothèses, un rempart – ou, plus précisément, une ligne de défense - aurait été élevé avant celle du 12e siècle. Ainsi, M. Paul Bonenfant, ancien archiviste de l’Assistance publique, basant ses recherches sur une curieuse particularité relevée par Des Marez, archiviste de la ville de Bruxelles, révèle qu’en 1694, les graissiers (marchands de volaille et de produits laitiers) demandèrent la permission d’agrandir leurs locaux jusque sur l’ « ancien rempart ».
La maison des graissiers n’était autre que l’actuelle Brouette, qui est aujourd’hui une taverne située aux numéros 2-3 de la Grand-Place, mitoyenne du Roi d’Espagne, établissement qui forme, lui, l’angle de la rue au Beurre. Or, les historiens s’accordent pour dire qu’il n’y a jamais eu de rempart entre la Grand Place et ce qui est aujourd’hui l’arrière de la Bourse. Quel « ancien rempart » les graissiers pouvaient-ils donc bien évoquer ?
Examinant le plan de Martin de Tailly (1639), M. Bonenfant découvrit près de l’ancienne église des Récollets (qui s’élevait sur l’actuel emplacement de la Bourse), un mur de défense doté d’une tour, ledit mur étant orienté parallèlement à la direction de la Senne. Selon M. Bonenfant, cette ligne de défense, probablement édifiée à la fin du 10e siècle et laissant la Grand Place à l’extérieur de son enceinte, aurait eu pour mission de protéger le castrum de l’Île St-Géry.
« Préoccupé de fournir des éléments nouveaux à cette théorie, M. Van Hamme a exploré la cave du 31 de la rue au Beurre, car la ligne du rempart, telle que l’établit M. Bonenfant, se superpose exactement au côté sud de la rue au Beurre. » (Bruxelles, notre capitale, p. 86). De fait, dans la cave du n°31 de la rue au Beurre (adresse de la Maison Dandoy, renommée pour la haute qualité et la grande variété de ses biscuits), ont été découverts des blocs de grès lédien maçonnés dans les briques. On pouvait donc s’attendre à retrouver des vestiges de la ligne de défense du 10e siècle derrière les maisons de la rue au Beurre.
En outre, « les travaux d’approfondissement de la cave de la maison de la rue au Beurre ont ramené au jour un crâne humain, une entrave de fer et une cruche en grès. La cruche a été datée du XVme siècle. L’entrave devait emprisonner le poignet du captif. Serait-ce dans une cellule de l’enceinte ? Le crâne, conservé pendant longtemps, a malheureusement disparu. » (Ibid.).
La première enceinte.
II.1.Bref historique de la première enceinte.
La construction de la première enceinte de Bruxelles trouve son origine dans certains événements survenus dans le courant des 11e et 12e siècles. A cette époque, les habitations se multiplient dans la vallée de la Senne et le castrum de Saint-Géry, même renforcé de steenen, ces maisons « en dur » (steenen vient du thiois « steen » qui signifie « pierre ») qui remplacent progressivement les vieilles maisons de bois, n’est plus en mesure d’en assurer la défense. Aussi, le comte de Louvain, Lambert II Balderic, décide-t-il de quitter l’île Saint-Géry, située en zone marécageuse, et d’édifier, semble-t-il entre 1040 et 1047, le nouveau château ducal sur le Coudenberg (actuelle place Royale).
Le Coudenberg est une colline voisine de ce qui allait devenir la collégiale des SS. Michel-et-Gudule (actuelle cathédrale Saint-Michel), suite au transfert, à la même époque, des reliques de sainte Gudule, jusque là conservées dans la chapelle castrale de Saint-Géry. Les centres des pouvoirs politique et religieux se déplacent donc, au rythme de l’élargissement de la cité. Ces évolutions réclament l’édification d’un rempart adapté à la situation nouvelle.
« La construction de la première enceinte, promise aux Bruxellois par le duc de Brabant, Henri Ier (1190-1235) fut organisée et financée par la Ville elle-même ; l’ensemble fut terminé dans le courant du XIIIe siècle. » (La Porte de Hal, L. Wullus, p. 4). Il s’agit d’une muraille, haute de 6 à 7 m, sur arcades insérées dans d’importantes levées de terre, type de construction que l’on retrouve dans tout le duché de Brabant, notamment à Binche et à Nivelles. Ladite enceinte, jalonnée de 50 tours de guet reliées entre elles par des pans de mur nommés courtines, était percée de sept portes, mais afin de faciliter les relations entre le centre-ville et les constructions bâties extra-muros, l’on perça en outre, dès 1289, cinq portes secondaires nommées « wickets ». Les abords de la muraille étaient défendus par un fossé, à certains endroits, rempli d’eau et entouré de marais (nord), à d’autres endroits, sec et relativement étroit (est). L’enceinte proprement dite, d’une longueur de 4 km environ, était, en outre, jalonnée d’une cinquantaine de tours de guet reliées entre elles par des pans de murs appelés courtines.
La première enceinte englobe l’île Saint-Géry, le premier port de bord de Senne, les collines du Treurenberg, incluant la première collégiale romane des SS. Michel et Gudule, le Coudenberg avec le château ducal, sans oublier la Grand Place. Mais Bruxelles poursuit son expansion. Ainsi peut-on noter la construction, hors des murs, de l’église Notre-Dame de la Chapelle -la présence d’une chapelle à l’endroit où se dresse actuellement cette église est attestée par une charte datée de l’année 1134, signée de la main du duc de Brabant, Godefroid le Barbu- de même que d’un poste avancé que l’on nommera, pour des raisons que nous évoquerons plus avant, la Porte à Peine Perdue (du côté de la rue Rempart des Moines), édifiée au début du 14e siècle.
Après la mort de Jean III de Brabant (1312-1355), suivit un conflit de succession qui amena le comte de Flandre Louis II de Maele, à investir Bruxelles. C’est là que l’on place l’épisode de la révolte d’Everard t’Serclaes qui, à la tête de quelques dizaines d’hommes, entra dans Bruxelles, jeta à bas le drapeau flamand que Louis de Maele avait fait hisser à la fenêtre de la Maison de l’Etoile, sur la Grand Place, et chassa les Flamands de la ville.
Toutefois, le rempart ayant largement montré les limites de son efficacité militaire, l’on décida d’en construire un second qui devait accroître grandement l’étendue de la cité et lui donner globalement l’aspect d’un pentagone. Le démantèlement de la première enceinte s’étala, selon les quartiers, du 16e au 18e s, ce qui signifie que les premier et deuxième remparts coexistèrent durant près de quatre siècles (du 14e au 18e).
Après la destruction ou l’utilisation à des fins non-militaires de ses portes et de ses « wickets » (portes secondaires), la première enceinte fut conservée aux moyens de strictes mesures de protection. Ainsi, par exemple, durant tout le 16e siècle, était-il interdit de faire pousser des vignes aux abords des murs, celles-ci provoquant le déchaussement des pierres de la muraille. Quant aux tours, parfois utilisées comme entrepôts, parfois incluses dans les habitations, elles bénéficièrent de la même protection que les courtines. Ce n’est qu’au 16e siècle que la première enceinte fut totalement démilitarisée et cédée aux particuliers. Elle sera peu à peu absorbée par l’habitat urbain.
Mais au 19e siècle, sous prétexte, plus ou moins justifié, de « modernité » et d’ « assainissement », on entreprit de colossaux travaux de rénovation urbaine. Il en fut ainsi des travaux de voûtement de la Senne, compris entre 1867 et 1871. Il en fut ainsi, aussi et surtout, de cette ogresse par trop célèbre, connue sous le nom de « Jonction Nord-Midi », qui saccagea la ville un siècle durant, les travaux ayant commencé au 19e siècle pour se terminer plus que laborieusement…en 1952. De nombreux édifices et maisons furent détruits, de même que nombre de vestiges de la première enceinte que l’on retrouva sous l’habitat urbain. Les quelques vestiges qui purent être sauvés ne le furent que par la volonté de quelques personnes, tel que le bourgmestre Charles Buls, grand défenseur du patrimoine bruxellois.
II.2.Portes et « wickets » de la première enceinte.
II.2.a.Les sept « portes historiques » de la première enceinte.
S’il existe encore un certain nombre de vestiges du premier rempart de Bruxelles, il n’existe plus de trace de ses sept « portes historiques ». Nous en connaissons toutefois l’emplacement :
-La Steenpoort (ou Porte de Pierre) était située au coin du boulevard de l’Empereur et de la rue de Rollebeek. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Hal.
