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Saint-Gilles en 2016-17

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Photo n° 1 - Pierrot Heymbeeck

La barrière de Saint Gilles.

 

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Photo n° 2 - Pierrot Heymbeeck.

Chaussée de Waterloo en direction Bruxelles.

 

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Photo n° 3 - Pierrot Heymbeeck.

Le Tram 81,  passe devant une friture et se dirige vers le parc de Saint-Gilles.

 

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Photo n° 4 - Pierrot Heymbeeck.

Friture de la Barrière, mauvaise expérience, les frites n'étaient pas bonnes, classement poubelle.

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Photo n° 5 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 6 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 7 - Pierrot Heymbeeck

 

Porte de Hal - côté Saint-Gilles_7.jpg

Photo n° 8 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 9 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 10 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 11 - Pierrot Heymbeeck

 

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Photo n° 12 - Pierrot Heymbeeck

 


Antoine Wiertz

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ANTOINE WIERTZ, LE PHILOSOPHE AU PINCEAU


1. Avant Bruxelles.

 

Antoine-Joseph Wiertz (1806-1865) est né à Dinant (Wallonie), sous le Ier Empire, le 22 février 1806. Dès l’âge de dix ans, le jeune Antoine fait preuve d’une rare dextérité en sculptant des grenouilles en bois dans la boutique de son père, tailleur d’habits à Dinant. En 1820, grâce à la protection d’un mécène, M. Paul de Maibe, il entre à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Un séjour en Italie suite à l’obtention d’un prix de Rome, en 1832- l’amènera à s’intéresser aux sujets mythologiques (ex. : Les Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle, 1835-1836).Applaudi à Anvers, honoré à Rome, Wiertz sera boudé à Paris. De là lui viendra une rancœur tenace à l’encontre de la France qui se traduira dans certaines de ses œuvres, tel que son Napoléon aux enfers. Ce tableau, toutefois, traite aussi, de manière plus générale, de la situation des peuples, face à la guerre, de même que d’autres tableaux : De la chair à canon, Le dernier canon, La Paix. De fait, Wiertz se pose en artiste engagé, dénonçant ici la misère du peuple (ex.: Faim, folie, crime), militant là pour l’abolition de la peine de mort et la démocratie. Il rêve d’accrocher ses toiles pacifistes dans les lieux publics. Il excelle également dans la réalisation des portraits, mais prétend ne peindre ceux-ci que pour des raisons alimentaires, destinant ses seuls tableaux à l’édification de sa gloire.

 

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2. Wiertz à Bruxelles.

 

Après le décès de sa mère, Wiertz s’installe définitivement à Bruxelles (1844). Il s’établit d’abord dans un hangar désaffecté de la rue des Renards (qui donne sur la place du Jeu de Balle).où il peindra notamment Le triomphe du Christ et La belle Rosine. Le moins que l’on puisse dire est qu’Antoine Wiertz, personnage rebelle, maniaque, fantasque, exalté, idéaliste, intransigeant, n’a pas une piètre opinion de lui-même ni de ses œuvres dont la qualité est telle, selon lui, qu’elles ne peuvent se payer qu’en millions ou ne point se vendre : mieux valait encore mourir de faim à côté d’elles ! Ne se veut-il pas la synthèse de Raphaël, de Michel-Ange et de Rubens ? Aussi, si ses expositions remportent un franc succès, il ne vend pratiquement rien, sinon quelques portraits. Vraisemblablement, on retrouve le peintre-sculpteur –car, ne l’oublions pas, Wiertz fut aussi un sculpteur ; il fut également littérateur et réalisa un grand nombre d’études- au n°106 du boulevard du Midi, mais la maison qu’il occupât a été démolie (Luytens). Sa réputation désormais bien établie, Wiertz demande au ministre de l’Intérieur, Charles Rogier, de léguer son œuvre à l’Etat en échange du financement, par celui-ci, de la construction d’un atelier susceptible d’accueillir ses œuvres immenses. En outre, le peintre-sculpteur émet le souhait qu’à sa mort, cet atelier soit transformé en refuge artistique ou en musée. Antoine Wiertz a trouvé le terrain idéal : un remblai du chemin de fer du Luxembourg, situé en plein chantier, isolé et peu coûteux. L’artiste veut y établir un « temple humaniste », soit un cube (35x15x15 m) recouvert d’une verrière et décoré notamment de fresques ; de celles-ci, seule celle du Démon de l’orgueil sera réalisée. S’agit-il là d’un hasard ? L’Etat belge financera donc l’atelier de Wiertz, mais au compte-gouttes et en engrangeant un nombre toujours croissant de tableaux. La maison-atelier de Wiertz fut finalement construite et, vers la moitié des années 1850, le peintre vint donc installer « dans la rue Terrade (aujourd’hui : rue Vautier), son atelier qui, après sa mort, devait devenir le Musée Wiertz. » (Histoire d’Ixelles, Gonthier, p. 210). C’est dans cet atelier, qu’après avoir poursuivi son œuvre quinze années durant lesquelles il exécutera les nombreuses œuvres qui décorent aujourd’hui son musée, qu’Antoine Wiertz devait trépasser, le 18 juin 1865, cinquante ans, jour pour jour, après la défaite de Bonaparte à Waterloo, personnage central de son Napoléon aux enfers déjà évoqué.

 

3. Le Musée Wiertz.

 

Le Musée Wiertz est bien peu visité et on commet là envers lui une bien grande injustice. Il est vrai que trouver la trace de cet édifice, adossé au parc Léopold et écrasé par le Musée des Sciences naturelles voisin, doté, il faut le dire, de collections d’une grande richesse, allant des dinosaures aux minéraux en passant par les plus invraisemblables insectes, n’est guère chose aisée. Ceci dit, égoïstement, j’ai toujours apprécié cet isolement, cette situation en retrait de l’ancien atelier du peintre Wiertz. Y entrer, c’est se couper du brouhaha et de l’agitation du monde d’aujourd’hui, c’est plonger dans un univers de silence, de paix et de recueillement. On visite le Musée Wiertz comme on visite un monastère : à pas feutrés, en chuchotant et en contemplation. Juste après le petit couloir d’accès, on découvre des pièces en enfilade aux murs couverts de tableaux traitant des sujets les plus variés, environnement chaleureux décoré de personnages fantastiques symbolisant les vanités humaines, d’atroces cauchemars, des scènes de chute angélique au milieu desquelles Satan trône en personne. Juste à côté, se dresse une salle immense aux murs d’une hauteur vertigineuse portant des toiles aussi grandioses que sombres, tant par leur taille que par le sujet qu’elles nous livrent : ici des anges affrontent des démons, là, les Grecs disputent aux Troyens le corps de Patrocle. Combien de fois mes pas m’ont-ils mené dans ce sanctuaire du numéro 62 de la rue Vautier ? Combien de fois ai-je trouvé refuge en ces lieux ? Mais un jour, après une réfection du musée, certes réussie (2010), le « monde d’aujourd’hui », celui du business pragmatique, de la spéculation et de l’argent-roi, a décidé que le musée n’ouvrirait plus ses portes le week-end, faute de personnel (ben voyons !), de moyens, de visiteurs. Le musée n’est donc plus accessible aux laborieux que nous sommes, à moins, bien sûr, de demander un congé ou de recruter vingt personnes susceptibles d’allonger ensemble quelques dizaines d’euros : les groupes, eux, sont admis. Finies donc les visites individuelles à l’ermitage de Wiertz. Depuis, une fronde s’est organisée, exigeant la réouverture du musée durant certaines heures du week-end. L’avenir nous dira si celle-ci l’emportera. Nous le souhaitons ardemment.

Eric TIMMERMANS

 

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Sources : « Un grand peintre dinantais : Antoine Wiertz (1806-1865) », Michel Hubert, 1er avril 2007 sur www.genedinant.be  / « Histoire d’Ixelles », André Gonthier, 1960, p. 210 / « Ils ont choisi Bruxelles », Daniel-Charles Luytens, Noir Dessin Production, 2004, p.315 

 

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Photo de Pierrot Heymbeeck

Monument Wiertz, place Raymond-Blyckaerts, à Ixelles.

 

Fontaines de Bruxelles (7)

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LES FONTAINES DE BRUXELLES (7) : LE MONT DES ARTS

 

Le Mont des Arts : situation actuelle.

 

Les petites fontaines de l’actuel Mont des Arts ne sont que les pâles héritières, nous le verrons, de la cascade monumentale qui existât jadis à cet endroit. Autant dire que nous nous écarterons largement de notre sujet initial consacré aux fontaines de Bruxelles, pour présenter le Mont des Arts dans son ensemble.

 

Le Mont des Arts actuel est situé dans les environs immédiats de la Gare centrale. Il fut réalisé entre 1954 et 1965. Le Mont des Arts tire son nom du voisinage immédiat du Palais des Beaux-Arts et du Musée des Beaux-Arts. Il constitue la principale liaison entre le haut et le bas de la ville.

 

Il s’agit de « jardins à la française » encadrés par la rue du Mont des Arts, la Bibliothèque Royale et le Palais des Congrès. La statue équestre du troisième roi des Belges, Albert Ier, fait face à la statue en pied de la reine Elisabeth, son épouse.

 

L’ensemble paraît toutefois bien peu harmonieux dans sa conception. Voilà ce qu’en dit Jean d’Osta :

 

« Le pittoresque et délicieux Mont des Arts qu’ont connu les Bruxellois d’âge mûr n’est plus aujourd’hui qu’un banal jardin plat et carré, entouré des vastes bâtiments de la nouvelle Bibliothèque Royale, du Palais des Congrès et, du côté nord, d’une rangée d’immeubles administratifs surmontant de beaux magasins avec trottoirs sous arcades. Cette suite de magasins est malheureusement séparée du square de verdure par un large autodrome où les voitures foncent en quatre rangs, à sens unique, vers le haut de la ville. » (Jean d’Osta).  

 

L’on ne peut dès lors s’empêcher d’éprouver une certaine nostalgie à l’égard de l’ancien Mont des Arts, de ses jardins et de ses cascades d’eau, que tous ceux qui, comme moi, sont nés après 1965, n’ont hélas connu que sous forme de photographies.

 

Seule l’arcade qui supporte une horloge animée et illustrée de figurines historiques et folkloriques, attire réellement notre sympathie. L’horloge du Mont des Arts est flanquée d’un petit jacquemart, c’est-à-dire un petit bonhomme qui frappe les heures avec un marteau. Les figurines qui l’entourent marquent les heures sur une grande rosace. Le carillon de 24 cloches joue –ou devrait jouer…- ainsi en alternance.

 

Jadis, la « Steenweg », la vieille Chaussée de pierre, passait par le Mont des Arts.

 

Le Mont des Arts : historique.

 

Sur ce versant du Coudenberg se situait jadis le « quartier Saint-Roch » qui, jusqu’au 15e siècle, se nomma « quartier des Juifs ». Selon certaines sources (Histoire secrète de Bruxelles, p. 39), l’actuel Mont de Arts aurait aussi porté nom de Montagne des Aveugles. La principale artère de l’actuel Mont des Arts était jadis la rue « Montagne de la Cour » qui commençait rue de l’Empereur (actuel boulevard de l’Empereur) et rue Cantersteen, pour finir place Royale.

 

Au début du 19ème siècle, « à l’endroit qu’occupe le Mont des Arts, existaient des ruelles populeuses : la rue Ravenstein, l’ancienne, avec ses pignons à redans, ses cours à arcades gothiques pareilles à des patios sévillans ; la rue des Trois-Têtes où un vieil estaminet de même nom voisinait avec le coiffeur Henri, dont la maison s’ornait d’un réverbère du temps de l’éclairage à l’huile ; la rue Notre-Dame, avec ses larges escaliers et ses garde-fous de fer forgé qui lui donnaient un aspect liégeois. Pour aller de la place Royale à l’Hôtel de Ville, il fallait emprunter un de ces nombreux escaliers de pierre, dit escaliers des Juifs, et qu’on trouve encore aujourd’hui entre la rue des Minimes et la rue Haute. » (« Bruxelles, notre capitale », p.40)

 

C’était, à cette époque, le beau quartier de Bruxelles, le quartier du commerce de luxe. Mais, nous dit Eugène Bochart, à la moitié des années 1850, soit depuis une vingtaine d’années, la rue Montagne-de-la-Cour « a considérablement perdu de son importance, et le commerce a descendu rue de la Madeleine et rue du Marché-aux-Herbes. Divers projets ont été élaborés et présentés au conseil communal pour rendre la vie à la Montagne-de-la-Cour. Ce n’est plus maintenant qu’une question de temps. Ce quartier, quoi qu'on fasse, doit être le centre de l’industrie et du commerce de luxe : les positions centrales ne peuvent que gagner par les améliorations projetées. Le problème à résoudre est la diminution de la pente ; cette question traitée, le reste peut être abandonné sans danger à l’industrie privée. » Réorganiser la Montagne-de-la-Cour fut toutefois moins simple que ne le pensait Eugène Bochart…

 

En 1879, le Conseil communal de Bruxelles envisagea de relier le haut de la ville au niveau de la Senne au moyen d’une large artère carrossable. Un projet qui fit long feu !