La Porte du Coudenberg (ou Porte de Namur) était située au coin de la rue de Namur et de la rue de Bréderode. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Namur (aussi est-il préférable, afin d’éviter les confusions, d’user du nom de « Porte du Coudenberg » plutôt que de celle de « Porte de Namur », pour désigner la porte de la première enceinte)..
L’aspect rustique de la Porte du Coudenberg étonne. La construction de l’environnement, avec une tourelle aux pignons à gradins, coupe la ligne des remparts crénelés. A droite du dessin (Cobergh, daté : 30 di seth 1613.) le dessinateur a représenté un coin de l’auberge dont l’enseigne à potence porte l’esquisse d’un porc. Un monceau de bûche, soigneusement rangées, rappelle la dureté des hivers. Une entrée aux piliers de bois donne accès de l’établissement, dont le domaine est représenté clôturé. Une charrette à deux roues repose près de la clôture. Deux hommes, côté à côte, regardent les champs. Un personnage à cheval s'apprête à franchir la porte de sortie. (Bruxelles Jadis, Van Hamme, page 79)
La Porte du Treurenberg (ou Porte Sainte-Gudule) était située derrière la cathédrale Saint-Michel, au coin du Treurenberg et de la place de Louvain. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Louvain.
-La Porte de Malines (ou Porte de Warmoesbroeck) était située au coin de la rue Montagne-aux-Herbes-Potagères et de la rue du Fossé-aux-Loups. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Schaerbeek.
-La Porte Noire (ou Petite Porte de Laeken) était située au coin de la rue de l’Evêque et de la rue de la Vierge Noire. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Laeken (aussi est-il préférable, afin d’éviter les confusions, d’user du nom de « Porte Noire » plutôt que de celle de « Petite Porte de Laeken », pour désigner la porte de la première enceinte).
-La Porte Sainte-Catherine était située au coin de la rue Sainte-Catherine et de la place Sainte-Catherine. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte de Flandre.
-La Porte d’Overmolen (ou Porte d’Anderlecht) était située au croisement de la rue Marché-au-Charbon et de la rue du Jardin des Olives. La « porte historique » de la seconde enceinte qui lui correspond est la Porte d’Anderlecht (aussi est-il préférable, afin d’éviter les confusions, d’user du nom de « Porte d’Overmolen » plutôt que celle de « Porte d’Anderlecht », pour désigner la porte de la première enceinte).
Durant la journée, c’est à ces portes que l’on percevait les taxes sur les marchandises. La nuit, elles restaient closes. Ajoutons que quatre de ces portes ouvrent et ferment le tracé de deux anciennes chaussées qui traversent Bruxelles :
-la première est la « Chaussée romaine » qui s’étend, à l’intérieur de la première enceinte, entre la Steenpoort et la Porte du Treurenberg via le boulevard de l’Empereur, le Cantersteen avant de parvenir au Treurenberg en longeant la cathédrale ;
-la seconde est la « Steenweg » (ou « Chaussée de pierre ») qui est sans doute légèrement antérieure à la première enceinte et qui s’étend de la Porte du Coudenberg à la Porte Sainte-Catherine, via la rue de Namur, la place Royale, la Montagne du Parc, le Mont des Arts, la rue de la Madeleine, la rue du Marché aux Herbes, la rue du Marché aux Poulets et la rue Sainte-Catherine.
Au lendemain de la construction de la seconde enceinte, entre 1357 et 1379, les « portes historiques » de la ville, de même que les « wickets » (ou guichets secondaires) furent progressivement détruits afin de faciliter la circulation intra-muros. La Porte de Sainte-Catherine, de même que la Porte Noire, survécurent un temps du fait de leur transformation en lieu d’habitation. D’autres portes servirent d’entrepôts pour les grains et pour le sel. Toutefois, seules trois portes survécurent jusqu’au 18e siècle. Il s’agit de la Porte du Treurenberg et de la Steenpoort, qui furent aménagées en prison, et de la Porte du Coudenberg qui fut utilisée comme salle d’archives, à partir de 1594.
II.2.b. Les cinq portes secondaires ou « wickets » de la première enceinte.
Nous l’avons dit, qu’il s’agisse de la première enceinte ou de la seconde, l’on commet souvent l’erreur de confondre les « portes historiques » et les portes secondaires, également nommées « guichets » ou « wickets » (ce terme thiois trouvant d’ailleurs son équivalent dans le mot français « guichet » dont il est peut-être une déformation) ou encore « portes d’octroi ». Afin de les distinguer, nous réserverons le terme de « portes » ou « pavillons d’octroi » pour les portes secondaires de la seconde enceinte et le terme de « wickets » pour les portes secondaires de la première enceinte, celles-là mêmes qui nous intéressent ici. Ainsi dénombre-t-on plusieurs « wickets », vraisemblablement cinq ; (Promenades bruxelloises – La Première enceinte, p. 4), percés dans le rempart de la première enceinte. Nous en avons retrouvé quatre, dont un probable :
-Le Wicket du Lion : La rue de la Grande Île était coupée en son milieu par le rempart. C’est à cet endroit qu’une poterne nommée Guichet (ou Wicket) du Lion, permettait d’entrer intra-muros.
-Le Wicket de Driesmolen : Situé au croisement de la rue Van Artevelde et de la rue Saint-Christophe.
-Le Wicket (probable) du n°42 (2002) de la rue des Chartreux : « Anciennement nommée rue du Viquet, dont on a fait par corruption Vincket, [la rue des Chartreux] a, par arrêté du 4 mai 1853, aggloméré la rue qui portait encore ce nom. » (Bochart). Au 18e siècle, l’on fit de cette artère une rue du Finquet ou encore, de Finquette : le terme « wicket » vient-il du mot français « guichet » ou, au contraire, le terme Finquet ou Finquette, vient-il du mot « wicket », ou l’une métamorphose précéda-t-elle l’autre ? La question n’est guère tranchée. Dans le vestibule du n°42 de la rue des Chartreux, on peut encore apercevoir (2002) quelques pierres d’une tour dont on suppose qu’il pourrait s’agir des vestiges d’un « wicket » autrefois installé dans cette rue.
-Le Wicket de Ruysbroeck : Ce guichet s’éleva, de 1289 à 1540, sur la place de la Justice, dans le prolongement de la rue de Ruysbroeck. Il fut supprimé en 1540 afin de faciliter le passage du cortège de l’Ommegang.
II.2.c. La Porte à Peine Perdue.
Pas plus que les « wickets », la Porte à Peine Perdue, associée à la première enceinte de Bruxelles, ne compta parmi ses sept « portes historiques ». Cet ouvrage défensif avancé fut construit hors des murs, à peu près à mi-parcours de ce qui est aujourd’hui la rue de Flandre, là où cette artère forme un angle obtus, au carrefour du Marché-aux-Porcs, de la rue Léon Lepage et de la rue du Rempart des Moines. Cette dernière tient son nom d’un mur de terre et de pierre, bordé d’un fossé extérieur creusé au 13e siècle. Ledit « rempart des moines » était destiné à protéger le couvent de Jéricho, situé hors des murs de la première enceinte.
On franchissait jadis ce rempart en suivant la rue de Flandre, en passant sous les voûtes de la Porte à Peine Perdue et en empruntant le pont Philippe qui enjambait alors le fossé du « rempart des moines ». Lorsque l’on décida la construction de la deuxième enceinte, dans la seconde moitié du 14e siècle, la Porte à Peine Perdue et le « rempart des moines » perdirent toute utilité. On rasa le rempart, on combla le fossé et, du fait d’une obsolescence intervenue si vite, la Porte à Peine Perdue acquit son nom. Elle « servit longtemps d’arsenal et de magasin d’objets de couchage pour les troupes. Un incendie s’étant déclaré en 1727 dans une maison attenante, le feu consuma entièrement la porte et les objets que le bâtiment renfermait. » (Bochart). On décida alors de raser ses décombres.
III. La seconde enceinte.
III.1.Bref historique de la seconde enceinte.
III.1.a. Quatre siècles au service de la défense de Bruxelles.
Comme nous l’avons dit, au lendemain de la prise de Bruxelles par le comte de Flandre Louis de Maele (1356) et la reconquête de la ville par Everard t’Serclaes, les Bruxellois décidèrent de bâtir une seconde enceinte, longue de 8 km, prenant en compte l’expansion démographique et géographique de la cité. Les travaux s’étalèrent de 1357 à 1381-1383. La seconde enceinte, qui prit globalement l’aspect d’un pentagone –raison pour laquelle on se réfère parfois à « Bruxelles-Pentagone » pour désigner la ville originelle de Bruxelles-, devait s’étendre sur huit kilomètres, soit le double de la première enceinte.