 

A la fin du 19e siècle, « ce quartier Saint-Roch comportait une dizaine de ruelles populeuses, et, notamment, la rue des Trois-Têtes, la rue Notre-Dame, comparable aux raidillons liégeois avec ses larges escaliers et ses garde-fous en fer forgé, l’étroite rue Ravenstein et la pouilleuse rue Saint-Roch. Ce quartier était tristement célèbre par ses estaminets mal famés et ses cours intérieures à arcades gothiques (et à filles légères. » (Jean d’Osta)

 

En 1883, il fut décidé de raser ce chancre afin d’y établir un large « boulevard descendant », des jardins publics et un vaste temple consacré aux beaux-arts : salle de concerts, d’expositions, de théâtre… Mais il fallut encore attendre quatorze années de discussions et de négociations parfois véhémentes entre le bourgmestre Charles Buls et le gouvernement belge, pour que commencent les travaux de démolition.

 

Ainsi, en 1894, un incident assez grave opposa la Ville de Bruxelles au gouvernement belge. De fait, ce dernier, moyennant un subside de 450.000 francs belges, voulait imposer à Bruxelles, ses propres plans de la voie carrossable dont le projet avait été lancé en 1879. Au nom de l’autonomie communale, Charles Buls envoya paître le gouvernement belge !

 

En 1897, les travaux de démolition commencèrent enfin et, en 1900, il n’y avait plus entre la rue des Sols et la rue Montagne-de-la-Cour, qu’un horrible terrain vague couvert de pierraille et d’orties… Quant aux discussions politiques sur l’avenir de ce site, elles reprirent de plus belle ! Les plans succédèrent aux plans, mais on ne parvint guère à se mettre d’accord. Les plans des futurs musées et des futures salles des beaux-arts restaient dans les cartons. Le chancre urbain subsista durant une dizaine d’années encore et c’est alors que le roi Léopold II, ulcéré de constater qu’aucun progrès n’avait été réalisé, exigea que les ruines soient au moins rasées avant l’exposition universelle de 1910. Il fut fait ainsi.

 

En 1908, de grands travaux furent entrepris pour la construction du boulevard de la célèbre et destructrice Jonction Nord-Midi, pour la rénovation de l’ancien quartier des Juifs (la Montagne de la Cour donc) et pour la création d’un vaste palais destiné aux Beaux-Arts. La Jonction avait nécessité la destruction des quartiers Isabelle, Terarcken et Saint-Roch et il fallait à présent, en urgence, panser les multiples plaies du quartier.

 

« Un jardin provisoire est aménagé par l’architecte Jules Vacherot entre 1908 et 1909, en prévision de l’Exposition universelle de 1910 qui doit se tenir à Bruxelles. Et c’est une réussite : tout en ondulation et en respiration, le jardin alterne parterres et terrasses reliées par des escaliers, il est agrémenté de fontaines et de sculptures de Godefroid Devreese et Josué Dupon. » (Bruxelles disparu, p.65). En 1935, ce superbe aménagement était encore décrit comme un ensemble harmonieux de jardins et de chutes d’eau. Il fut inauguré en 1910, en même temps que l’Exposition universelle, sous l’appellation de square du Mont des Arts.

 

Mais voilà, au lieu de le conserver, l’œuvre de l’architecte parisien Vacherot, dessinée à l’initiative de Léopold II et ayant été déclarée « temporaire », fut anéantie à son tour… Il est vrai que ce jardin n’était destiné qu’à durer les quelques mois de l’Exposition, mais il s’imposa naturellement à l’affection des Bruxellois « par son harmonie parfaite, son élégance, son utilité, son charme. Il était une bénédiction pour les promeneurs, pour les enfants, pour les amoureux, pour les artistes. Il a duré 45 ans, toujours provisoire, toujours menacé, toujours aimé. » (Jean d’Osta)

 

Pour le plus grand malheur des Bruxellois, de nombreux projets de reconstruction furent mis sur la table, et ce dès les années 1930 (en liaison avec les travaux de la monstrueuse Jonction Nord-Midi). Et, en 1937, l’on opta finalement pour la laideur urbanistique et architectural d’allure soviétique… La construction de ce complexe qui comprend aujourd’hui, outre les jardins dans lesquelles chuintent des fontaines qui ne sont plus qu’un lointain souvenir des cascades d’antan, le Palais des Congrès, la Bibliothèque nationale dite de l’ « Albertine », des bureaux (évidemment…), une galerie commerciale (le verre et le métal s’ajoutèrent au béton, les prix flambèrent et les mentions en anglais se répandirent…) , sans oublier…un parking.

 

La construction de cette « chose » se fit par étapes (histoire de définitivement anéantir le vieux quartier…) dans les années 1950 et 1960. Au début des années 1950, le jardin du Mont des Arts apparaît déjà en partie désaffecté et avait d’ores et déjà été condamné, contre l’avis de la population bruxelloise : « Lorsqu’il fut sérieusement question de le supprimer, en 1951, pour le remplacer par une place carrée et plane recouvrant de vastes garages, il y eut d’unanimes et véhémentes protestations de tous les milieux artistiques et intellectuels. Des campagnes de presse ardentes alertèrent la population ; Louis Quiévreux, en particulier, dépensa généreusement son talent et sa fougue. Rien n’y fit. Le ministre « compétent » (un provincial, évidemment) imposa son projet. Tout au plus parvint-on à sauver in extremis la vénérable chapelle gothique dite « de Nassau » (incorporée aujourd’hui dans le grand édifice de la Bibliothèque Royale). En 1955, on rasa ce joli Mont des Arts cher à nos cœurs, comme l’appelait Louis Quiévreux dans le titre d’une brochure qu’il publia pour tenter de le sauver. Et à grands renforts de pelles mécaniques, on nivela la colline du Coudenberg. » (Jean d’Osta). Les travaux prirent fin en 1965.

 

Au début des années 1950, Louis Quiévreux nous décrivait encore ainsi le Mont des Arts :

 

« A deux pas du parc (ndr : de Bruxelles), le Mont des Arts est un havre de repos et d’élégance. Malheureusement, depuis longtemps, les otaries de ses fontaines sont sans eau. Elles languissent. Les castors, eux, accueillent toujours sur leur dos de bronze les bambins qu’on mène prendre l’air sur la belle colline, provisoire depuis 1910. Quarante ans d’un provisoire harmonieux et riant. » Et l’auteur d’évoquer les menaces qui pèsent déjà sur le Mont des Arts : « Et pourtant, cette aimable colline est menacée. Des dossiers volumineux contiennent son arrêt de mort au profit de l’Albertine (ndr : réalisée en 1958). Depuis des années déjà, l’épée de Damoclès guette les robiniers faux-acacias, les saules pleureurs, les marches pailletées si gaies à descendre vers la cuve de l’Hôtel de ville. » (« Bruxelles, notre capitale », p.39) Et l’auteur de s’interroger (idem, p.41) : « Mais est-ce bien vrai que nous allons le perdre, après avoir perdu le quartier Isabelle, celui de la Putterie et celui des Ursulines ? »

 

Oui, Monsieur Quiévreux, nous l’avons perdu…

 

Trois rues aujourd’hui disparues.

 

-La rue des Trois-Têtes commençait à la Montagne de la Cour et finissait rue Saint-Roch. Elle porta jadis le nom de l’Héritage de l’Amman et de rue de Saint-Jean. On y trouvait une maison sur la porte de laquelle étaient sculptées trois têtes en bois qui lui donnèrent son nom jusqu’au jour de sa disparition. Rue mal famée, peuplée de filles de joie et de vagabonds, elle fut de tous temps un genre de carrefour. Il est dit qu’une des maisons de cette rue était bâtie sur un souterrain, destiné à conduire à la Senne les eaux usées. Un jour, alors qu’un jeune homme frappait à la porte de cette masure, un mendiant lui demanda la charité. Avant d’entrer, le jeune homme laissa tomber une pièce de trois livres dans sa sébille, avant de lui glisser un papier tout en lui recommandant de revenir à cette adresse le lendemain. Mais le mendiant eut beau venir et revenir le jour et les jours suivants, le jeune homme semblait avoir disparu. Le mendiant raconta ce qu’il savait et la police qui finit par opérer une descente sur les lieux, mais on ne trouva pas le moindre indice accusateur. Un jeune homme était venu et était reparti, on n’en savait pas plus. Le mendiant insista et de nouvelles perquisitions furent entreprises et c’est là qu’on découvrit que la maison communiquait au moyen d’une trappe occultée, avec le souterrain. De ce dernier, on retira un cadavre : celui de notre malheureux jeune homme… Les assassins, femmes et hommes, finirent par avouer leur crime, commis, nous dit Eugène Bochart, « dans des circonstances d’un raffinement si atroce que la plume ne peut les décrire, et que l’imagination d’un homme honnête se refuserait à les concevoir »… Les criminels furent livrés au bourreau et la maison fut rasée.

 

-La rue Notre-Dame commençait Montagne de la Cour et finissait rue Terarken et rue des Sols. Cette artère faisait autrefois partie des « Escaliers des Juifs » et se nomma d’abord « rue des Juifs » ou « rue du Juif ». De fait, avant sa destruction, la rue Notre-Dame était encore garnie d’une rampe et de marches en bon état. Sous le régime français (1794-1814), elle reçut le nom de « rue de la Renommée ».

 

-L’ancienne rue Saint-Roch commençait rue Cantersteen et finissait rue des Trois-Têtes. Elle est décrite par Eugène Bochart, à la moitié du 19e siècle, comme une simple ruelle de communication entre la Cantersteen et la rue des Trois-Têtes (au sujet de Saint-Roch à Bruxelles, voir également notre article …. ). Pendant la Révolution elle fut rebaptisée « rue de l’Innocence ».

 

L’Exposition universelle de 1910.

 

L’Expo.

 

L’Exposition universelle de 1910 se déroula à Bruxelles du 23 avril au 1er novembre de cette même année. Ce fut la troisième exposition de ce type accueillie par notre ville. Elle fut consacrée à la mise en valeur des réalisations industrielles, commerciales et coloniales de la Belgique. Déployée sur près de 90 ha et accueillant près de 29.000 exposants, elle attira environ 13 millions de visiteurs. L’Exposition se déroula sur le plateau du Solbosch, au Cinquantenaire et à Tervueren, où fut organisée une Exposition coloniale. Ajoutons qu’au square du Solbosch se trouvait aussi un village pittoresque, Bruxelles-Kermesse, évocation d’un Bruxelles d’antan, en voie de disparition (déjà…).

 

L’incendie.

 

Mais le dimanche 14 août 1910, à 8h45, un incendie se déclara au-dessus de l’aile gauche du palais belge, tout près de Bruxelles-Kermesse. Une haute flamme apparut et la corniche de ce bâtiment fut la première à brûler. Le feu se répandit en quelques secondes, si bien que la foule présente resta comme pétrifiée, avant de céder à la panique ! Le feu devait détruire la totalité du grand palais central, Bruxelles-Kermesse, de même que le pavillon britannique et les stands français (la section française ne fut pas détruite entièrement : le feu s’arrêta devant la grande statue représentant la République…). L’intervention des pompiers, intervenus avec lances d’incendie, échelles, pompes à vapeur et même une autopompe apparut presque désespérée. Au-dessus du terrain d’exposition du Solbosch se répandit bientôt un sinistre nuage de fumée.

 

Et voilà que le jardin zoologique Bostock brûle à son tour ! Si les animaux inoffensifs ont déjà été mis à l’abri, que faire des autres ? On les laisse sur place… On n’ose faire usage des armes par crainte de toucher les pompiers ou le personnel. Les gendarmes restent là, fusils braqués, mais inutiles, jusqu’au dernier rugissement de douleur… Ne subsistent plus de « Bostock zoologie » que les grilles tordues et rougeoyantes des cages, de même que les restes ratatinés ou calcinés des animaux, dont trois cadavres de crocodiles qui paraissent presque intacts mais qui n’en n’ont pas moins succombés aux flammes.

 

D’heure en heure, l’incendie poursuit ses ravages dévastateurs et s’étend même à une quinzaine d’habitations privées. Mais à 14h30, tout danger d’extension du sinistre est enfin écarté, après près de six heures de lutte contre le feu. Si, à cette occasion, les services de secours firent preuve de bonne volonté, leur efficacité, par contre, laissa quelque peu à désirer. L’Expo, elle, se poursuivit. « La Belgique perdit 40.000 m² de surface d’exposition, mais gardait heureusement 20 .000 m² dans le hall des machines et du chemin de fer, ainsi que 12.000 m² dans divers pavillons et jardins. Le Vieux-Bruxelles avait perdu ses 60.000 m², mais le restaurant « Au Chien Vert » existait toujours et rouvrait ses portes le lendemain de l’incendie. Des 90 ha de l’espace d’exposition, environ 12 ha étaient anéantis. » (Expo 1910, l’incendie, p. 86).

 

Survivance.

 

Si, comme nous l’avons vu, le Mont des Arts, édifié pour les besoins de l’Expo 1910, a été sottement détruit,  le prestigieux Hôtel Astoria, sis rue Royale n°101-103, est une survivance de cette époque.

 

 

Eric TIMMERMANS.

 

 

Sources : « Bruxelles, notre capitale », Louis Quiévreux, PIM-Services, 1951 / « Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles », Jean d’Osta, Le Livre, 1995 / « Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles » (1857), Eug. Bochart, Editions Culture et Civilisation, 198, p.307 / « Dictionnaire d’Histoire de Bruxelles, S. Jaumain, Prosopon, 2013 / « Histoire secrète de Bruxelles », Paul de Saint-Hilaire, Albin Michel, 1981 / « Promenades bruxelloises, la première enceinte », Ville de Bruxelles, Cellule Patrimoine historique / « Le Mont des Arts », Bruxelles disparu, Marc Meganck, 180° Editions, 2013, p. 64-65 / « Expo 1910, Bruxelles, l’incendie », I. Van Hasselt, J. Stevens, 1980.