Comme cette dernière, elle fut percée de sept portes que nous nommons « portes historiques », qui correspondent chacune aux sept portes de la première enceinte et auxquelles, comme nous le verrons, viendront s’ajouter ultérieurement une huitième porte (la Porte du Rivage) et cinq portes secondaires dites « portes d’octroi ». La nouvelle enceinte est, en outre, jalonnée de 72 tours semi-circulaires et est, dans la partie basse de la ville, entourée d’un fossé inondé.
Aux 16e et aux 17e s., les nouvelles techniques de siège et le développement de l’artillerie, obligèrent Bruxelles à entreprendre de grands travaux visant à doter le rempart de nouvelles défenses aptes à tenir l’ennemi à distance. Ainsi, de nouveaux obstacles (fossés, bastions et ouvrages défensifs triangulaires tournés vers l’extérieur), furent-ils placés en avant de l’enceinte.
Entre 1672 et 1675, on construisit le Fort de Monterey (du nom du comte espagnol en charge du renforcement des défenses de la ville) sur les hauteurs de Bruxelles correspondant à la commune de Saint-Gilles, au sud de la Porte de Hal. Mais, en définitive, ces fortifications se révélèrent inefficaces : elles ne purent empêcher ni le bombardement de Bruxelles, en 1695, ni la prise de la ville par les troupes françaises, en 1746. L’ère de la guerre de siège prenait fin, et avec elle, l’utilité même des anciennes fortifications bruxelloises.
III.1.b.. La garde des remparts.
Durant la journée, les gardes surveillaient les différents accès de la ville, mais durant la nuit, ils étaient disséminés sur le rempart. Leur rôle était de surveiller les environs extérieurs, mais également de donner l’alerte en cas de feu ou de danger repéré intra-muros.
Mais la défense de la ville reposait essentiellement sur la capacité de mobilisation de ses habitants, tous les hommes valides, de 17 à 60 ans, pouvant être appelés à porter les armes pour la défendre. Ils devaient pourvoir eux-mêmes à une partie de celles-ci (armes et armures), alors que la Ville se chargeait du matériel collectif (armes de jet, tentes bannières, artillerie…). La Ville disposait, en outre, d’un corps d’archers et d’arbalétriers regroupés dans des guildes et qui seront, ultérieurement, remplacés par des porteurs d’arquebuses et d’autres armes à feu.
A l’origine, la gestion des remparts et de leurs portes était assurée par les Lignages, soit les sept grandes familles patriciennes de Bruxelles. Après 1421, les Nations – soit les neuf corps de métiers de Bruxelles- se joindront aux Lignages dans cette mission. Voilà pourquoi il fallut inventer un système d’ouverture et de fermeture des portes à deux clés, chaque porte étant du ressort d’un portier mandaté par l’un des Sept Lignages et d’un autre mandaté par l’une des Neuf Nations.
III.1.c. Le démantèlement des fortifications.
Aussi, l’empereur autrichien Joseph II ordonna-t-il, en 1782, le démantèlement de la plupart des places fortes des Pays-Bas méridionaux, y compris celle de Bruxelles. Le Fort de Monterey et la majorité des portes de la ville furent rasées. Ne subsistèrent bientôt que les portes de Laeken et de Hal. Lors du rattachement des Pays-Bas méridionaux à la République Française, dans les années 1794-1795, les travaux de démolition furent arrêtés, mais ils reprirent sous le Consulat. La Porte de Laeken disparut à son tour sous le Premier Empire (1808). Enfin, par une ordonnance du 19 mai 1810, l’Empereur Napoléon Ier ordonna la destruction de la seconde enceinte qui se vit remplacée par des boulevards. Mais la fin du Premier Empire français empêcha la réalisation complète de ce projet. Les travaux d’aplanissement des ruines reprirent sous le régime hollandais (1815-1830).
III.1.d. L’octroi.
Les boulevards, qui suivent le tracé de ce que les Bruxellois nomment encore aujourd’hui la Petite ceinture, se virent doublés d’une barrière – la barrière de l’octroi- bordée par un fossé qui ferme la ville. « En 1800, l’administration française décida l’établissement d’octrois municipaux. L’article 131 de la loi belge du 30 mars 1836 laissa entier le principe des lois antérieures sur la matière, et les Bruxellois connurent l’octroi pendant soixante ans. » (Bruxelles, notre capitale, L. Quiévreux, p. 155).
Porte d'Anderlecht
Photo de Pierrot Heymbeeck (2016)
La barrière était défendue par un certain nombre de bâtiments nommés « pavillons d’octroi » qui remplacèrent progressivement les anciennes « portes historiques », désormais militairement obsolètes, et qui avaient pour but le contrôle de la perception des taxes sur les marchandises qui entraient dans la ville : « Avant 1860, on ne pénétrait pas aussi facilement dans Bruxelles-Ville qu’aujourd’hui. Les remparts avaient disparu, mais tout le long des boulevards extérieurs existait un fossé. Pour entrer en ville, il fallait passer par les portes de l’octroi, correspondant aux anciennes portes fortifiées. Les aubettes elle-même étaient défendues par des grilles, si bien que l’entrée de Bruxelles ressemblait étrangement à un passage en douane. Les gabelous veillaient. Ils étaient très sévères. La plupart des produits, surtout le gibier, le vin et les alcools étaient strictement contrôlés. » (Ibid, p. 155).
On supprima l’octroi le 21 juillet 1860. La barrière fut démantelée, « la population en liesse arracha les portes et les grilles de fer qui formaient barrière entre la ville et les faubourgs. L’Administration communale mit en vente les clôtures de la ville, à charge de démolition. » (Ibid, p. 155). Quant aux pavillons d’octroi, pour la plupart, ils disparurent. Ne subsistent de ces derniers que ceux que l’on peut encore voir aux carrefours des portes d’Anderlecht (dont l’un des anciens pavillons d’octroi abrite le Musée des égouts de la Ville de Bruxelles) et de Ninove (anciens pavillons d’octroi), de même que ceux de la porte de Namur (ancienne « porte historique » de la seconde enceinte) qui ont toutefois été déménagés au bout de l’avenue Louise, à l’entrée du Bois de la Cambre. De la seconde enceinte proprement dite, ne subsiste plus que la Porte de Hal, transformée, selon la mode romantique, en un château néo-gothique, entre 1868 et 1871, par l’architecte Henri Beyaert.
III.2.Les portes de la 2ème enceinte.
III.2.a. Les sept « portes historiques » de la 2ème enceinte.
La Porte de Hal constitue l’ultime vestige de la seconde enceinte de Bruxelles. Elle se situe à la jonction des boulevards du Midi et de Waterloo, en face de la rue Haute.
La Porte de Namur était située à l’endroit qui porte encore son nom aujourd’hui et dominait la ville. Elle fut démolie en 1760 et remplacée, en 1835, par des pavillons d’octroi.
La Porte de Louvain était située entre les places Madou et Surlet de Chokier, à l’endroit qui porte encore son nom de nos jours. Elle fut démolie en 1783 et remplacée ultérieurement par des pavillons d’octroi.
La Porte de Schaerbeek (parfois nommée aussi « Porte de Cologne », à ne pas confondre avec les pavillons d’octroi de la « Porte de Cologne » jadis située au bout de la rue Neuve, du côté de la place Rogier) était située au croisement des actuels boulevard Botanique et rue Royale, à l’endroit qui porte encore aujourd’hui le nom de « Porte de Schaerbeek ». Elle fut démolie en 1784 et ultérieurement remplacée par des pavillons d’octroi.
La Porte de Laeken était située à la jonction des boulevards du Jardin Botanique et Emile Jacqmain. Transformée en prison, elle fut finalement détruite en 1807.
La Porte de Flandre était située à l’endroit où, aujourd’hui, les rues de Flandre et Antoine Dansaert aboutissent au canal de Charleroi. Elle fut détruite en 1783 et ultérieurement remplacée par des pavillons d’octroi.
La Porte d’Anderlecht était située à l’endroit qui porte toujours ce nom aujourd’hui, où la rue d’Anderlecht rejoint le boulevard du Midi. Détruite en 1784, elle fut ultérieurement remplacée par des pavillons d’octroi qui existent toujours.
III.2.b. La Porte du Rivage.
La Porte du Rivage –parfois également nommée « Porte du Canal » ou « Trou du Rivage »- était une huitième porte, ajoutée en 1561, soit deux siècles après la construction de la première enceinte (raison pour laquelle nous devons la considérer comme une « porte tardive » à distinguer impérativement des sept « portes historiques » de la seconde enceinte), afin de contrôler l’accès au port fluvial auquel on accédait par le nouveau canal. Elle était située à l’emplacement de l’actuelle place de l’Yser, où l’on trouvait anciennement l’Allée verte (J. d’Osta). Cette porte constituait donc l’accès fluvial et douanier du canal de Willebroeck vers l’ancien port intérieur de Bruxelles, dont les bassins aboutissaient à la place Sainte-Catherine. La Porte du Rivage fut détruite en 1783, puis remplacée par des pavillons d’octroi.
1II.2.c. La Grosse Tour.
La Grosse Tour, également nommée « Tour du Pré-aux-Laines », était un élément de la seconde enceinte situé au niveau de l’actuelle place Louise. Avec ses 30m de diamètre, c’était l’une des plus grosses tours du second rempart, raison pour laquelle on lui a donné le nom qui est le sien. Elle fut utilisée comme tour de guet et également dans le cadre du tir annuel des archers, des arbalétriers et des arquebusiers. La Grosse Tour subsista longtemps après le démantèlement de la seconde enceinte et même à celui de la grille de l’octroi : elle ne fut démolie qu’en 1907. Une rue qui relie la place Stéphanie et la rue de la Concorde, nommée « rue de la Grosse Tour », perpétue son souvenir.
III.2.d.. La Tour Bleue.
Avec la Grosse Tour, la Tour Bleue (ou Tour Hydraulique) était l’une des deux tours particulièrement remarquables de la deuxième enceinte de Bruxelles. Elle était située entre les « portes historiques » de Namur et de Louvain, et, plus précisément, au niveau du milieu de la rue Zinner, sur la droite, lorsque l’on vient de la rue Ducale pour se rendre au boulevard du Régent. Cette tour a subsisté des siècles durant mais a aujourd’hui disparu.
III.2.e. Les pavillons d’octroi de la seconde enceinte (19e s.).
Il convient de distinguer deux types de pavillon d’octroi :
premièrement, ceux que l’on a substitués aux anciennes « portes historiques », de même qu’à la « porte tardive » du Rivage ; c’est le cas des portes de Namur, de Louvain, de Schaerbeek, du Rivage, de Flandre et d’Anderlecht ;
deuxièmement, ceux qui ont été édifiés en supplément des premiers ; c’est le cas des portes de Charleroi (dite « Louise »), de la Loi, Léopold, de Cologne, d’Anvers et de Ninove.
Nous comptons donc une douzaine de « pavillons d’octroi », tous composés de deux bâtiments de style néo-classique :
La Porte de Charleroi, soit deux pavillons d’octroi édifiés en 1840, était située à la place Louise (entre les « portes historiques » de Namur et de Hal), que les Bruxellois nomment plus volontiers « Porte Louise ». Quoi de plus naturel d’ailleurs : la prétendue « place Louise » n’est, dans les faits, qu’un simple carrefour. Les pavillons d’octroi de la « Porte Louise » (le nom de « Porte de Charleroi » n’est plus utilisé, ni dans la toponymie, ni dans le langage courant) n’existent plus. Une fois de plus, on a substitué à un nom toponymique, celui d’une personnalité qui n’apporte aucune information sur le lieu ainsi nommé, ce que l’on ne peut que déplorer. La place ou porte Louise doit son nom à la reine Louise-Marie d’Orléans, épouse de Léopold Ier. Comme nous l’avons déjà dit, au niveau de la place Louise se situait un édifice nommé la Grosse Tour dont le nom se voit perpétuer dans celui d’une rue voisine située pour moitié sur le territoire de Bruxelles-Ville (n°s impairs), pour l’autre, sur le territoire d’Ixelles (n°s pairs).
La Porte de Namur « historique » fut détruite en 1782 et remplacée temporairement par une aubette de bois qui servit à la perception de l’octroi. Cette aubette précéda les deux pavillons de pierre élevés en 1835 et conçus par l’architecte Auguste Payen. Ces derniers subsistèrent à cet endroit jusqu’en 1863, soit trois années après l’abolition de l’octroi, et furent alors déplacés à l’entrée du Bois de la Cambre, au bout de l’avenue Louise. En 1866, à l’emplacement des anciens pavillons d’octroi, on édifia une fontaine monumentale à laquelle on donna le nom de Charles De Brouckère (1796-1860), en mémoire de cet ancien bourgmestre de Bruxelles. Cette fontaine fut démantelée en 1955. Ajoutons que l’on a parfois donné le nom de « Nouvelle Porte du Coudenberg » à la Porte de Namur (2ème enceinte), en souvenir du nom de la Porte du Coudenberg qui était la porte correspondante dans la première enceinte et que l’on nomme aussi parfois… « Porte de Namur ». Afin d’éviter les confusions, nous préférons, pour notre part, réserver le nom de « Porte de Namur » à la porte de la 2ème enceinte qui était jadis située à l’emplacement du quartier nommé « Porte de Namur » aujourd’hui, et celui de « Porte du Coudenberg » à la porte correspondante de la première enceinte, jadis située au coin des actuelles rue de Namur et des Petits Carmes.
Les Portes de la Loi et Léopold, respectivement construites en 1849 et 1850, et situées entre les « portes historiques » de Namur et de Louvain, donnaient, l’une et l’autre, accès au quartier Léopold (où se situe aujourd’hui le Parlement européen). Les pavillons d’octroi de ces portes n’existent plus et leurs noms eux-mêmes se sont perdus, tant dans la toponymie de la ville que dans les mémoires.
La Porte de Louvain « historique », jadis située au niveau des places Surlet de Chokier et Madou, fut détruite en 1783. Elle fut remplacée par deux pavillons d’octroi de plan octogonal, qui défendaient l’accès de l’hémicycle de la Porte de Louvain. Lesdits pavillons furent démolis lors de l’abolition de l’octroi, en 1860.
La Porte de Schaerbeek « historique », jadis située à l’emplacement de l’actuelle place de Schaerbeek, fut démolie en 1785. On la nomma également « Porte de Cologne », nom que nous ne retiendrons toutefois pas pour désigner cette porte, afin d’éviter toute confusion avec les pavillons d’octroi de la Porte de Cologne, érigés en 1839, à hauteur de la place Rogier. Des pavillons furent également construits à l’emplacement de la Porte de Schaerbeek, en 1827. Ils furent démolis au lendemain de l’abolition de l’octroi, en 1860.
La Porte de Cologne (1839) était située entre les « portes historiques » de Schaerbeek et de Laeken et, plus précisément, à hauteur de l’actuelle place Rogier (que l’on connut notamment sous le nom de « place de Cologne »). Les « pavillons d’octroi » de la Porte de Cologne, qui avaient été installés au bout de la rue Neuve et qui restèrent en place jusqu’en 1860, n’existent plus.
La Porte d’Anvers :
*La première porte d’octroi : La Porte d’Anvers est la première des portes d’octroi à avoir été édifiée, en 1804, sur le tracé de la deuxième enceinte. On la situait entre la « porte historique » de Laeken et la porte que nous dirons « tardive » du Rivage. Le percement de la Porte d’Anvers permit de passer directement de la rue de Laeken à la chaussée de Laeken (de nos jours, « chaussée d’Anvers »), sans devoir effectuer un détour en « U » par la Porte de Laeken voisine (jadis, il semble que l’on pouvait cependant accéder de la rue de Laeken à l’actuelle chaussée d’Anvers, par une poterne que l’on a muré ultérieurement). Le nouveau passage fut flanqué de deux pavillons d’octroi.
*Sous le Premier Empire : C’est par cette porte, où l’on avait édifié une arche triomphale sur laquelle étaient écrits ces quelques mots, « Son nom seul le rend impérissable », que, le 1er septembre 1804, le Consul Napoléon Bonaparte (il ne sera sacré empereur que le 2 décembre 1804) fit son entrée à Bruxelles. Et voilà pourquoi, en 1807, on lui donna le nom de « Porte Napoléon ». C’est également par cette porte que, via la chaussée d’Anvers (à l’époque, « chaussée de Laeken »), « l’impératrice Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, petite-fille de Marie-Thérèse, fit son entrée à Bruxelles, le 23 avril 1810, avec l’empereur Napoléon Ier. » (Bochart) Après la chute de l’Empire, on donna à la « Porte Napoléon », le nom de « Porte de Laeken », puisqu’elle remplaçait la vraie « Porte de Laeken », « porte historique » de son état, située originellement à la jonction des actuels boulevard Emile Jacqmain et du Jardin Botanique, et détruite en 1807 : « Plus généralement connue sous le nom de Porte de Laeken. Elle sépare la place d’Anvers de la chaussée du même nom. Sous le régime impérial français, on la nomme Porte Napoléon. » (Bochart)
*Sous le régime hollandais (1815-1830) :
La Porte Napoléon prendra tout naturellement le nom de « Porte Guillaume », en référence au roi Guillaume Ier des Pays-Bas, pays sur lequel ladite porte donne dès lors un accès direct. La « Porte Guillaume » s’ouvre également sur la promenade champêtre très prisée et très mondaine de l’Allée verte. En 1819, un genre d’arc de triomphe aux prétentions monumentales, œuvre de l’architecte Tilman-François Suys, y est construit, pour perpétuer le souvenir de l’entrée de Guillaume Ier à Bruxelles (1817), le souverain des Pays-Bas ayant vraisemblablement décidé d’imiter Napoléon :
« Lors de l’entrée du roi Guillaume Ier dans Bruxelles (1817), les magistrats de cette ville et un grand nombre d’habitants lui préparèrent une brillante réception, et pour en perpétuer le souvenir, la régence fit construire une sorte d’arc de triomphe, exécuté sur les dessins de Suys, par Van Gheel ; il était soutenu par deux colonnes corinthiennes, avec un bas-relief représentant le bourgmestre Vanderfosse offrant les clefs de la ville au roi, au-dessus de l’archivolte étaient placées quatre grandes figures, et sur les côtés, à plomb des colonnes, deux statues colossales allégoriques. Depuis cette époque, jusqu’en 1830, on donna à cette entrée de Bruxelles la dénomination de Porte Guillaume. » (Bochart).