François Anneessens

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anneessens

 

C’est un colporteur Bruxellois qui servit de modèle à Thomas Vinçotte pour la statue.

Cette dernière qui fut inaugurée en 1889 en présence d’une foule énorme.
Source : programme de la kermesse de 1960 – J. COPIN.

 

 

                                    LA RESISTANCE D’ANNEESSENS

 

 

 

1. Une place et sa statue.

 

Si on longe le boulevard Lemonnier, sur le trottoir de droite, en venant de la Bourse, on échoue inévitablement sur une place au milieu de  laquelle se dresse une statue somme toute aussi anodine et banale que ne l’est ce quartier devenu sans réel intérêt, celle d’un certain François Anneessens, Doyen des métiers de Bruxelles. Celui-ci, comme son nom l’indique, a donné son nom au lieu.

Rappelons toutefois que cette place se nommait jadis « place du Vieux Marché ». Or, si vous évoquez ce nom aujourd’hui, à Bruxelles, personne ou presque ne l’associera à la place Anneessens, mais bien à la place du Jeu de Balle située dans le quartier de la rue Haute. Il se trouve qu’à l’origine, le « Vieux Marché de Bruxelles » était établi sur l’actuelle place Anneessens. Ceci explique cela.

 

Dès l’an 1639, date à laquelle la ville autorisa l’installation en ce lieu d’un « marché perpétuel de vieilleries », celui-ci se tint, sur une surface de terre battue, tous les jeudis et vendredis, de l’aube à la nuit tombée. On y tenait commerce de vieux vêtements ainsi que de brocante.

 

Le 27 mai 1812, sous le Ier Empire, autorisation fut officiellement donnée aux fripiers de s’établir et d’étaler sur les voies publiques, jusqu’à la rue d’Anderlecht. Les marchands de « brol » (bric-à-brac, en bruxellois) firent leur ce quartier qui eut longtemps la réputation d’être le paradis des brocanteurs.

 

La place du Vieux Marché fut entièrement pavée en 1842 et devint, en 1870, la place Joseph Lebeau. En 1873, il semble que la vue de ce marché populaire commença à choquer les regards des édilités et des élites bruxelloises, au point qu’elles décidèrent de transférer den â met (le Vieux Marché, en bruxellois) à la place du Jeu de Balle. Cachez cette plèbe que je ne saurais voir. Et ainsi fut-il fait.

 

En 1889, on décida d’ériger sur cette place une statue de François Anneessens qui allait désormais, tout naturellement, donner son nom au lieu. Certes, me direz-vous, mais sur quelle base a-t-on pu recréer le visage de cet Anneessens dont vous ne nous avez encore rien dit ? Prenez patience, il me faut d’abord vous expliquer l’origine du visage de la statue : c’est simple, on ne le récréa pas, on le créa sur base d’un modèle. Et quel modèle ! De fait, le visage que l’on a donné à la statue d’Anneessens (œuvre du sculpteur Thomas Vinçotte) n’est autre que celui d’un certain Bernard Braekman, marchand ambulant de « caricoles » (petits escargots autochtones de couleur noire, que l’on sert bouillis) qui était tellement fier d’être ainsi passé à la postérité qu’il se faisait lui-même appeler Anneessens ! En cette année du centenaire de la Révolution, grâce à Bernard Braekman, le bon peuple de Bruxelles reprenait possession de cette « place du Vieux Marché » dont on avait cru bon l’évincer une quinzaine d’années plus tôt.

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Merci à Raymond Van Thournout pour l'image

Bien que le Vieux Marché ait été transféré à la place du Jeu de Balle, comme nous l’avons dit, la population bruxelloise continua longtemps à désigner la place Anneessens sous le nom de « Vieux Marché ». Cet usage s’est totalement perdu de nos jours.

 

2. Vous avez dit « caricoles » ?

 

Au fait, puisque nous en sommes à parler de « caricoles » (ou karikol, karrekol, karakol…), il convient de remettre les pendules à l’heure. Aujourd’hui, en déambulant dans les rues de Bruxelles, surtout à la saison touristique, vous pourrez voir nombre de vendeurs d’escargots, mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit là que rarement de vraies « caricoles ». Ce terme désigne précisément les bigorneaux (de couleur noir) et plus précisément l’espèce Littorina littorea, et non point les buccins qui sont cinq fois plus gros. Il arrive toutefois de plus en plus souvent, hélas, que l’on use du terme « caricoles » pour désigner les buccins ou bulots (Buccinum undatum). Certes, depuis le XVIe siècle, suite au percement du canal de Willebroeck qui relie Bruxelles au Rupel, les Bruxellois ont pris l’habitude de consommer nombre de produits de la mer et pas seulement des bigorneaux. Toutefois, dans la nomenclature bruxelloise de cette gastronomie marine, les gros buccins n’ont jamais porté le nom de « caricoles » mais vraisemblablement celui, particulièrement étrange, de chenuesekluete, c’est-à-dire…testicules de chinois (« Caricole », wikipédia, 25 mai 2010). Ce sont ces derniers, cuits dans un bouillon relevé, que l’on vous sert aujourd’hui le plus généralement dans les rues de Bruxelles. Quant à savoir d’où nous vient ce nom de « caricole » : « Ne recherchons pas dans le dictionnaire le nom de ce dernier vocable. Il a été conservé au quartier des marolles depuis l’occupation espagnole et désigne cette variété d’escargots connue en France sous le nom de « petits gris ». » (Le Vieux Koekelberg, Folklore brabançon n°151, sep. 1961, Joseph De Mul, p. 371)

 

3. Anneessens : d’une rue l’autre.

 

On connaît également une « rue Anneessens », que l’on trouve à peu de distance de là, entre la rue de la Senne et la place du Jardin aux Fleurs.

 

Toutefois, ce ne fut pas la première artère bruxelloise à porter le nom de l’héroïque Doyen des métiers de Bruxelles. De fait, ce sont les révolutionnaires français qui, débaptisant systématiquement toutes les appellations faisant référence à la religion ou à la noblesse, décidèrent de rebaptiser la rue d’Arenberg du nom d’Anneessens. De fait, la résistance de celui-ci au pouvoir impérial autrichien donna aux révolutionnaires l’idée de lui rendre hommage en tant que héros du peuple, à l’exemple d’un Etienne Marcel (prévôt des marchands de Paris qui, au 14e siècle, prendra la tête d’un mouvement réformateur cherchant à instaurer une monarchie contrôlée ; Etienne Marcel a donné son nom à une station du métro parisien et une statue équestre a été élevée en son honneur, près de l’Hôtel de Ville de Paris) qui devint un mythe républicain à la fin du XIXe siècle. Toutefois, dans un cas comme dans l’autre, l’image que l’on a voulu donner de ces personnages correspond vraisemblablement peu à leur réalité historique véritable.

 

En 1814, lorsque les Français furent contraints au retrait, le nom des d’Arenberg retrouva la place sur la plaque de rue (qui prolonge les rues de l’Ecuyer et de Loxum) qui lui est encore dédiée aujourd’hui. Exit donc, François Anneessens, l’ « homme du peuple » !

 

Il fallut ensuite attendre l’année 1851 pour que le Conseil communal de Bruxelles songe enfin à honorer à son tour la mémoire d’Anneessens, en donnant à une « rue du Moulin », qui avait été tracée dans les années 1840 et qui se situait dans le quartier de l’île Saint-Géry, le nom d’Anneessens qui est encore le sien aujourd’hui. La rue Anneessens ne sera entièrement bâtie que vers les années 1880-1890.

 

Mais qui était François Anneessens ?


4. François Anneessens.

 

François Anneessens (1660-1719) était ardoisier-tourneur de son état et le Doyen des métiers de Bruxelles. Il était membre du corps de métier connu sous le nom de Quatre-Couronnés, auquel appartenait la maison n°18 de la Grand-Place dite « la Colline », il était aussi capitaine du Grand Serment des Arbalétriers et membre du conseil de fabrique de l’Hôpital Saint-Jean. Anneessens vécut rue de l’Hôpital (n°17).

 

A cette époque, Bruxelles faisait partie des Pays-Bas autrichiens et dépendait de l’autorité de l’empereur Charles VI. Ce dernier nomma, comme gouverneur général, un homme du nom d’Hercule Turinetti, marquis de Prié, qui devait se montrer particulièrement maladroit dans l’exercice de ses fonctions. Comme les métiers refusaient catégoriquement de renoncer à leurs anciens privilèges et qu’on voulait les y forcer, une insurrection populaire éclata à Bruxelles, en 1718. Devant cette forte réaction bruxelloise, Turinetti céda temporairement aux exigences de la foule, puis revint sur les concessions qu’il avait faites avant, finalement, de faire arrêter François Anneessens.

 

Le nom de Borgval est aujourd’hui encore donné à une rue du centre de Bruxelles qui se situe dans le prolongement de la rue des Pierres, au-delà du boulevard Anspach. Cette artère, qui communique avec la rue et la place Saint-Géry, est généralement considérée comme le berceau de la ville de Bruxelles. Or, c’est également dans cette rue, qui était jadis une impasse, qu’au temps d’Anneessens se réunissaient, dans un estaminet nommé « La Lanterne d’Or » (Luytens) ou « Borgval » (Bochart), les représentants des métiers de Bruxelles. Et c’est là, dit-on, que se trouvait François Anneessens, le doyen des métiers, lorsqu’il fut arrêté et reçut l’ordre de se rendre chez le marquis de Prié.

 

Aujourd’hui encore, la « Tour du Coin », un vestige de la première enceinte situé au coin du boulevard de l’Empereur et de la rue de Rollebeek, porte le nom de « Tour Anneessens » parce que l’on suppose que le Doyen des métiers de Bruxelles y fut emprisonné, alors qu’en toute logique, il a vraisemblablement été incarcéré, du 14 mars au 19 septembre 1719, dans la Steenpoort (=Porte de pierre), soit l’une des sept anciennes portes, aujourd’hui toutes disparues, de la première enceinte de Bruxelles, qui s’élevait jadis au bas de la rue de Rollebeek. De fait, avec l’Amigo, la Steenpoort constituait alors l’une des deux prisons de Bruxelles.

 

Pour l’anecdote, ajoutons que c’est dans la Steenpoort, qui était reliée par des couloirs à la « Tour du Coin », qu’était, en outre, organisée la torture des prisonniers, raison pour laquelle on l’avait surnommée, en bruxellois, Pijntorre, la « tour des douleurs ».

 

Finalement, les doyens acceptèrent de payer le nouvel impôt mais Anneessens ne voulut rien entendre et continua de résister, aussi fut-il condamné à mort.

 

Le 19 septembre 1719, François Anneessens était décapité sur la Grand place, devant la Maison du Roi, puis inhumé en l’église Notre-Dame de la Chapelle. Son mémorial se trouve contre le pilier d’entrée de la chapelle du Saint Sacrement.

 Eric TIMMERMANS.

 
Sources : Bruxelles, notre capitale, Louis Quiévreux, PIM-Services, 1951, p. 18, 153-154, 325. / Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Jean d’Osta, Le Livre, 1995 / Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles (1857), Eug. Bochart, Editions Culture et Civilisation, 1981 / Ils ont choisi Bruxelles, Daniel-Charles Luytens, Noir Dessin Production, 2004 / Promenades bruxelloises, la première enceinte, Ville de Bruxelles, Cellule Patrimoine historique.

Les Fontaines de Bruxelles (10)

Schaerbeek

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Schaerbeek
anciennes cartes postales

 

 

 

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Carte 1

 

 

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Carte 2

 

 

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Carte 3

Aujourd'hui la rue de Quatrecht

 

 

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Carte 4

Cette église date du dix-neuvième siècle et est l'oeuvre de Louis Overstraeten.

 

 

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 Carte 5

Inauguré le 15 août 1865 et sera détruit par un incendie en août 1897.

 

 

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 Carte 6

 

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Carte 7

 

La rue L'Olivier, nom d'un valereux militaire qui né en 1792 à Bruxelles servi dans l'armée de la République  Française.

 

 

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Carte 8

Cette impasse insalubre était située rue  l'Olivier

 

 

 

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  Carte 9

 

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 Carte 10

rue empruntée par nos Rois pour aller au boulot

 

 

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 Carte 11

 

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 Carte 12

 

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Carte 13

Le 27 mars 1871, le conseil communal approuvait la convention conclue avec le BELGIAM STREET RAILWAY and OMNIBUS Cy pour l'établissement de la première ligne de tram de Schaerbeek.

 

 

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Carte 14

Un dernier coup d'oeil à la rue du Brabant : le tram à cheval ne risque pas d'écraser ni le livreur de la boulangerie, ni la dame qui s'apprête à traverser la rue.

 

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Carte 15

De quoi M. STEYAERT; pouvait-il être fier ? De ses suberbes machines à broder, dernier cri du progrès.

 

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 Carte 16

Il avait une bonne clientèle, Léopold FEYENS, au coin de la place Liedts.

 

 

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Carte 17

Les deux passerelles remplaçant de vieux passages à niveau reliaient la rue de Cologne (rue d'Aerschot) à la rue du Progrès.

 

 

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Carte 18

Le Goulot de la Mort ou comme disait le bourgmestre KENNIS "le moulin à saucisse"

 

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 Carte 19

 

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 Carte 20

 

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Carte 21

Au coin de la rue du Progrès - "Le Café Brasserie des Deux-Ponts"

A droit le cheval de renfort qui aidera son congénère à faire franchir au tram la pente assez forte vers les ponts qui franchissent les voies de chemin de fer.

 

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Carte 22

La rue du Gallait, qui était qu'amorcées en 1866, est très tôt devenue une grande artère commerçante.