Selon Jean d’Osta, les pavillons d’octroi de la Porte d’Anvers sont alors déplacés vers la nouvelle Porte de Ninove, pour laisser place à l’arche susmentionnée :
« Mais, en 1819, on décida de transférer les deux petites aubettes de la rue de Laeken au boulevard de l’Abattoir, pour les besoins de la nouvelle Porte, dite de Ninove, et de construire à leur place une porte monumentale au bout de la rue de Laeken, dédiée au roi Guillaume. » (J. d’Osta)
Cette thèse semble être toutefois contredite par Eugène Bochart, en 1857, qui précise qu’au lendemain des événements de 1830 (soit bien après 1819), la « Porte Guillaume » (future « Porte d’Anvers »), « qui n’avait pas été solidement construite, fut démolie à l’exception de la partie inférieure, c’est-à-dire des deux aubettes de l’octroi, que l’on voit encore actuellement. » (Bochart). Selon un témoignage d’époque, donc, les deux portes d’octroi de la Porte d’Anvers étaient toujours bien situées au même endroit, non seulement après 1830, mais jusqu’à la moitié des années 1850. Elles ont ainsi survécu à la Porte Guillaume elle-même, qui fut détruite en 1838.
Ceci dit, Jean d’Osta n’a pas tort lorsqu’il prétend que des éléments de ladite Porte Guillaume ont bien été déplacés vers la Porte de Ninove, il ne s’agit toutefois pas des portes d’octroi, mais des seules colonnes de la Porte Guillaume (ex-Napoléon). Ainsi, Eugène Bochart précise-t-il qu’en 1820, on adapta à la Porte de Ninove, les colonnes de la Porte Guillaume.
*Dans le royaume de Belgique (de 1830 jusqu’à nos jours) :
Suite à la création du royaume de Belgique, au début des années 1830, la porte d’octroi change une fois de plus de nom –il n’est plus question, à présent, de garder celui du souverain des Pays-Bas, dont les territoires qui composent la Belgique viennent de se détacher !- pour devenir, comme nous l’avons dit, la « Porte d’Anvers ». A noter qu’en 1835, c’est à l’Allée verte, à proximité de la Porte d’Anvers donc, qu’on édifiera la première gare ferroviaire de la ville. La Porte d’Anvers, dont le nom s’est perpétué jusqu’à nos jours, n’est plus aujourd’hui qu’un carrefour situé au croisement de la rue de Laeken et du boulevard d’Anvers.
La Porte du Rivage, bâtie en 1561, est une huitième porte ou, plus précisément, une « porte tardive » de la seconde enceinte. Elle était située à l’emplacement de la place de l’Yser. Au lendemain de sa destruction, en 1783, on édifiera à cet endroit deux pavillons d’octroi qui seront démolis après la suppression de cet impôt, en 1860.
La Porte de Flandre « historique » fut détruite en 1783. Elle fut ultérieurement remplacée par des pavillons d’octroi dont il ne reste cependant plus trace aujourd’hui. Le nom de « Porte de Flandre » s’est toutefois perpétué jusqu’à nos jours pour désigner un carrefour où se rejoignent les rues Antoine Dansaert et de Flandre.
La Porte de Ninove (1806), que l’on situe entre les « portes historiques » de Flandre et d’Anderlecht est l’une des rares portes secondaires à avoir survécu jusqu’à nos jours. De fait, les pavillons d’octroi de la Porte de Ninove existent toujours. On les situe place de Ninove que les Bruxellois désignent presqu’exclusivement sous le nom de « Porte de Ninove ». A noter que c’est également à la Porte de Ninove que l’on situait la « Petite Ecluse ». C’est, en effet, à cet endroit que le bras occidental de la Senne pénètre en ville.
La Porte d’Anderlecht « historique » fut détruite en 1784. A son emplacement (toujours nommé « Porte d’Anderlecht » aujourd’hui), on édifia, en 1836, deux pavillons d’octroi, qui existent toujours et dont l’un abrite le Musée des égouts de la Ville de Bruxelles.
Eric TIMMERMANS.
Sources : Bruxelles, notre capitale, PIM-Services, 1951, p. 85-86, 155-158 / Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Jean d’Osta, Le Livre, 1995, p. 23, 118-119, 227 / Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles, Eugène Bochart (1857), Editions Culture et Civilisation, 1981, p. 94, 157, 199, 209, 321-322 / Histoire de la Ville de Bruxelles, A. Henne et A. Wauters, Editions « Culture et Civilisation » Bruxelles, 1968, p. 30-31 / Histoire secrète de Bruxelles, Paul de Saint-Hilaire, Albin Michel, 1981, p. 57-65 / La Porte de Hal – Témoin silencieux d’une histoire tumultueuse, Linda Wullus, Musées Royaux d’Art et d’Histoire, 2006, p. 4, 5, 9, 14, 28-32. / Promenades bruxelloises, La première enceinte, Ville de Bruxelles, 2002.
Bruxellois
Cinéma NORMANDIE
Rue Marché aux Poulets
40, Marché aux Poulets - Académie du Centre – Billards.
46, Marché aux Poulets – Maison Christo – Chien de Luxe.
50, Marché aux Poulets – Cinéma Normandie.
52, Marché aux Poulets – Tanganyka – Café.
Source : Almanach 1939.
Photo n° 1
On peu lire sur le fronton de la maison la date 1577. Cette maison aurait alors échappée aux bombardements de la ville de Bruxelles par les troupes françaises du roi Louis XIV, les 13, 14 et 15 août 1695, et à l’incendie qui en a résulté, est la catastrophe la plus destructrice que la ville ait eu à subir au cours de son histoire.
rue de l'Economie
La rue de l'économie en noir & blanc
Quartier du Smalbeek
Ki sé c'est Ki ?
Ki sé c'est Ki ?
Photo I de Guillaume Kekenbosch
Jacques van Eesbeeck, le pére de Constant, Beau-frère de Dominique Logist, la femme de Jacques et la femme de Dominique, étaient deux soeurs. Marollien de la brème rue aux Laines.
Photo II de Francine Kekenbosch
"Voyage scolaire 1960"
A 1 Betty Chapelle - A 2 francine Kohne.
"Club de Jeunes chez Pol"
rue des Tanneurs - Bruxelles.
A 1 Betty Luxen - A 2 ? - A 3 ? - A 4 Jeanine Boon
B 1 Jacqueline Peeters - B 2 Nicole - B 3 Betty Chapelle - B 4 Mariette Delannoy.
C1 ? - C 2 Claudine Jabé - C3 Annie Gobert - C 4 Léona - C 5 Loulou - C 6 ? -
C 7 Francine - C 8 et C 9 ??
Les filles ont trouvé le petit carnet de Gilbert dans la cour du club !
Un clic, pour en lire le contenu.
La petite Betty et de dos Jeannine
Photo de Mademoiselle Lallemand
Photo 4
Photo de Mademoiselle Lallemand
Photo 5
Photo de Mademoiselle Lallemand
Photo 6
Photo 7
Photo III
Mon premier vélo, AMERICAN VELOPORTABLE, m'a été offert par mon BonPa juste avant la guerre, et il était équipé d'un frein TORPEDO. Celui-ci n'écessitant une patte fixée au cadre sur la branche horizontale tenant la roue arrière et qui assurait le point d'appui pour la "réaction" au freinage.
Le zinneque.