 

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 Carte 23

Sept rues se rencontrent place Pavillon, où passe le tram à cheval

 

 

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 Carte 24

nous avons traversé la place et devant nous s'ouvre la rue Gallait avec, à gauche, la rue des Ailes et la rue Quinaux.
Au trois coins les noms ont changé ; le pharmacien s'appelle Théâtre, le café Brasserie es l'Horloge et la boulangerie porte le nom de Sitoor.
De nos jours (2010) alles es weg !

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 Carte 25

Nous regagnons le haut de la commune et, de la place Lehon, nous voyons la maison communale. La gardes-civiques est présente.

 

 

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 Carte 26

Le 9 place Colignon, en face de l'hôtel de ville, est aujourd'hui une maison privée.
Au début du siècle (1900), c'était le décor à la René Clair "LA BRASSERIE DE LA BECASSE" de G. FLON, qui tenait une pension bourgeoise.

 

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 Carte 27

Le tram vicinal venant d'Haecht, le "Boerentram", salue d'un jet de vapeur l'hôtel communal. Contruit en plein champ en 1887.

 

 

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 Carte 28

Le 17 avril 1911, un incendie ravagea l'hôtel communal.
Nombreux ont été les habitants de la commune qui participèrent au sauvetage du mobilier.

 

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 Carte 29

La police a réquisitionné une remorque d'un vicinal pour y organiser une permanence.

 

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 Carte 30

Le buste du roi est Sauf... OUF

 

 

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 Carte 31

Pour cette occasion on put voir le courage des pompiers schaerbeekois, un corp de volontaires formé en 1878 et qui était commandé, par M. Joseph MELAERTS.
Ci-dessus le jeune lieutenant PANIELS et son chef.

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 Carte 32

 

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 Carte 33

 

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 Carte 34

La reine Marie-Henriette, femme de Léopold II, aimait beaucoup les chiens griffons.
Passant un jour par la place Liedts, elle suivit une servante qui promenait trois griffons havanais. Le propriétaire habitait rue Vandeweyer, galament, il offrit à la reine le plus jeune des trois, fils des deux autres.
Très souvent par la suite la reine se rendit rue Vandeweyer pour permettre à son griffons de dire bonjours à ses parents.

 

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 Carte 35

Avec les rochers artificiels disposés sur ses pentes, l'endroit évoquait un coin célèbre de la ville de BERNE et il fut bientôt connu de tout Bruxelles sous le nom de
"CAGE AUX OURS"

 

 

 

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 Carte 36

Dans le jardin de la "laiterie WARANDEVELD" tenu par le marchand de beurre VAN AERSCHOT, on allait déguster des tartines au fromage blanc, des omelettes, du lait bien frais et comme de bien entendu, de la bière.
Le bon air à la campagne quoi.

 

 

 

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Carte 37

"TUT TUT TUT,  do de train en de stousse goe vouch"
En souvenir de mon beauf André Hofmans

  

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Carte 38

 

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Carte 39

 

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Carte 40

A l'angle des rues Chaumontel et Zénobe Gramme, les bâtiments de l'institut de la Sainte-Famille cachent aux passants les restes du château Helmet.

 

 

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Carte 41

La rue du Tilleul, séparant Schaerbeek d'Evere, reliait le hameau d'Helmet à la chaussée de Louvain.

 

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 Carte 42

Avec de-ci de-là une remise abritant la charrette qui chaque matin, emportait un chargement de légumes à destination des marchés de Bruxelles.

 

 

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 Carte 43

La rue de l'Agriculture (et non de l'Horticulture) traversait la chaussée d'Helmet et la chaussée d'Haecht, parrallèlement à la rue du Tilleul.

 

 

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 Carte 44

La rue du Lion, qui aboutissait à l'avenue Monplaisir, a disparu au cours de l'aménagement des terrains devant la gare et de la rue Anatole France. (1907-1908)

 

 

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 Carte 45

Le Baron ROOSE s'était fait contruire à Helmet un joli château qu'il baptisa "MONPLAISIR".

Bonaparte et Joséphine y étaient venus passer les troupes en revue (27 septembre 1803).

 

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 Carte 46

On n'a pas dû faire un grand effort d'immagination pour baptiser cette rue, dont les fermes sont construites selon le type dit "façade longue", le plus répandu dans cette partie de la région Bruxelloise.

 

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 Carte 47

 

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 Carte 48

Le Nieuwen Vos, ( à droite) avec sa prétentieuse façade de briques et les glaçes ornées de son rez-de-chaussée nous attire certes moins que son vis-à-vis "in de Vos" chaulé, ou l'auberge "In de Zwaluw"

 

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Carte 49

La rue ou la chaussée reste inconnue?

 

 

 

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 Carte 50

 

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 Carte 51

Il n'est pas loin de midi, le garçon-boucher rentre de sa tournée de livraison et deux ménagères sont allées chercher à l'école les deux petites filles.
Au fond, la chaussée fait un coude où débouche, à gauche la rue de la Bruyère.

 

 

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 Carte 52

Tout en remblai, le premier tronçon du boulevard Lambermont date de 1906.

Sa création à nécessité la contruction de plusieures ouvrages d'art, dont ce pont qui enjambe la chaussée d'Haecht

 

 

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 Carte 53

Bordant le boulevard Lambermont, l'hôpital dont la construction décidée en 1894, fut confiée à l'achitecte KUHNEN fut ouvert aux public le 23 septembre 1905.

 

 

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Carte 54

Au long du ruisseau qu'alimentait une source très pure, quelques guinguettes s'étaient établies entres les taillis et à l'ombre des grands arbres.
Mi paysans, mi cabaretiers, leurs habitants menaient  une vie laborieuse.
Pour les enfants la vallée étaient un vrai petit paradis

 

 

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 Carte 55

Vue générale de la vallée Josaphat vers 1884, prise vers le village de Schaerbeek.
A l'avant plan à droite, le chemin suivant la vallée, à gauche, le château d'amour, au fond d'une drêve l'accès. A droite la propriété Martha entourée d'un mur.

 

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 Carte 56

A l'horizon, la silhouette de l'hôtel de ville.
Adroite la maison du garde barrière qui veillait sur le passage à niveau de la petite rue au Bois.

 

 

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 Carte 57

Montant la garde à l'entrée de la vallée Josapha, l'ancien château des VAN WAELHEM, bâti au seizième siècle.

 

 

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 Carte 58

Entre deux plateaux couverts de cultures maraichères, la vallée avait gardé sa parure sylvestre!

Lesc paysans des alentours venaient y chercher le bois, comme autrefois

 

 

Moules

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Moules, un pistolet, "mostout saus" et un petit verre de vin blanc.
30 moules pour Madame et 20 pour monsieur ;)

(le citron, c'est pour le fun)

 

 

Moules.jpg

Photo de juillet 2017.

Les Bruxellois à la Mer.

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 sujet de décembre 2008.

Les Bruxellois prennent l'air à la mer

 

 

 

Les Plages Belges-1

 

Départ en Bus

 

Maurice + Swa + Jojo +  De Joncker

A 1 - Swa "de Pruimer" A 2 Maurice le marchand de journaux et le petit Ket, Jojo.

En Moto

 

oct j

 

En Side Car

Side Car1

 

Et en voiture (presque)

 

 

Et en voiture

Pierrot, en panne sur l'Autoroute de la mer 

 

Ostende

 

Les Parents de Guillaume Kekenbosch
et Jeannine sont déjà sur Place.

 

 

 

 

MES PARENTS ET MA FEMME A OSTENDE

 

Sans attendre de passer à la pension

 

 

 

La-Boule-d-Or

Boma Bich, met ses pieds dans l'eau.
C'est la première fois que la Boma de Nelly, voit la mer.

 

 

boma_dans_l'eau[1]

 

 

Jean_et_r..[1]

A1 :Jean Bich A2 : Nelly A3 : René Liégeois le cousinde Bich.
B1: Jean B2: Anna, les parents de René. Les parents d'Anna ont tenu le café "Au Coq" de nombreuses années rue Montserrat avant Jean Bich. B3 : Rosine, ma mère.B4 : Harriette, une soeur de Wis du Papillon.

 

 

tram moustache ostende

Merci à Jeannine Goossens, pour la photo du tram de la mer.

 

 

 

Blankenberghe

 

 

francine à Blankenberg

francine un dimanche au bord de la mer du Nord

 

 

Arthur-à-la-mer

Arthur Baré

 

 

Les  PARENTS de Guillaume  à BLANKENBERG

Les Parents de Guillaume

 

 

 

 

Léon Pars, vacance juin 07+printemp 07 074

 

 

Léon Paris et son épouse

 

 

 

Middelkerke-1

 

 

Andrée et Marie-Jeane g

Andrée et Marie Jeanne

 

 

 

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Serge et la papa d'Arthur

 

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famille g

 

 

Westende

 

 

 

francine et ses deux enfants

francine et ses deux enfants

 

 

 

groupe ecole 1

 

 

Marie J

 

 

Marie Jea

 

 

 

Nieuport

 

 

Un Soldat à la Mer

 Pierrot - Caserne de Lombardsyde - 1962

 

 

Beeck 007

 

 

 

 

 

 

 

Marie Jean

 Andrée et Marie Jeanne

 

 

 

 

Une Bruxelloise à la Mer

 

 

 

Nieuport - Patrick et sa Maman

 

 

 

Heyst-Sur-Mer

 

 

à la mer-1

 

 

 La Maman de Serge et la photo ci-dessous Serge

 

 

 

à la mer-2

 

 

 Knocke-Sur-Mer

 

 

Jacky - merci à Guillaume Kekenbosch

 

 Le Ket de Jeannine et Guillaume - ci-dessous leur petit fils.

 

 

mer02 2003 3 Guillaume Keekenbosch

 

 

 

 

Et voilà la mer c'est fini

 

Et voilà, retour sur les grands Boulevards pour la Maman d'Andrée et son Mari.

 

 

 

 

 

 

 


Impasse Defuisseaux

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Photo 1

Une belle impasse bruxelloise, la plus belle selon divers chroniqueurs!
Sur la gauche, on devine l'inscription CONCIERGE, et en dessous sa loge ? 
le lieu est très propre et les gens correctement habillés. Ce qui surprend c'est la grille, qui interdit l'entrée du lieu ? 

Cela m'étonne, oui car j'ai lu à maintes reprises qu'un réglement de la ville de Bruxelles interdisait ça. Une impasse est un lieu public et à ce titre doit être accessible.

De nos jours, il ne reste plus rien de cette impasse, oui un trou, moche qui sert de sortie à...... Triste, triste. 

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Photo 2

Photo prise un jour de 1963 - La fin est proche, dans le fond de l'image un magasin de la rue Haute.

 

Photo 3

Impasse Deffuiseau.jpg

Photo 4

 

L'impasse Defuisseaux était presque en face de la rue de la Rasière (les anciens du quartier disaient de Zustervatstroet).


A droite en sortant passé la grille il y avait un magasin de la Coopérative Coop.
Rue Haute il y avait un autre magasin Coop à la Chapelle et un autre rue Blaes.

Je me souviens que j'y allais pour ma boma acheter le café qui à l'époque était moulu devant le client. Ma boma me recommandait bien de ne pas oublier les timbres de fidélité qu'on collait dans un carnet et une fois rempli donnait des avantages.

A gauche en sortant c'était le coiffeur "Jean".

Ecrit par Nelly Lallemand.

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Photo 5

Quelques années plus tard, un emplacement pour automobiles.

 

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Photo 6 - photo d'André Colard

Aujourd'hui, une entrée et sortie rue Haute pour les ambulances.

LES FONTAINES DE BRUXELLES (6) : PUCELLES ET SATYRES…

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LES FONTAINES DE BRUXELLES (6) : PUCELLES ET SATYRES…

La fontaine des Trois Pucelles.

 

pucelle 1000000.png

 
 
Pas facile de retrouver la trace de ces pucelles ! D’abord parce que l’emplacement de la fontaine d’origine pose problème. Ensuite parce que nos donzelles ne seraient tout simplement pas celles que l’on croit !
 
Premièrement, l’emplacement. Certains croient trouver la trace de cette fontaine à l’endroit où se dresse aujourd’hui l’une des « fontaines breugheliennes », à savoir celle qui représente la « Parabole des aveugles », rue au Beurre, près de l’entrée de l’église Saint-Nicolas.
 
 
 
Et de montrer un dessin qui, effectivement, représente une fontaine dont les niches sont occupées par des femmes des seins desquelles jaillit de l’eau. Des personnages l’entourent et semblent faire une farandole. La légende dit « Profanation des vêtements sacrés de l’Eglise de St-Nicolas par les Hérétiques à Bruxelles en 1579 ».

Notre fontaine serait donc au cœur d’un raid iconoclaste durant les guerres de religion.
(http://bruxelles mysteHYPERLINK"http://bruxellesmystere.skynetblogs.be/tag/fontaine+des+trois+pucelles"re.skynetblogs.be/tag/fontaine+des+trois+pucelles ).
 
Le lien entre cette scène et l’église Saint-Nicolas ne peut évidemment être mis en doute. Par contre, la localisation de la fontaine pose problème. De toute évidence, elle ne se trouvait pas à l’emplacement de notre actuelle « fontaine breughelienne », mais au carrefour des rues du Marché-aux-Herbes, du Marché-aux-Poulets, de la rue des Fripiers et de la rue au Beurre, également située près de l’église Saint-Nicolas donc, mais à l’arrière.
 

Satyres2.png

 
Mais, me direz-vous, la rue au Beurre ne débouche pas sur ce carrefour ! Disons, plus précisément, qu’elle n’y débouche « plus ». Tout simplement, un tronçon de la rue au Beurre qui, à l’origine, était une artère « en coude », a été rebaptisé, après la première guerre mondiale…rue de Tabora, en souvenir de la victoire belge emportée contre les Allemands dans la future Tanzanie.
 
Pour la localisation de la fontaine « des trois pucelles », se reporter à : http://www.reflexcity.net/bruxelles/fontaines/fontaine-des-trois-pucelles-disparue
 
Mais un deuxième problème se pose, car deux représentations de la « fontaine des Trois Pucelles » existent…mais seulement l’une d’elles est forcément la bonne. Il y a la fontaine, déjà évoquée et replacée dans le cadre des événements de 1579, et puis il y a une photo de trois femmes entourant une colonne, dont l’original est conservé au Musée de la Ville de Bruxelles.
 
Cette fontaine, nous dit-on, était constituée de trois niches ( ?) abritant chacune une statue de femme nue. L’eau de la fontaine jaillissait de leurs seins. Cette fontaine fut élevée en 1545, sous le règne de Charles-Quint, elle apparaît sur une gravure de 1579 (celle déjà citée) et fit l’objet d’une réparation en 1776.
 
On dit aussi qu’en 1826, elle sera remplacée par une fontaine-obélisque, puis une borne-fontaine, ce qui semble renvoyer à l’emplacement de l’actuelle  « fontaine breughelienne » de la rue au Beurre. Nous pouvons voir cependant que plusieurs cartes (cartes « reflexcity », voir site précité), de diverses époques, situent bien la « fontaine des Trois Pucelles » au carrefour des rues précitées et non à l’emplacement de l’actuelle borne-fontaine « breughelienne » de la rue au Beurre. Il existe même une explication historique à cette situation particulière : la présence de « steenen » où maisons en pierre patriciennes. Peut-être existait-il deux fontaines à l’origine, la grande fontaine des Trois Pucelles à l’endroit précité et une borne-fontaine plus modeste devant l’église Saint-Nicolas. Pour notre part, nous nous en tiendrons, carte à l’appui, à la localisation de la fontaine des Trois Pucelles à l’arrière de l’église Saint-Nicolas.
 
 
Ceci n’explique toutefois pas pourquoi deux représentations présumées de cette fontaine sont parvenues jusqu’à nous : la « fontaine-colonne » et ses trois femmes ou, plus précisément, jeunes femmes, et la fontaine-niches, en forme de cube.

Il ne peut y avoir là qu’une confusion. La fontaine-colonne ne comporte aucune niche, il ne peut donc s’agir de celle-là. La fontaine-niches est de forme vaguement cubique, elle compte donc quatre faces. S’il n’y avait que trois « pucelles », quel objet pouvait bien occuper la quatrième niche de la fontaine de 1579 ?
 
Il est évidemment tentant d’établir une relation entre le nom de « Trois Pucelles » (ou « Trois Grâces », « Trois Déesses ») et la fontaine-colonne ne comportant aucune niche mais bien trois jeunes filles nues qui se tiennent par la main ou la taille, il est toutefois peu probable que cette fontaine ait un jour remplacé la très ancienne fontaine des Trois Pucelles dont d’anciens documents font mention dès 1382. Cette fontaine ne semble pas avoir été destinée à une place publique et a probablement été exécutée pour orner la propriété d’une riche famille bruxelloise, à moins que celle-ci, propriétaire d’un « steen », par exemple, n’ait décidé d’en faire don, pour l’installer là où les actuelles rues de Tabora et des Fripiers se rejoignent… Pures spéculations.
 
Que pouvons-nous tenter de déduire de cet ensemble d’informations passablement contradictoires ?
 
Une fontaine s’élevait bel et bien au point d’intersection des rues du Marché-aux-Herbes (ex-Marché-aux-Tripes), des Fripiers, du Marché-aux-Poulets et de Tabora (ex-Grande rue au Beurre). Depuis 1382, au moins, elle était connue sous le nom de « fontaine des Trois Pucelles ». En 1579, située à proximité de l’église Saint-Nicolas, elle est représentée sur un dessin ayant trait aux guerres de religion. Elle a alors l’aspect d’un monument cubique (parallélépipède ), abritant plusieurs niches dont plusieurs (2, 3 ou 4 ?) abritent des statues de femmes nues dont l’eau jaillit des seins. Deux de ses statues sont représentées sur le dessin. On peut supposer qu’elles étaient trois au vu du nom des « Trois Pucelles ». Mais rien n’indique ce qui pouvait apparaître alors sur la quatrième face du monument : un autre niche, une quatrième pucelle ou autre chose, nous n’en savons rien. Mais qu’est-il alors advenu de cette fontaine ? Il nous semble étrange qu’au vu de sa situation géographique, cette fontaine aurait pu miraculeusement échapper au terrible…bombardement de 1695. Pour peu qu’elle ait survécu jusqu’à cette date, elle a probablement été anéantie par les boulets de l’artillerie du Roi-Soleil.
 
A la même époque existait une autre fontaine représentant trois jeunes filles entourant une colonne. Ce monument, conservé au Musée de la Ville de Bruxelles, a été réalisé en 1545, sous le règne de Charles-Quint. Elle a pour elle de correspondre à la dénomination de la fontaine des Trois Pucelles mais elle ne peut vraisemblablement être identifiée à la fontaine du 14e siècle. Aussi, pour la distinguer de celle-ci, préfèrerons-nous lui donner le nom de « fontaine des Trois Grâces ». Celle-ci ne semble pas avoir été destinée à un usage public, mais bien à un usage privé (www.museedeleauetdelafontaine.be ). De plus, aucun lien n’est établi entre cette statue et l’église Saint-Nicolas dont la « fontaine des Trois Pucelles » était géographiquement proche. Le symbole de la lactation (l’eau jaillissant des seins), comme l’enfant urinant (Menneken Pis), le « cracheur » ou la plaie saignante, sont des thèmes fréquemment utilisés pour les fontaines, il n’est donc pas étonnant de voir le thème de la lactation représenté par deux fontaines au moins.
Ajoutons que, selon une légende rapportée par un certain Léon Van Neck, un noble et son épouse donnèrent naissance à trois belles jeunes filles, mais toutes les trois décidèrent de ne pas se marier, d’où leur nom de trois pucelles. Deux seigneurs succombèrent malgré tout à leur charme et s’opposèrent dans une guerre sanglante. L’un d’eux parvint à s’emparer des trois jeunes filles et à les faire prisonnières. Sans doute exerça-t-il sur elles quelque chantage auquel elles ne voulurent point céder, parce qu’on les retrouva toutes les trois assassinées. Parmi les soupirants figurait aussi un certain Charles, duc de Brabant, qui n’était autre que…l’Empereur Charles-Quint ! C’est lui qui, en 1545, fit élever une fontaine à trois bassins, alimentés par trois belles jeunes filles dont l’eau jaillit des seins. La fontaine originale, située près de l’église Saint-Nicolas, a disparu.
Mais au fait, le « Charles, duc de Brabant » de cette légende, était-il bien Charles-Quint ? Ne s’agirait-il pas plutôt de Charles de France, qui passe pour être le fondateur de Bruxelles ? « Charles aurait fait la cour aux trois filles de Hughes, dites les trois pucelles et qui ont peut-être donné leur nom à la fontaine dite des trois pucelles, qui s’élevait au coin du marché-aux-tripes et de la rue au beurre. C’était un groupe de pierre de trois filles nues jetant des filets d’eau par les seins. Cette fontaine existait avant 1581. On raconte que ces trois pucelles furent inhumées au marché au bois. Remarquons toutefois que dans le culte Odinique on rencontre toujours les trois Nornes près d’une source (Ymirsbrün), au pied de l’arbre de plaid (Yggdrasill). Les filles de Hugues auraient été enlevée par un sire Ermenfride, qui aurait enfermé Charles dans une tour avec les trois sœurs ( !). Charles se serait évadé et serait venu assiéger la tour où il avait été prisonnier. Il y découvrit les cadavres des trois filles assassinées, avec Ermenfride lequel se serait suicidé ( ?). » (L’Île St.-Géry à Bruxelles, p.19-20). Mais qui pouvait bien être le Hughes repris dans cette légende ? Nul ne le sait vraiment.
Par contre, la légende, telle qu’elle nous est rapportée ici par Louis Stroobant, confirme bien la présence d’une fontaine des Trois Pucelles à l’endroit que nous avions indiqué. Comme nous l’avons déjà dit, le tronçon de l’ancienne rue au Beurre qui s’étendait jusqu’à la fontaine est devenu la rue de Tabora. Quant au « marché aux tripes », dont il est question ici, il se situait jadis, et ce jusqu’à la Révolution française, rue du Marché-aux-Herbes :
Dès 1391, « les tripiers avaient obtenu, non loin de l’église Saint-Nicolas, des emplacements pour quatre échoppes. En 1522, ils étaient devenus envahissants et les habitants de la Chaussée se plaignaient des odeurs fortes que répandaient leurs « pensen » : on limita alors leur espace au moyen de bornes de pierre. Mais en 1796, les autorités françaises jugèrent ces odeurs « offusquantes » et, par arrêté du 27 germinal an IV, les tripiers furent contraints de se retirer dans une rue plus populaire : la Petite rue des Bouchers, où ils étaient encore concentrés au milieu du siècle dernier [ndr : milieu du 19e siècle]. Mais ce tronçon de la vieille Steenweg, entre la rue des Fripiers et la rue des Harengs, garda le nom populaire de Pensmerct (Marché aux Tripes). Dès le XVIIème siècle, les marchands de légumes, qui devaient disputer leurs emplacements de la Grand-Place à différents autres maraîchers, purent aussi s’installer à l’ancien marché aux poissons, au bout de la rue de la Colline. Le peuple appela cet endroit Groentemerkt (Marché aux Légumes) ou Gerstenmerkt, car les marchands d’orge s’y concentraient. En français du XVIIIe siècle, cela fut traduit par Marché aux Herbes. C’est donc par une décision communale de 1853 que la rue du Marché aux Tripes et celle du Marché aux Herbes fusionnèrent. » (Jean d’Osta).
Pour ce qui est du lieu de l’assassinat présumé des trois jeunes filles, certains penchent pour le château d’Axele-les-Moorsel. Vers 978 ou 1047, selon les sources, un certain Ermenfried (ou Ermenfroid, Hermanfried) « aurait, de gré ou de force, restitué les reliques de Gudule au duc Charles. Or celui-ci aurait assiégé, vers 978, le burgt de Texel ou d’Axele-lez-Moorsel d’où il fit transporter le corps de Ste Gudule à la chapelle de S. Géry. Ce serait donc au château d’Axele que se situerait l’épisode légendaire des trois pucelles ( ?). » (Ibid.)

Les Trois Pucelles interviennent également dans la légende du Cracheur, une autre fontaine bruxelloise, puisque le matelot ivre-mort, à l’origine de cette légende, aurait consommé exagérément du vin…qui jaillissait des seins des Trois Pucelles ! Comme quoi, à l’instar du Menneken Pis, elles ne produisaient pas que de l’eau !


 
La fontaine des Satyres.

 
La rue de la Montagne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire longue de 200 m et s’étendant du carrefour Marché-aux-Herbes/Madeleine jusqu’à l’articulation de la rue d’Arenberg avec le boulevard de l’Impératrice, était jadis bien plus longue.
Le côté impair de la rue de la rue de la Montagne a été totalement rasé dans les années 1955-1956. Or, c’est là que nous retrouvons la trace de l’ancienne fontaine des Satyres, démolie environ un siècle plus tôt :
 

Satyres.png

 
« Le n°1 formait un angle aigu avec le début de la rue de la Madeleine. Cette pointe s’avançait jusqu’en face du porche d’entrée des galeries Saint-Hubert, à quelques pas de la célèbre fontaine dite des Satyres, dressée au milieu de ce carrefour beaucoup plus petit qu’aujourd’hui. La maison n°1, très banale, abritait en dernier lieu une librairie-bouquinerie assez importante. » (Jean d’Osta).
 
Derrière ces destructions, on devine évidemment l’ombre de la monstrueuse Jonction Nord-Midi… Bien d’autres artères du quartier en furent également les victimes !
« Comme la rue de la Madeleine qui le précède, le Marché-aux-Herbes fut victime d’une sévère amputation due –on s’en doute- aux travaux de la Jonction et d’assainissement du quartier. C’est ainsi que fut démoli, sur sa rive paire, le tronçon qui reliait la rue de la Montagne à celle de la Putterie, face à la rue des Eperonniers. Au bas de cette dernière section, s’élevait, dès le XIVe siècle, la fontaine des Satyres disparue en 1847, l’année de l’inauguration des Galeries Saint-Hubert. Elle avait été reconstruite en 1617 par Duquesnoy. Deux ans après sa démolition, les matériaux hors d’usage furent mis en vente publique. Depuis le printemps 1981, une nouvelle fontaine orne le centre de l’esplanade aménagée dans la partie supérieure du Marché-aux-Herbes. » (Georges Renoy) On peut aujourd’hui y voir une statue de l’ancien bourgmestre de Bruxelles, Charles Buls.
On connaît plusieurs représentations de la fontaine des Satyres. Ainsi, une vue de la fontaine telle qu’elle apparaissait vers 1830, lithographie que l’on doit à Jobard. Un dessin datant plus ou moins de la même époque (entre 1800 et 1847) que l’on doit à Van der Hecht. Et encore, un dessin montrant la fontaine entourée par des barricades (événements du 20 septembre 1830) et des hommes affairés, au carrefour du Marché-aux-Herbes et de la rue de la Montagne.
Eric TIMMERMANS.
Sources : « Ilot Sacré », Georges Renoy, Bruxelles vécu – Rossel, 1981, p.28 & 30 / « Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles », Jean d’Osta, Le Livre, 1995, p.190, 213 / L’Île St. Géry à Bruxelles, Louis Stroobant, Le Folklore Brabançon, 12e année, n°69, p. 19-20.