Photo 8
Photo 8 : A1 Paul THILLEY (Popol décédé accidentellement le 31 décembre 1964 !) - A2 Julien DE BRUECKER ----------- B1 Gilbert DELEPELEERE - B 2 Joseph (Jojo) HENDBOEG - B3 François PEETERS (Pitche) - décédé d'une crise cardiaque) - B4 Beaudoin DELPLACE (Kéket) - décédé des suites d'un cancer) - B 5 Henry DUFOUR - B 6 Barthélémy TALON (BARTHOL (décédé à Middelkerke d'une rupture d'anévrisme) -
Photo prise à la Pentecôte de 1964 à LONDRES devant le palais de BUCKINGHAM, hei ma vast ? Souvenirs, souvenirs...
Nelly Lallemand
Photo 10
A 1 Louis Samin - A 2 Josée Samin - A 3 Marie Schryers - A 4 Roger Baiwir.
Jeannine
Photo 12
Place du Vieux Marché
Place du Vieux Marché
Photo n° 1
Cette photo représente l'entrée du café que mes beaux-parents et ma future femme ont tenu de 1966 à 1976 (moi j'ai été co-tenancier de 1973 à 1975).
Le café s'ouvrait TOUS LES JOURS de l'année de 6h du matin à minuit en...semaine, les vendredis, samedis, dimanches le café ne fermait pas la nuit... ou alors TRES tard dans commercial la nuit .
C'était VOLLEM BAK fin de semaine et le w-e surtout la période de mai/juin à fin septembre... terrasse en été pfff. Le 1er grand tournant commercial a été ressenti avec la 1ère crise du pétrole en 1973 (journées sans voiture, 1ers marchés LIBRES de brocante surtout à Woluwe-St-Lambert, etc) --- "mon" vieux marché ne s'en est JAMAIS remis -- bien au contraire cela n'a fait que PERICLITER... L'ancienne clientèle --- les vrai(e)s "potters" nous ont quittés, et JAMAIS remplacés car la nouvelle génération ne buvait PAS de bière comme l'ancienne -- les brocanteurs ne trouvaient PLUS de marchandises intéressants la clientèle hollandaise/allemande et et et les client(e)s sur le marché avaient AUSSI TOTALEMENT CHANGES... le patois bruxellois à TOTALEMENT DISPARU ainsi que toutes les coutumes/habitudes/goûts typiquement bruxellois.
Une AUTRE CULTURE s'est installée --- (--- aujourd'hui le client du vieux marché s'en fiche complètement du style Louis machin, du cristal bazar, des meubles "têtes de lion" en chêne massif), --- NIX il faut par ex : de l'"IKEA" pratique et SURTOUT SURTOUT PAS CHER, bref le vieux marché est devenu un marché ??? de petits objets communs, de brol très usagés, dernier niveau du bas de bas d' gamme, hei ma vast.? Le w-e le niveau est (un peu) plus relevé.. je n'écris PAS que TOUT est mauvais... mais bon... cela n'a plus RIEN mais alors là plus RIEN a voir de ce que j'ai connu et VECU.."
Gilbert Delepeleere.
Je me souviens c'était au mois de mai 1969. Le soir avant le mariage de Monique et Gilbert. Nous avions rendez-vous au café des Trois Portes au Vieux Marché. Le café était tenu par les parents de Monique. En premier lieu rien que les femmes, nous étions au premier étage pour prendre un verre et faire une photo que j'ai toujours. Ensuite nous sommes descendus au café et là quelle surprise, les étudiants de l'ACA avaient promis à Monique de venir pour la veille de son mariage. Ils ont tenu parole et son venus en fanfare. Jamais je ne me suis autant amusée. Tout le monde dansait avec tout le monde. Des personnes âgées, des clientes du café dansaient avec les étudiants et avec moi. Quel souvenir! Quelle ambiance! Cela a duré jusqu'aux petites heures et le lendemain on a remis ça au mariage qui s'est terminé chez Victor rue de la Plume où tard dans la nuit on dansait toujours"
Nelly Lallemand.
Photo n°2
Fontaines de Bruxelles
LES FONTAINES DE BRUXELLES (1) : Les fontaines des Petit et Grand Sablons.
I.La fontaine d’Egmont et Hornes au Petit Sablon.
I.1.Le nouvel Etat belge à la recherche de « symboles nationaux ».
La plus ancienne photo connue de la Grand-Place date de 1856 (Jean d’Osta). Cette année-là, on décida d’édifier sur ladite Grand-Place, une fontaine monumentale célébrant le 25e anniversaire du règne du roi Léopold Ier. Mais ce n’est pas, nous le verrons, cette fontaine à l’existence bien éphémère qui nous intéresse ici.
A cette époque, le jeune royaume de Belgique s’inquiétait des événements qui se déroulaient chez son puissant voisin français. En 1848, une révolution avait fait basculer la monarchie et avait débouché sur l’établissement de la IIe République. Plus inquiétant encore, le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte se faisait proclamer Empereur des Français sous le nom de Napoléon III.
De quoi donner des sueurs froides au jeune Etat belge qui se souvenait des irruptions républicaines françaises de la fin du 18e siècle et du règne impérial de Napoléon Ier dans les quatorze premières années du 19e. Ces craintes étaient d’autant plus justifiées que Napoléon III nourrissait effectivement des vues annexionnistes envers le jeune royaume de Belgique qui, paradoxalement, pratiquait alors une politique de francisation généralisée (en réaction au régime hollandais notamment), mais qui accueillait aussi sur son territoire nombre d’opposants français au régime de « Napoléon le Petit », dont le plus célèbre est, sans conteste, Victor Hugo.
Il fallait donc multiplier les actes et les symboles patriotiques, afin d’accréditer la thèse, pourtant pas forcément évidente, de l’existence d’une « nation belge » éternelle et faite pour l’éternité. Pour ce faire, on va enrégimenter dans les livres d’histoire, nombre de personnages historiques que l’on qualifiera de « Belges », alors que le terme leur était généralement bien peu commun et que les idées même d’ « Etat-national » et de « citoyenneté », idées nées avec la Révolution française de 1789, leur était inconnue.
I.2.Les comtes d’Egmont et de Hornes, élevés au rang de « héros nationaux belges ».
Nombreux furent donc ces personnages qui se virent délivrer un passeport belge ! On citera pêle-mêle Ambiorix, Bruegel, Vésale, Mercator, Charles-Quint et ce personnage qui nous intéresse ici tout particulièrement : le comte Lamoral d’Egmont. Nous n’allons pas refaire l’histoire du Compromis des Nobles et de la Révolte des Gueux (voir, à ce sujet : http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/archive/2013/12/10/le-quartier-du-petit-sablon-et-ses-gueux.html ). Rappelons simplement que les figures des comtes d’Egmont et de Hornes ont été longtemps présentées comme des « héros nationaux belges » qui résistèrent vaillamment au cruel pouvoir du roi d’Espagne Philippe II et de son âme damnée, le duc d’Albe, avant de se faire héroïquement décapiter sur la Grand-Place, le 5 juin 1568. Une vision manichéenne qui a, depuis, été largement nuancée par les historiens…
Mais au 19e siècle, dans le contexte que nous avons décrit, l’image de la résistance des comtes d’Egmont et de Hornes au régime espagnol, va être utilisée pour galvaniser le nouveau patriotisme belge. C’est particulièrement vrai pour le comte Lamoral d’Egmont qui, à l’époque de Charles-Quint, s’était distingué sur les champs de batailles, remportant notamment les victoires de Saint-Quentin et de Gravelines contre les armées du roi de France. Le mythe national centré sur les personnalités d’Egmont et Hornes ne faisait toutefois pas l’unanimité. Si le parti libéral, notamment, voyait en eux des résistants au pouvoir théocratique espagnol, pratiquement des « libres-penseurs », le parti catholique, lui, les percevait plutôt comme des traîtres au légitime pouvoir de Sa Majesté Très Catholique, le roi d’Espagne Philippe II. Et cette question, débattue quatre siècles après les faits, fit l’objet de disputes homériques au niveau des édilités locales et nationales !
I.3.La fontaine d’Egmont et Hornes : de la Grand-Place au Petit Sablon.
On se décida malgré tout à commander, à Charles-Auguste Fraikin (1817-1893) et sur proposition du Ministre de l’Intérieur Charles Rogier, un monument dédié aux comtes d’Egmont et de Hornes. C’est d’ailleurs dans ce but que la Ville de Bruxelles fit l’acquisition, en 1825, de la Maison du Roi (Broodhuis) et qu’elle en entama la restauration. Pour des raisons que nous exposerons ultérieurement, le square du Petit Sablon paraissait le plus approprié pour accueillir le monument dédié aux comtes d’Egmont et de Hornes. Malgré cela, le conseil communal de Bruxelles vota, à une courte majorité, en faveur de la Grand-Place, lieu d’exécution, il est vrai, des deux comtes rebelles. Le monument fut dévoilé le 16 décembre 1864. Il s’agissait d’une grande fontaine, surmontée de deux statues à l’effigie (plus ou moins romantique) des comtes d’Egmont et de Hornes. Après bien des discussions, le groupe fut finalement placé devant les escaliers de la Maison du Roi.