LEXIQUE DE TERMES BRUXELLOIS

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                                     LEXIQUE DE TERMES BRUXELLOIS

 

A la mémoire de ma grand-tante paternelle, Maria Vercaeren, et de mon grand-oncle paternel, Corneille De Mesmaecker.

 

A.

 

-Allez / Alleï ! : Au moins aussi courant que le célèbre « une fois », le terme allez, que l’on prononce volontiers alleï à Bruxelles, se retrouve dans de nombreuses phrases et dans de nombreuses situations. Cela relève pratiquement du tic de langage. Ex. : Alleï, dis, fieu, tu vas quand même pas te mettre à chialer, mènant, hein ? (Allez, dis, mon vieux, tu ne vas quand même pas te mettre à pleurer, maintenant, hein ?). ; Bon, allez, on va peut-être tout doucement y aller ?; Mais alleï, fieke, est-ce que tu peux me dire, mènant, pourquoi moi j’aurais été lui dire ça, alleï !

-Amaï : Exclamation très courante mais également assez ingrate, amaï est pratiquement intraduisible. Elle sert à exprimer l’étonnement, l’incrédulité, l’admiration ou la consternation.

-Arranger : En français, le verbe « arranger » apparaît comme un synonyme de « mettre en ordre », de « résoudre ». Mais à Bruxelles, se faire arranger, c’est se faire rouler dans la farine, se faire escroquer ! Quant à être bien arrangé ou salement arrangé, cela signifie que vous êtes mal en point, parce que vous êtes malade, parce que vous êtes blessé ou parce que vous êtes ivre, par exemple ! Être scheille arrangé, cela veut donc dire que vous êtes complètement bourré !

-Aubette : Désigne un kiosque à journaux, un abri-bus. Ex. : Vite, on va aller se mettre sous l’aubette pasqu’y pleut.

-Autostrade : Terme désuet, dérivé de l’italien « autostrada » et servant à désigner une autoroute ou, à tout le moins, une importante artère vouée à la circulation automobile. A Bruxelles, on prononce « autostraat », vraisemblablement parce que le mot « straat » (« rue » en thiois), s’est aisément confondu avec le suffixe « strade », et on l’utilise au féminin « une autostrade », comme « une autoroute ». Ex. : Astableef, dis, t’as vu le carambolage d’hier soir sur cette austrade qu’on a toujours dit qu’elle était dangereuse ?

-Aven taaid : Ancien temps, époque révolue, jadis, naguère.

-Awel ! : Eh bien ! S’exprime pour souligner une incompréhension, une incrédulité, une stupéfaction. Ce terme s’accompagne souvent du mot « merci » qui est supposé souligner la stupéfaction. Ex. : Et donc, malgré tout ce que cet ivrogne a fait, on la réengagé ? Awel, merci ! On pourrait également dire awel,ça alors ! L’expression totalement francisée existe aussi : Eh bien merci !

-Après : A Bruxelles, « après » peu parfois signifier « dedans », « de quelque chose », « à quelque chose ». Ex. : « Tiens, tu vois cette belle pomme ? Tu veux une fois mordre après » ? (…tu veux en manger un morceau ?) / « Dis, ça fait une heure que j’essaie d’attraper cette corde qui est pendue là. Toi qui es plus grand, tu peux une fois tirer après ? »

-Astableeft) ! (astablééft) : S’il vous plait. S’apparente clairement au néerlandais als u blieft. Toutefois, si ce terme peut s’utiliser dans le sens d’origine, en accompagnement d’une demande, d’une requête, tout comme « s’il vous plait », il peut aussi servir à signifier quelque chose comme « et quoi encore », « que va-t-on encore essayer de me faire croire ou faire » ou encore, « c’est vraiment absurde, n’importe quoi ! ». Ex. : « Et tu me dis qu’il est parti ce matin pour aller aider ce type qui l’a pourtant viré comme un malpropre ? Astableeft !La forme sans « t », astableef, est également très courante.

 

B.

 

-Babbeleir (« babbelère ») : Bavard, quelqu’un qui aime bavarder. Provient du verbe néerlandais babbelen qui signifie, « bavarder ». En franco-bruxellois, on lui a appliqué la former infinitive française « er », ce qui donne babbeler (« babbelé »). Ex. : Tiens, encore en train de babbeler ce babbeleir, n’a-t-il vraiment rien d’autre à faire de sa journée ? Le féminin de babbeleir est babbelès Citons aussi la babbeltrut ou « commère » ; le terme « trut » est toutefois péjoratif et désigne originellement une femme laide ; mais aujourd’hui, on désignerait plutôt par ce terme une femme stupide.   

-Bais’ (« bèèss ») : Un baiser, un bisou. Ex. : Alleï, donne-moi une fois une bais’, dis !

-Bal : Equivalent de l’argot français « balle », « rond ». Ex. : Eh bien moi je peux te dire que je n’ai plus un bal sur moi !

-Bas (« ba ») : Généralement, en français, les bas désignent un vêtement essentiellement féminin (ex. : « bas nylon »). Mais à Bruxelles, le terme bas peut également désigner les chaussettes masculines.

-Ballekes : Boulettes de viande de différentes grandeurs, telles les grosses boulettes à la sauce tomate qu’à Liège on nomme « boulets », soit des petites boulettes que l’on même par exemple dans la soupe. Ex. : Va au fond de la casserole, sinon tu n’auras pas de ballekes ! A noter qu’en burgonsch (argot bruxellois), les ballekes désignaient jadis les seins des femmes.

-Bazoef (« bazouf ») : Grand mangeur, goinfre, mais également…déchets de restaurant.

-Bèke ! (« bèè-ke ») : Onomatopée qui désigne une expression de dégoût ; comparable à « pouah ! » ou « beurk ! », par exemple. On appuie généralement fort sur le « è » (bèèke !), on escamote parfois le « e » final (bèèk !) ou encore, on ajoute un « s » final (bèèkes !), il arrive aussi que l’on s’en tienne à « bèè ! ». Ex. : Bèèke ! Tu as marché dans un caca de chien !

-Bibberer (« bibberé ») : Trembler. Ce verbe franco-thiois pourrait avoir tendance à être associé à la boisson (« biberonner »), d’autant plus que la fameuse tremblote de l’ivrogne aurait tendance à nous conforter dans cette idée, mais c’est là un faux ami. De fait, bibberer doit être rapproché du burgonsch, bibber (=froid).

-Bich : Viande, chair. Avoir la chair de poule se dit, avoir la kieke bich. Voir aussi « Bichkes ».

-Bichkes (« bich-kes ») : Bestioles, puces, parasites ; le terme peut aussi comprendre les animaux, les « bêtes », en général. Le terme peut aussi être appliqué à toutes les sortes de démangeaison. Ex. : Encore en train de te gratter ! T’as des bichkes ou quoi ? Pour la chair de poule, on utilisera plus précisément le terme de kiekebich, « kieke » désignant ici le volatile susmentionné. Jean d’Osta donne toutefois à ce mot, qu’il orthographie keekebiche, une autre signification, à savoir « insignifiant, nul ». Voir aussi « Bich ».

-Blafter : Faire des saletés en mangeant ou en buvant, répandre sur soi de la nourriture ou de la boisson. Ex. : Dis, regarde un peu ta cravate : t’as de nouveau blafté dessus !

-Bloempanch (« bloumpannch ») : Gros boudin piqué de cubes de graisse.

-Bodding : Pudding, gâteau fait à base de vieux pain. Ma grand-tante utilisait le terme de « bodding » pour désigner ce genre de gâteau.

-Boentje (Avoir un)  (« bountch-e ») : Être amoureux, avoir un béguin pour quelqu’un. Ex. : Alleï, je vais enfin oser te le dire : j’ai un boentje pour toi !

-Bolleke : En burgonsch, « nœud » ; aujourd’hui : petite boule.

-Boma :Grand-mère.

-Bompa(« bomm-pa ») : Grand-père.

-Broebeleir (« broubelère ») : Un bègue, quelqu’un qui s’embrouille dans son discours, qui se répète. De ce terme dérive le verbe (infinitif) franco-bruxellois broebeler (« broubelé »).Ex. : Qu’est-ce qu’il est encore en train de broebeler celui-là ? Le mot et le verbe sont globalement des synonymes de totteleir et de totteler.

-Brol : Fourbi, bazar, truc, machin. D’usage très courant. Ex. : Cest quoi tout ce brol que tas laissé devant ta porte ? ou encore : Tiens, cest quoi ce brol que tu tiens dans ta main ? On peut rapprocher ce terme de « bucht ».

-Blinquer (se prononce comme « requinquer ») : Briller. D’où faire blinquer, « faire briller ». Allez, va jouer, mémé doit  faire blinquer les cuivres ! (nettoyer les objets en cuivre jusqu’à ce qu’ils brillent).

-Bucht (« bught ») : Vieilleries, rebut. Confondu parfois avec « brol ». Ex. : Pourquoi veux-tu absolument garder tout ce bucht qui est dans ton grenier ?

 

C.

 

-Caberdouche : Cabaret. Plus généralement, « débit de boissons ». Voir aussi « Stameneï »

-Cafétaria : A Bruxelles, on appelle la cafétéria une « cafétaria ». C’est là une déformation d’origine germanique, thioise.

-Cajoubereir (« cajouberère ») : Quelqu’un qui fouille dans les immondices.

-Carabistouilles : Sottises, bêtises.

-Caricoles : Petits escargots noirs qui se vendent bouillis. Très répandus à Bruxelles jadis. On les nomme aussi « caracoles » (terme d’origine espagnole), mais en burgonsch, on les nommait « rollekes ».

-Cervelas : Grosse saucisse grillée qu’il convient de distinguer de la fricadelle. Le cervelas, qui aurait été inscrit au patrimoine culinaire suisse en 2008, fait aussi intégralement partie du patrimoine culinaire bruxellois. Un refrain, tout empreint d’un double sens que je ne dois pas expliquer au lecteur, fait d’ailleurs référence à un dikke cervelas, tralala ! (un gros cervelas, tralala !). On trouve les cervelas dans les friteries ou baraques à frites, que l’on nomme à Bruxelles « fritures ». Le nom de cervelas viendrait de l’italien cervellata (cerveau), peut-être parce que jadis on y agglomérait différentes sortes de viandes, dont de la cervelle.

-Chuste : Directement  dérivé de « juste », ce terme, en burgonsch, désigne la loi, la justice mais également la vérité, ce qui est vrai :  Chuste est chuste, newo ? (Ce qui est juste est juste, pas vrai ?). La forme complètement francisée « juste est juste » existe également.

-Clacher : Claquer, balancer, bâcler. Ex. : Quant tu penses que j’ai vendu ce tableau très cher, alors que je n’ai fais que clacher de la peinture sur la toile ! En burgosch, klache (« kla-che ») signifie « peindre ». Plus étrangement, on appelle aussi les pauses-cafés, des cafés-claches.

-Clignoteur : A Bruxelles, le clignotant d’une voiture est nommé le « clignoteur ».

-Cloche (au pied) : A Bruxelles, avoir une cloche au pied, ce n’est pas se promener avec une cloche d’église ou de marine accrochée au pied, mais souffrir d’une cloque ou d’une ampoule.

-Chef : Si l’on vous interpelle à Bruxelles, en vous lançant un dis, chef, ce n’est nullement parce qu’on vous a reconnu une autorité particulière, mais tout simplement parce que l’on essaie d’établir avec vous un rapport de proximité. Généralement, cela se dit à quelqu’un que l’on connaît, mais d’aucuns n’hésitent pas en user dans la rue, notamment pour vous vendre une quelconque camelote, ce qui relève de l’impolitesse. Normalement, le chef s’utilise de la même manière que le fieu.

-Contre son goût : Vient du thiois teige z’n goeste (de « tegen », contre ; « zijn », son ; « goest » ; goût) et signifie de mauvais gré. Ex. : Celui-là, on voit bien qu’il vient travailler contre son goût !

 

D.

 

-Deftig (« dèft-egh ») : Digne, mais aussi trop bien de sa personne, compassé, se donnant une apparence trop sérieuse. Le sens de ce terme est volontiers ironique. Ex. : Ouïe, ouïe, le voilà qui vient, deftig et tout, dis ; on dirait qu’il va à un mariage !

-Deuvel : Diable. Rappelons qu’une bière blonde, très appréciée à Bruxelles, et dont le volume d’alcool monte à 8,5 %, porte le nom de « Duvel », qu’en France on prononce « duvèle », mais qu’à Bruxelles on prononce plus généralement à la manière thioise, « dûvel ». Et c’est pas pour rien si elle rappelle le nom du maître de toutes les débauches !

-Dikkenek : De « dikke » (=gros) et « nek » (=cou), gros cou. Un prétentieux. Quelqu’un qui se monte du col. Synonyme : un stoeffer.

-Doef (« douf ») : Etouffant, lourd. Se dit généralement d’un climat orageux. Ex. : Il fait vraiment doef aujourd’hui, tu ne trouves pas ? Mais ce terme peut également être utilisé d’une tout autre manière. Ainsi dira-t-on de quelqu’un qui se saoule, qu’il est en train de prendre une doef ou qu’il a pris une doef la veille, qu’il a pris une cuite.

-Dom / Dommerik : En burgonsch, ces termes ont trait au chapeau. Aujourd’hui, ils auraient plutôt respectivement pour signification « sot, stupide, vulg. : con » et « sot, cancre, rustre, empoté ».

-Doppage / Doppe : A Bruxelles, le terme doppage n’a pas forcément la signification qu’on lui connaît habituellement. Si d’ailleurs, le dopage (avec un seul « p »), désigne la prise de produits illicites dans le cadre d’une épreuve sportive, à Bruxelles, le doppage (avec deux « p »), désigne l’activité qui consiste à se rendre au bureau de chômage pour « aller doppe », c’est-à-dire tamponner sa carte, au temps où l’on tamponnait ! Je ne sais si cela se pratique encore comme ça aujourd’hui, mais les termes doppe et doppage ont subsisté.

-Drache (« drach’ ») : Désigne une pluie relativement violente. Ex. : Je crois qu’on va avoir droit à une fameuse drache aujourd’hui ! De là découle le verbe franco-bruxellois dracher. Ex. : Mais qu’est-ce qu’il a pu dracher cette été : il n’y a plus de saison !

 

E.

 

-Erm :Pauvre, malheureux. Ma grand-tante utilisait régulièrement cette expression précédée de l’exclamation « och » (« ogh »), och erm ! Ex. : Och erm ! On va quand même pas le laisser partir sous cette pluie ?

-Ettekeis : Voir Hettekeis.

 

F.

 

-Fafoule : Un hâbleur, une grande gueule.. Faire le fafoule, c’est « faire le malin ».

-Fieke (« fîî-ke ») : Diminutif féminin que l’on utilise familièrement lorsqu’on s’adresse à une femme, voire à une jeune femme. Le sens de ce terme est semblable à celui du fieu masculin. Ex. : Dis, fieke, et si on allait au cinéma, ce soir ? ; Arrête un peu ton cirque, hein, fieke !

-Fieu : Vieux, mon vieux. Très courant dans le langage bruxellois. On l’utilise en s’adressant familièrement à un homme, à un garçon, mais jamais lorsqu’on s’adresse à une femme ou à une jeune fille que l’on nommera fieke. Ex. : Dis, fieu, t’as pas bientôt fini de faire tout ce chambard ? ; Alleï, fieu, dis ! Puisque je t’ai dit que j’ai fait ça pour rire ! C’était une blague, rien de sérieux ! 

-Flâ/Flâve (« flaa / flaa-ve ») : Se dit d’un être insipide, fâcheux, fade, sans relief, insignifiant, mou. Ex. : Quel flâve peï, celui-là !(Quel mollasson, celui-là !). Mais il existe aussi, je me sens flâ (mou, vide, fatigué).

-Flauskes (« flôs-kes ») : Bêtises, sornettes, fadaises, fantaisies, fictions. Nous utilisons notamment pour cette rubrique un ouvrage de Jean d’Osta, intitulé « Les Flauwskes de Jej Kazak », qui concerne justement les parlers bruxellois !

-Floche : Quand nous étions enfants (dans les années 1970, en ce qui me concerne !), la floche était cette espèce d’étrange serpillère que l’on pendait au-dessus des carrousels des foires et dont il fallait nous emparer pour gagner éventuellement un tour supplémentaire !

-Flotjesbier (« flotchesbier ») : Désigne, généralement avec une certaine condescendance, une bière particulièrement peu goûteuse et très légère.

-Foert (« four-t ») : Zut, flûte, dans le sens « je laisse tomber, je m’en fous, j’en ai marre ». Ex. : Quoi, ils veulent encore qu’on aille à cette réunion ? Foert, hein !

-Fricadelle : Rendue célèbre par le film Bienvenue chez les Cht’is, la saucisse panée nommée « fricadelle », est également bien présente dans le patrimoine culinaire bruxellois. On la trouve dans les baraques à frites qu’à Bruxelles on nomme « friture », où l’on peut aussi consommer des cervelas. Celui-ci est aussi gros que la fricadelle est longue, ceci dit afin d’apprendre à les distinguer.

-Friture : A Bruxelles, ce que l’on nomme ailleurs une « baraque à frites » ou une « friterie », se nomme une « friture ». Ce terme, qui devrait normalement désigner le produit de la friterie, est directement dérivé de la forme thioise frituur. Ceci explique cela.

-Froesjeler (« frouchelé ») : Chipoter, faire des choses étranges, pas claires, voire malhonnêtes. Ex. : Mais qu’est-ce qu’il froesjel encore, celui-là ? Le terme peut avoir un sens commun, désignant, par exemple, le fait de fouiller dans des papiers, mais également avoir un sens plus péjoratif, soit, par exemple, commettre des malversations. Ex. : Ces gens ne veulent se faire élire que pour mieux froesjeler, un point c’est tout ! On l’utilise également pour qualifier, soit quelqu’un qui chipote, soit quelqu’un qui se livre à des activités malhonnêtes voire délictueuses. Ex. : Je sais très bien que ce type est un froesjeler ! Dans ce cas, on ne prononcera pas le terme comme le verbe franco-bruxellois à l’infinitif, mais on dira « frouchelère ». On peut aussi utiliser le terme froesjeler dans le sens de flirter, se faire des papouilles : Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de froesjeler dans les buissons, ces deux-là ?

 

G.

 

-Gelupe (t’es) : En burgonsch, t’es gelupe (« tès gelu-p(e) ») signifie « c’est d’accord ».

-Godverdoeme (« god-v(f)er-dou-me ») : Maudit soit Dieu, Nom de Dieu (juron). Il existe une version raccourcie : Verdomme ! ou encore Verdoemme !

 

H.

 

-Hamelaaik (« aamelaak ») : Hypocrite, sournois.

-Half-en-half : Littéralement « moitié-moitié ». Se dit plus particulièrement composée pour moitié de vin blanc et pour moitié de vin mousseux (ou de champagne, pour ceux qui en ont les moyens !). Chez Véro, à la brasserie Schuman, au rond-point du même nom, voilà des années que je perpétue la tradition bruxelloise de l’half-en-half !

-Hettekeis (« ettekeïs ») : Fromage fort salé de Bruxelles, fait à base de lait écrémé, salé et séché. Certains aiment à le comparer au Herve, dont l’odeur est particulièrement forte, or, la force du Hettekeis réside surtout dans son goût extrêmement salé. Le Hettekeis et le Herve comptent parmi les plus vieux fromages de nos régions. A ne pas confondre avec le Plattekeis.

-Hochepot : (« ho-che-pote ») : Un incroyable mélange, un maelström. Ex. : Ma ça est quoi ça ici tous ces gens ! Ca est un echten (vrai) hochepot ! Et, de fait, le hochepot est également un plat qui comprend de nombreux ingrédients, viandes et légumes.

 

J.

 

-Jan (Faire de son) (« yann ») : Râler, rouspéter, faire des ennuis, vulgairement : faire de sa gueule. Ex. : Dis, arrête un peu de faire de ton Jan !  La forme m’est familière, mais j’aurais tendance à la confondre erronément avec l’expression faire de son stoef qui signifie, elle, « se vanter ».

 

K.

 

-Kaker : Défèquer. Ex. : Tu dois de nouveau aller kaker ? Astableef ! Partant de là, vous devinerez avec aisance ce que les termes bekakt par les chiens signifient…

-Kapot (« capote ») : Cassé, foutu, fichu, mort. Ex. : Alleï, tes kapot, fieu ! (Allez, c’est foutu, vieux !).

-Kastar : Costaud, malabar, un as, quelqu’un qui sait y faire, mais aussi quelqu’un de particulier, qui sort de l’ordinaire. Ex. : Eh bien, pour sauter en parachute comme ça, moi je dis qu’il faut être un fameux kastar !

-Kavitje (« kavitche ») : Petite cave. Débit de boissons.

-Ket / Ketje (« ket-che ») : Garçon de Bruxelles, pendant bruxellois du titi parisien. Parmi les ketjes célèbre, on citera, bien évidemment, Woltje (« wolt-che »), la célèbre petite marionnette du Théâtre de Toone ! Un ket, sans le diminutif « je » est également un garçon, mais plus âgé.

-Kip-Kap : Tête pressée (Wallonie), pâté de tête (France). Il s’agit, en définitive, d’un pâté de tête de cochon.

-Klachkop : Un chauve. On dit aussi d’un chauve : Il est complètement klache celui-là !

-Klet (« klète ») : Peut signifier un coup, à l’instar de klache. Ex. : Alleï, klet, c’est tombé par terre ! A la vue d’un objet qui vient de tomber, on dira aussi, klet mariette ! Mais dire de quelqu’un que c’est une klet, c’est dire qu’il est un idiot, un cave, une tache, un écervelé, un sot. Ex. : Espèce de klet !

-Klop : Coup. Ex. : Il a reçu un klop sur sa tête ! Le verbe franco-bruxellois klopper (frapper) est à mettre en rapport avec ce mot. Toutefois, ce verbe peut être utilisé dans un sens bien différent. De fait, il peut également signifier « convenir », « coïncider ». Ex. : Je pense qui si on additionne ce montant à un autre, ça peut klopper (ou cloper).

-Kloej (« clouche ») : Une portion d’un élément liquide. Ex. : Dis, mais moi une fois une kloej de genièvre en plus, astableeft !

-Kluterie / Kluuterâ (« kluuterie » / « kluuteraa ») : Niaiserie, sottise, mauvaise blague, absurdité. Vulgairement et littéralement : une couillonnade.

-Kluutzak : Un sot. Vulgairement et littéralement : un couillon.

-Knabeler (« knabelé ») : Verbe franco-bruxellois qui signifie « mâchonner ». Ex. : Mais qu’est-ce que tu knabel encore ?

-Knul (Autres orthographes : « Kneul » ou « Knël ») : Un garçon. Mais le terme peut aussi prendre une forme péjorative : un immature, vulgairement : un jeune con. Ex. : Il court toujours après cette fille qui se moque de lui ? Allez, dis, quel knul ! A ne pas confondre avec le terme « snul », bien que la forme péjorative de knul s’en rapproche.

-Koechkes (« couchkes ») ou Koech (« couche ») : Coi, silencieux, tranquille. Se tenir koech ou kouchkes. Jean d’Osta précise que koech peut également désigner un coche, une voiture, voire même une moto.  Ex. : Depuis son histoire avec les flics, là, il se tient koechkes, hein ?

-Kochevrâ (ou kosjvrâ ) : Nettoyeuse, femme d’ouvrage (de « koche », nettoyer, et « vrâ », « vrouw » en néerlandais, femme). Ex. : Il paraît que la direction a décidé de faire passer un examen d’huissier à nos kochevrâ. ; Alleï, fieke, on a pas le choix, il faut qu’on koche (« koche-e », ou « coche-e ») !

-Kot : Studio, chambre, endroit où l’on vit, où l’on travaille. Se dit beaucoup des chambres d’étudiant appelées systématiquement « kot » ou « kot étudiant ». Mais l’on peut également dire à quelqu’un qui retourne dans son bureau, dans un contexte professionnel : Dis, si tu retournes dans ton kot, tu peux lui donner ce document en passant ? Ou, à propos d’un studio ou d’un appartement (mais pas d’une maison) : Eh bien, je pense que tu es bien dans ton kot, là, hein ?

-Krollekop : Une tête surmontée de cheveux frisés. Ex. : Hé, t’as vu ce krollekop ? Cette forme m’est toutefois moins familière que la version franco-bruxelloise « crolé ». Ex. : Hé, t’as vu ce crolé ? Dans la même idée, on dira également de quelqu’un de frisé qu’il a des croles / kroles, des « boucles ». Le terme est clairement dérivé de la forme thioise d’origine.

-Krotsje ! (« krotche ») : Terme affectueux utilisé de différentes manières. Il peut désigner une petite amie, mais également être utilisé par un parent vis-à-vis de l’enfant. On peut le rapprocher du terme « chou », en français » : « ma krotsje » apparaît comme un synonyme de « mon chou ». Le terme a d’ailleurs été totalement francisé en « crotte », « ma crotte » n’étant pas une insulte, comme on pourrait peut-être le penser, mais un terme affectueux ! En effet, à Bruxelles, le mot krot peut aussi désigner, la misère, la dèche, le fait d’être dans la m… ! On parlera aussi de « crottes de nez » ou de « crottes de chien », de quoi entretenir l’ambigüité !

-Krum : De travers, courbe, bancal. Nous lui préférons toutefois le terme schief. 

-Kus men kluut ! : De kus (embrasse), men (mes), kluut (parties génitales masculines…).

-Kweebus : Toqué, doux dingue. Peut s’utiliser de manière affectueuse à l’égard d’un enfant, par exemple : Hé, petit kweebus ! Je me souviens de ce terme qu’utilisait parfois affectueusement mon père à mon égard, lorsque j’étais enfant. Sens : Petit fou !

 

L.

 

-Là-avec : Avec cela. Pour dire que l’on est familier de quelque chose, on dit que l’on est habitué là-avec. On peut aussi dire, désignant par exemple un parapluie : peut-être qu’il va dracher ; il vaut mieux que tu prennes ça là-avec ! L’usage de cette expression se perd.

-Labbekak : Un mollasson, un incapable, peu viril, trouillard, poltron, peureux, pleutre. Vu que « labbe » a un rapport avec le fait de « faire de la lèche » et que « kake » se rapporte à la matière fécale, nous laissons au lecteur le soin d’établir lui-même la traduction qui lui conviendra le mieux… Ex. : Oï-oï, ça se dit écrivain et ça n’ose même pas traduire une petite insulte bruxelloise dans son papier ! Alleï, dis, quel labbekak ce peï ! 