Mais il n’y a pas la moindre fontaine devant la Maison du Roi, me direz-vous ! C’est exact, puisqu’elle a été transférée depuis bien longtemps au Petit Sablon. Mais pourquoi au Petit Sablon ? Parce que celui-ci est situé non loin de l’ancien emplacement du palais de Culembourg (sis rue des Petits Carmes, ancienne caserne des grenadiers ; il fut rasé par les Espagnols, le 28 mai 1568), où fut concocté le « Compromis des Nobles » (décembre 1565) et où se tint le « Banquet des Gueux » (avril 1566), et parce qu’il s’étend face au palais…d’Egmont, tout simplement. De fait, c’est Lamoral d’Egmont qui achèvera la construction du palais qui porte encore son nom aujourd’hui. En 1564, il fit d’ailleurs organiser un tournoi à l’emplacement de l’actuel parc du Petit Sablon.
Malgré les travaux de restauration entrepris près de quarante ans avant l’érection du monument dédié à Egmont et Hornes, la Maison du Roi se porte mal et exige de nouvelles transformations, pour ne pas dire, une refonte complète. En 1877, soit à peine treize ans après son inauguration, le monument-fontaine est temporairement écarté de la Grand-Place. Le 15 janvier 1879, le conseil communal décida, à l’unanimité, de transférer le groupe au Petit Sablon. Depuis cette époque, celui-ci constitue le cœur d’un square inauguré en 1890 et conçu par Henri Beyaert, soit un jardin de style Renaissance consacré à d’illustres personnages recrutés, comme nous l’avons dit, pour les besoins de la cause du « patriotisme belge ».
Sources : Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Jean d’Osta, Le Livre, 1995, p.134, 136, 295 / De la Halle au Pain au Musée de la Ville – Huit siècles d’histoire de Bruxelles, B. Vannieuwenhuyze, M-C. Van Grunderbeek, P. Van Brabant, M. Vrebos, Historia Bruxellae, 2013, p.34 -35 / Les Comtes d’Egmont et de Hornes – Victimes de la répression politique aux Pays-Bas espagnols, Historia Bruxellae, G. Janssens, 2013, p.32-38 / Dictionnaire d’Histoire de Bruxelles, S. Jaumain, Prosopon, 2013, p.296 / Bruxelles est malade, Michel Michiels, 1996 (via www.ebru.be).
II.La fontaine de Minerve au Grand Sablon.
II.1.La fontaine de Thomas Bruce, lord anglais et jacobite.
En 1696, un pair de Grande-Bretagne, -(m (agnae) Brit (anniae), selon la formule latine reprise dans l’une des inscriptions de la fontaine du Sablon- , du nom de Lord Thomas Bruce (1656-1741), 2e comte d’Aylesbury et 3e comte d’Elgin, forcé de s’exiler en raison de sa fidélité à Jacques II (James Stuart), vint à Bruxelles et s’installa dans un hôtel situé dans le haut du Sablon. Par gratitude envers l’hospitalité agréable et salutaire (Hospitio jucundo et salubri) dont il bénéficia, Lord Bruce fit ériger dans le bas de la place du Sablon, une fontaine monumentale, à l’emplacement même du Zavelpoel (« bassin de sable », terme thiois qui, dit-on, désigne le marécage sablonneux qui, jusqu’en 1615, occupait la moitié nord de l’actuelle place du Grand Sablon). En réalité, le terme « poel » désigne un abreuvoir pour les animaux et une réserve d’eau en cas d’incendie. Le réservoir fut comblé en 1615 et remplacé par une fontaine, en 1661, jusqu’à ce qu’elle se vit remplacée par la fontaine monumentale dont nous allons vous conter les origines et l’histoire.
Aujourd’hui encore, sur cette fontaine, une formule de reconnaissance en latin rappelle l’hospitalité que Bruxelles accorda à Lord Bruce :
« Thomas Bruce Comes Ailesb (uriensis) m (agnae) Brit (anniae) par Hospitio apud Bruxellas XL annis Usus jucundo et salubri, De suo poni testamento jussit Anno MDCCXL ».
Le comte anglais commanda la construction de cette fontaine en 1740 mais ne devait jamais la voir construite de son vivant. Par contre, son exécuteur testamentaire, à savoir son héritier, John Bruce (lien familial non-précisé), se fit un devoir de respecter ses dernières volontés et c’est ainsi que fut élevée, au Sablon, la fontaine que l’on doit au sculpteur Jacques Bergé (1693-1756). Le groupe fut placé le 4 novembre 1751, signé « J. Bergé Bruxell. » mais il est daté de 1740 (année de la commande du monument par Lord Bruce).
Sur l’autre face du monument, une autre inscription latine précise que, onze années plus tard, « alors que la paix était raffermie par toute la terre », son héritier John Bruce se chargea d’ériger la fontaine, « au temps où régnaient dans le bonheur et dans la gloire, après avoir reconquis l’héritage paternel, François de Lorraine, empereur des Romains, et Marie-Thérèse d’Autriche, fille de Charles VI ». Et nous reviendrons sur la mention à Charles de Lorraine, « gouverneur des Belges »… :
« Undecim vero post annis Pace unique terrarum firmata Joannes Bruce haeres erigi curavit, Francisco Lotharingo Rom. Imperium Et Maria Theresia Caroli VI f (ilia) Regna paterna fortiter vindicata Feliciter et gloriose tenentibus Carolo Lothar (ingo) Belgii gubernatore ».
II.2.Contexte et anachronismes historiques : les Pays-Bas méridionaux et la guerre de succession d’Autriche.
Que l’on retrouve les armoiries, la devise familiale et les remerciements de Lord Bruce sur le devant du piédestal de la fontaine n’a rien d’étonnant. La référence à l’Empereur François Ier et à son épouse Marie-Thérèse peut, quant à elle, difficilement être l’œuvre de Thomas Bruce, tout simplement parce que celui-ci est décédé en 1741, soit quatre années avant que Marie-Thérèse d’Autriche ne fasse élire son époux (depuis 1736), François-Etienne de Lorraine, sur le trône impérial (1745-1765), sous le nom de François Ier, devenant alors elle-même impératrice consort des Romains (1745-1780). Thomas Bruce a, moins encore, pu saluer, à l’issue de la guerre de succession d’Autriche (1748), l’accomplissement de la volonté autrichienne de voir Marie-Thérèse succéder à son père Charles VI sur le trône d’Autriche (Pragmatique Sanction), puisqu’il était mort, sept ans auparavant !
Or, ces références à la « paix raffermie par toute la terre » et à la « reconquête de l’héritage paternel » (de Marie-Thérèse) par François Ier, font bel et bien référence à la conclusion de la guerre de succession d’Autriche (1740-1748). Celle-ci fit entre 100.000 et 450.000 morts en huit ans. Nombre de batailles de cette guerre furent livrées dans nos contrées, notamment le siège de Bruxelles (janvier et février 1746), capitale des Pays-Bas autrichiens, et la bataille de Fontenoy (11 mai 1745), rendue célèbre par la phrase prêtée au comte d’Anterroches (1710-1785) : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » ou, suite à ce qui fut interprété comme une provocation d’un officier anglais du nom de Lord Charles Hay : « Monsieur, nous n’en ferons rien ! Tirez vous-mêmes ! ».
Qui donc, dès lors, a bien pu faire faire apposer ces inscriptions apparemment anachroniques sur les faces de la Fontaine de Minerve ? Il nous faut chercher du côté du nouveau gouverneur des Pays-Bas autrichiens : Charles-Alexandre de Lorraine. Celui-ci est d’ailleurs cité dans l’une des inscriptions de la fontaine. Quoi de plus normal, me dira-t-on, puisque Charles de Lorraine fut gouverneur des Pays-Bas méridionaux autrichiens de 1741 à 1744 et de 1749 à 1780.
Certes. Mais Charles de Lorraine fut choisi comme gouverneur des Pays-Bas méridionaux en avril 1741 et il prit ses fonctions au mois d’août de la même année. Et en raison de la guerre de succession d’Autriche, il ne put réellement prendre son poste qu’en 1744…et encore ! S’il fit son entrée à Bruxelles, le 26 mars 1744, il devait, deux mois plus tard, reprendre le commandement de l’armée du Rhin. Ce n’est que le 24 avril 1749 qu’il put, finalement, entamer son gouvernorat. C’est dire que Lord Thomas Bruce n’a pas pu –ou alors si peu !- le connaître comme gouverneur des Pays-Bas méridionaux…et non de la « Belgique » ou des « Belges », tel qu’indiqué dans l’inscription de la fontaine : un anachronisme de plus !
Les Pays-Bas méridionaux autrichiens regroupaient, grosso modo, l’actuelle Belgique (moins la Principauté de Liège) et le Grand-Duché de Luxembourg, de même que des populations de langue germanique et de langue romane, restées fidèles au catholicisme au lendemain de la scission des anciennes Provinces Unies, lors des guerres de religion du 16e siècle. La référence à la Belgique ou aux Belges (« Belgii ») de l’inscription latine ne désigne aucun Etat de ce nom, puisqu’il n’existât pas de structure étatique belge dénommée ainsi avant 1830 (si l’on excepte les désastreux Etats belgiques unis de 1790…). Il s’agit donc d’un rappel quelque peu romantique de la Gaule Belgique romaine, dont le nom fut semble-t-il exhumé au 15e siècle, après des siècles d’oubli, par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, qui voulut ainsi renforcer la cohérence de ses pays de « Par-Deçà » (nos contrées) et ses pays de « Par-Delà » (Bourgogne et Franche-Comté).
La guerre de succession d’Autriche se termine donc en 1748. Charles de Lorraine débute réellement son gouvernorat en 1749. Le 4 novembre 1751, à la demande de l’exécutant testamentaire de Thomas Bruce, John Bruce donc, la Fontaine de Minerve est élevée au Grand Sablon, ornée d’inscriptions et de symboles dont Lord Bruce ne pouvait évidemment connaître la signification onze ans auparavant. En fait, les inscriptions ont été composées par un certain Roderic de Cologne…conseiller intime de Charles de Lorraine !
II.3.Thomas Bruce et la Glorieuse Révolution : autre temps, autre guerre…
La présence de notre lord anglais à Bruxelles ne trouve donc pas son origine dans la guerre de succession d’Autriche, mais dans des événements qui se déroulèrent en Angleterre, à la fin du 17e siècle. Ils sont connus sous le nom de « Glorieuse Révolution ». En 1688, le roi Jacques II d’Angleterre et d’Irlande, un Stuart, également roi d’Ecosse régnant sous le nom de Jacques VII, est détrôné par un coup d’Etat protestant mené par une armée hollandaise de 25.000 hommes, dont plus de 7000 huguenots français. Or, Thomas Bruce est un jacobite, c’est-à-dire un partisan de Jacques II, souverain catholique aux tendances absolutistes avérées. De cette révolution, bien moins pacifique qu’on ne veut l’avouer généralement, le pouvoir du Parlement se voit renforcé par rapport au pouvoir royal.
Suite au débarquement des troupes hollandaises du prince Guillaume III d’Orange en Angleterre, Thomas Bruce fut l’un des cinq pairs d’Angleterre qui restèrent fidèles à leur souverain Jacques II. Malgré la supériorité numérique de son armée, Jacques II préféra prendre la fuite vers la France, où il voulait se placer sous la protection de Louis XIV. Lord Thomas décida d’accompagner son roi jusqu’à Rochester. Mais le souverain tenta sans succès de rallier le continent après avoir supposément jeté le grand sceau d’Angleterre dans la Tamise ! Quelques jours plus tard, sans doute le 18 décembre 1688, il fut arrêté dans le Kent et placé en détention. Voulant éviter d’en faire un martyr, Guillaume III le laissa s’échapper vers la France quelques jours plus tard, soit le 23 décembre. Mais en mars 1689, Jacques II débarqua en Irlande, avec le soutien des armées du Roi Soleil. Il bénéficia aussi de l’appui du parlement irlandais, mais ses troupes furent vaincues à la bataille de la Boyne, le 1er juillet 1690. S’en suivit un deuxième exil français, cette fois, définitif. On estime à 40.000 le nombre de partisans de Jacques II ou jacobites, qui trouvèrent refuge en France au lendemain de ces événements. Ils y constitueront la Cour jacobite de Saint-Germain-en-Laye et la puissante communauté des Irlandais de Nantes (les rangs jacobites furent composés à 60 % d’Irlandais).
Et qu’advint-il de Thomas Bruce ? Par deux fois abandonné par son souverain, il resta malgré tout en Angleterre. Mal lui en pris. En 1695, Lord Bruce fut accusé d’avoir conspiré, en vue de rétablir Jacques II sur le trône, puis fut emprisonné à la Tour de Londres. Il put toutefois éviter l’exécution et prit à son tour la route de l’exil. Et celle-ci le mena à Bruxelles où il vécut une quarantaine d’années et où il décéda le 16 décembre 1741. Pour ce partisan de la monarchie catholique, le choix de s’exiler dans les Pays-Bas espagnols (1556-1713) ou/et autrichiens (1713-1789) n’a pas de quoi surprendre. Soulignons toutefois que dans le contexte de la guerre de succession d’Autriche, les jacobites, rangs dont Lord Bruce était issu, étaient les alliés du royaume de France, alors que le royaume de Grande-Bretagne (1707-1800), avec lequel il avait fait le choix de prendre quelques distances, était l’allié des Habsbourg d’Autriche. Mais cette guerre ne devait pas concerner Lord Bruce, puisqu’il décéda un an environ après son commencement, à l’âge de 85 ans.
II.4.La Fontaine de Minerve de 1751 à nos jours.
On retrouve les armoiries du comte d’Ailesbury sur les deux faces principales du socle. A leur base, deux cracheurs déversent de l’eau dans une vasque soutenue par des escaliers en pierre bleue. De chaque côté des masques cracheurs on trouve, gravées, les trois premières et les trois dernières lettres de la locution latine Fuimus (« Nous fûmes »), devise de la famille Bruce rappelant qu’ils furent rois d’Ecosse au 14e siècle.
De fait, Thomas Bruce est un descendant de Robert Bruce (ou Robert de Bruce) qui fut roi d’Ecosse sous le nom de Robert Ier, de 1306 à 1329. C’est un contemporain de William Wallace, ce chevalier écossais qui mena la lutte contre l’occupant anglais et qui fut rendu célèbre, sous les traits de l’acteur Mel Gibson, dans le film Braveheart (1995). A la fin de ce film, les Ecossais, sous les ordres de Robert Bruce (dont le rôle est tenu par l’acteur Angus Macfadyen), lancent la charge contre les troupes anglaises et remportent une grande victoire. Cet affrontement est connu sous le nom de bataille de Bannockburn. Celle-ci se déroula les 23 et 24 juin 1314.
Le socle est surmonté d’un groupe en marbre blanc de Gênes que l’on doit, comme nous l’avons dit, à Jacques Bergé qui l’a lui-même utilisé sur base d’un dessin du comte de Calemberg. Il représente la déesse Minerve assise, tenant un médaillon aux effigies de François Ier et de Marie-Thérèse. Minerve est perçue comme l’aspect romain de la déesse hellénique Pallas Athéna. Celle-ci, déesse de la Guerre ou, plus précisément, de l’art de la Guerre, basé sur l’intelligence calculatrice, fait pendant à Arès, dieu de la Guerre volontiers présenté comme balourd, brutal et bien souvent stupide. Les Grecs distinguaient clairement ces deux approches de la guerre. Les Romains ont assimilé Athéna à Minerve, mais le lien entre Mars et Arès est loin d’être aussi évident, Mars étant respecté à Rome, bien plus qu’Arès ne l’était en Grèce.
Deux angelots nus et ailés, semblables à Cupidon, accompagnent la déesse Minerve. L’un, soufflant dans une trompette, représente la Renommée. L’autre, doté d’une cruche, symbolise l’Escaut. Un troisième angelot, incarnant la Guerre, se tient derrière la déesse dont il tient le bouclier orné de la tête de la gorgone Médusa et dont il tenait aussi la lance…aujourd’hui disparue. Le médaillon tenu par Minerve figure, comme nous l’avons dit, les portraits de Marie-Thérèse et de François Ier. Une plaque de nivellement indique aussi l’altitude de ce point de Bruxelles : 49,31 m au-dessus du niveau de la mer. A noter encore qu’en 1797, les révolutionnaires français occultèrent les inscriptions et les armoiries, et enlevèrent (temporairement) les statues. La Fontaine de Minerve fut restaurée en 1999.
Sources : Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Jean d’Osta, Le Livre, 1995, p. 293-294 / Guide illustré de Bruxelles, Tome 1, , Guillaume Des Marez, 1918 (via www.ebru.be) /Dictionnaire d’Histoire de Bruxelles, S. Jaumain, Prosopon, 2013, p.337 .
Eric TIMMERMANS.