-Leuigenoet (« luigenoût ») : Un menteur.

-Loempig (« loumpegh ») : En burgonsch, ce terme signifie « lourd ». On utilise plus souvent aujourd’hui la forme « loempe » (« loum-pe ») qui peut désigner quelqu’un de lourd, d’empoté, de peu dégourdi.

-Loerik (« loûrik ») : Un fainéant.

-Loque : Serpillère, plus généralement n’importe quel morceau de tissu utilisé pour le nettoyage (peau de chamois, etc.). On utilise donc une loque humide pour nettoyer le sol. On précisera même, à cette occasion, que l’on utilise une loque à reloqueter, verbe qui désigne justement le fait de nettoyer le sol avec une « loque » humide.

 

M.

 

-Maft : Borné, nigaud, fou. Ainsi, en burgonsch, nomme-t-on le carnaval maftendag soit le « jour des fous ». Ex. : M’enfin, il est complètement maft ce type !

-Mankepuut (ou Mangke Puut) : Boiteux.

-Matante : Tante, ma tante. Désignait aussi jadis le Mont de Piété ; « allez chez ma tante » pouvait ainsi désigne le fait d’aller mettre des objets en gage.

-Meï (ou meye, meie) : S’applique plus particulièrement à une femme âgée, plus généralement à une femme adulte, mais normalement pas à une jeune fille. L’équivalent masculin est peï.

-Mènant : Forme contractée du mot « maintenant ». Extrêmement courante à Bruxelles.

-Miche-Mache : Boue. Lorsqu’enfants nous nous ingénions, pour une raison fantaisiste ou l’autre, et que nos parents nous trouvaient, boueux et pataugeant, ils nous lançaient généralement sans aménité : « Mais qu’est-ce que c’est que tout ce miche-mache ? »

-Mijole : Utérus. C’est également le nom d’un jeu populaire qui consiste à jeter des jetons/pièces dans des….trous numérotés.

-Mo : Déformation de « mais ». Ex. : Mo alleï, qu’est-ce que tu fais mènant ? (Mais enfin, que fais-tu maintenant/à présent ?).

-Mooiertoel (« mouyer-toûl ») : Dérive du néerlandais « moedertaal » qui signifie « langue maternelle ».

-Mokke/Mokske : Le terme mokke s’applique plus généralement à une jeune femme (désirable), alors que celui de mokske peut désigner plus précisément une « petite amie », mais la frontières entre les deux termes paraît bien fluctuante. Ex. : Jan m’a présenté sa mokske hier après-midi. La forme argotique de Zele –mosse- serait proche de sa vraisemblable origine espagnole, mozza (servante, jeune fille).

-Mononcle : Oncle, mon oncle. Je me souviens que mon père utilisait parfois se terme pour désigner mon grand-oncle. Sous sa forme thioise on connaît ce terme sous la forme Menoenkel (« menounkel »). Ex. : Dis, faudrait une fois penser à aller rendre visite à Menoenkel Jean, tu crois pas ?

 

N.

 

-Newo (« niewô ») : Déformation des mots néerlandais « niet waar » (=pas vrai). Utilisé souvent sous une forme interrogative. Ex. : C’est quand même incroyable ce qui s’est passé hier, newo (pas vrai ?) ?

 

O.

 

-Occoje : Occasion.

-Och erme ! : Voir « Erm ».

-Och God en Hiere ! : Ô Dieu et Seigneur ! Exclamation plaintive.

-Onnuuuzel : Niais, innocent.

-Opagemak ! :Signifie à son aise, tranquille, doucement. Vient du néerlandais « op on gemakske ». Les formes françaises « à notre aise », « à son/ton/notre/votre aise », « tout doucement », « y a pas le feu au lac », sont également très courantes. Ex. : Durant le repas de Réveillon, nous allons manger, mais à notre aise ou encore : Bon, il est 23h, on va tout doucement y aller. A Bruxelles, cela ne signifie pas que vous avez tout le temps devant vous, mais qu’au contraire il est temps de vous bouger le train, même si on essaie de vous le dire de la manière la moins rude possible !

-Ouïe-ouïe ! (« ouyouye » ou « oyoye ») : Utilisé une fois –ouïe !- , le terme exprime la douleur, mais dédoublé, il exprime divers états d’esprit qui vont de l’embarras jusqu’à la lassitude, en passant par l’étonnement et l’aveu d’impuissance. Ex. : Ouïe-ouïe, alors là, toi, tu me poses une colle, zenne ! ; ouïe-ouïe, dis, tu vas pas encore nous rabattre les oreilles avec tes histoires !; ouïe-ouïe, là, je sens que ça va aller mal pour toi ! Se dit aussi Oï-oï !

 

P.

 

-Paf (Être ou  rester) : Être ou rester stupéfait, coi, sans voix, bouche bée. Ex : Eh bien quand elle m’a dit ça, moi, j’en suis resté paf ! 

-Pape : De la pape n’est d’autre que de la bouillie. Le riz au lait se nommera, par exemple, de la « pape au riz ». Ainsi, nos pieux ancêtres se faisaient ils parfois, jadis, une idée toute simple du paradis céleste : Manger de la pape au riz chez saint Pierre, avec des cuillères en or, voilà ce qu’est l’éternelle félicité ! Authentique témoignage de la simplicité paysanne de naguère, que je m’empresse de conserver ici ! 

-Paroche (« paro-ghe ») : Paroisse. Mais ce terme est utilisé dans un sens particulier, synonyme de débit de boissons (estaminets, caberdouches, etc.). Pour dire qu’il ne faut pas exagérer et faire tous les bars du coin, l’on dira : Bon, on va tout de même éviter de faire toutes les paroche, sinon c’est sûr qu’on va être scheilezat (mort bourré, ivre-mort, complètement noir) !

-Pasjakroet (« pachakrout ») : Un incapable.

-Patteikes (« patteï-kess ») : Petits gâteaux, biscuits.

-Peï (ou peye, peie) : S’applique plus particulièrement à un homme âgé, plus généralement à un homme adulte, mais normalement pas à un jeune homme. Ainsi n’est-il pas rare d’entendre ce qui pourrait paraître une répétition, soit un vieux peï.

-Peperkoek (« pépercouque ») : Pain d’épices. Gâteau. Egalement terme affectueux dont mon père usait lorsque j’étais enfant.

-Pink (Voir) : Voir pink, signifie ne pas avoir les yeux en face des trous. Ex. : M’enfin tu vois tout de même bien que ce mur est peint en jaune et pas en bleu ; tu vois pink ou quoi ?

-Pinnemouche : Bonnet pointu. Peut, s’appliquer à divers types de couvre-chefs mous (casquette, etc…).

-Plattekeis : Fromage blanc que l’on mange étalé sur une tartine et accompagné de radis rouges. A ne pas confondre avec le Hettekeis (voir ce nom).

-Plek : Colle. Ex. : Mais ça plek ce truc ! (Mais ça colle ce truc) ou encore, marchant dans une flaque de boisson sucrée séchée, Ca plek partout ici !  On peut également plekker de partout à cause de la chaleur et de la transpiration !

-Poe (Alan) : A Bruxelles, si vous entamez une conversation à propos de ce célèbre auteur, ne vous étonnez pas d’entendre vos interlocuteurs vous parler d’un certain « Edgard Alan Poû », en lieu et place d’ « Edgard Alan Pô ». Cela vient du fait que le  « oe », en néerlandais, se prononce « ou ». Et cela a influencé la manière dont les francophones de Bruxelles prononce ce nom.

-Poeppers (« pouppers ») : Avoir les « poeppers » signifie « avoir la frousse ». Ex. : Cette fois je peux te dire qu’il a eu les poeppers !

-Potverdekke (« potferdekke » ; à la française : « potferdek ») : Nom d’une pipe ! Peut-être moins connu que le célèbre godverdoeme (« godferdoumme » ; à la française « godferdoum » / « godferdom »), potverdekke n’en n’est pas moins très répandu à Bruxelles. Verdekke, est la forme condensée de potverdekke !

-Proet (« prout ») : Jean d’Osta traduit ce terme par « bavardage », mais il m’est  personnellement connu, depuis mon plus jeune âge, comme désignant…un pet ! Ex. : T’as lâché un prout dans l’ascenseur ! Ca stink (ça pue !) ! On peut aussi l’utiliser dans le sens « zut », « flûte » : Eh bien moi je te dis proet !

-Puuteler (« puutelé ») : Tripoter, peloter. Ex. : Je l’ai encore vu en train de puuteler cette fille, hier soir ! De là vient aussi le qualificatif de puuteleir (« puutelère »), « peloteur ».

 

R.

 

-Rammeling : Raclée. Ex. : Maintenant tu vas la recevoir ta rammeling. Synonyme de toefeling.

-Réclame : De la publicité. Ex. : Verdomme, j’ai encore trouvé plein de réclames dans ma boîte aux lettres / Moi, je n’en peux plus avec toute cette réclameà la télévision, qui coupe les films ! Ce terme est surtout en usage chez les anciennes générations.

-Rot (« rott ») : Pourri. Ex. : Il a vraiment une rotte kop ce peï ! (Il a vraiment une tête pourrie ce type, il est vraiment tordu, vicieux).

-Ruses : Problèmes, sujets de discorde, de dispute. Ex. : J’ai encore eu des ruses avec mon patron ! Mais on peut également dire : Il essaie encore de lui faire des ruses, en un mot : de lui chercher misère. De vouloir lui causer des ennuis.

 

S.

 

-Salut en de kost ! : La santé et la nourriture ! Il semble qu’il s’agisse là d’un salut que l’on adressait jadis aux voyageurs. Aujourd’hui, cette expression est plutôt utilisée dans le sens « après moi, les mouches ! ». Ex. : Le jour où je gagne à la loterie, je me tire de ce bureau et vous dis à toutes et à à tous, salut en de kost ! ou encore, C’est ça, il est encore parti hier soir en où laissant tout le travail et…salut en de kost !

-Scheil (« skeil ») : Bigleux, qui louche, qui n’a pas les yeux en face des trous. De ce mot dérive celui de scheilzat (ivre au point de voir double, de loucher, complètement bourré).

-Schief (« skief ») : De travers, tordu. De ce terme vient notamment le sobriquet que les Marolliens expropriés avaient donné en sont à l’architecte Poelaert, qui réalisa notamment l’éléphantesque palais de justice de Bruxelles : Schieven architek’ (« l’architecte de travers »). Une autre insulte bruxelloise découle du même mot : Schieve lavabo (intraduisible).

-Schuun : Beau, joli. Ex. : Alleï, eh ben ça c’est schuun, tiens !

-Seulement : « Seulement », utilisé en fin de phrase, signifie « ne vous gênez pas », « allez-y franchement ». Ex. : « Tiens, prends cette chaise et assieds-toi seulement, moi je resterai debout » / « Tu veux encore un morceau de gâteau ! Mais prends seulement, n’hésite pas ! »

-Slaches : Pantoufles, savates, plus généralement, chaussures. Ex. : Dis, t’as déjà vu dans quel état sont tes slaches ?

-Slaptitude : Faiblesse. Ex. : Awel aujourd’hui, j’ai comme une petite slaptitude, tiens !

-Slum, slummerik : Malin, habile, retors.

-Sluur : Une brave femme à plaindre.  Peut aussi être utilisé péjorativement : une pauvre idiote. Une femme laide, pauvre, sale.

-Smeirlap (« sméérlop ») : Saligaud, cochon, ordure.

-Smochterer (« smochteré » ou « schmochteré ») : Verbe franco-bruxellois qui vient du thiois « smochteren », qui signifie manger entre les repas, manger salement ou encore se goinfrer de sucreries. Un mangeur de friandises se dit donc un smochtereer (« smochterère »). 

-Snottebelle (« snotebèl ») : Des crottes de nez, de la morve. Ce terme est pour moi largement lié à l’univers scolaire. En cours de récréation, nous utilisions ce terme couramment ! Ex. : Tu as des snottebelle ! Nous utilisions généralement en début d’exclamation l’onomatopée bèèk, bèèke, bèèkes, pour exprimer notre dégoût. Ex. : Bèèke, tu as des snottebelle !

-Snotneus : Un morveux. De snot (morve) et neus (nez).

-Snul : Un idiot, un imbécile, un niais. Ex. : Celui-là ? Mais ça c’est une fois un snul, tiens !

-Splitser (« splitsé ») : Diviser, scinder, séparer. Ex. : On se demande s’ils vont finalement le splitser ce fameux arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde ; mais aussi : Bon, je crois qu’ils vont finalement provoquer le splitsing de la Belgique !

-Sproeit (« sprouït ») : Jet (d’eau). En dérive le verbe franco-bruxellois sproeiter (« sprouïté » ; jaillir). Ex : Fais attention, cette bouteille d’eau gazeuse a été agitée, si tu l’ouvres trop vite, l’eau va sproeiter !

-Stameneï (“sta-me-neye”) : Un estaminet, un debit de boissons. Voir aussi « Caberdouche ».

-Steif/Staaif (« steïf ») : Raide, guindé. Ex. : Et tu crois que ce soldat va rester steif comme ça, pendant des heures, dans sa guérite ? Astableef ! D’où également, staave nek (litt. : « cou raide »), « torticolis ».

-Stinker (« sting-ké ») : Puer, chlinguer. Ex. : Quest-ce que ça peut stinker ici ! ou encore, Bêke, ça stink (« sting-k ») vraiment fort dans cet ascenseur ! Sûrement un qui a lâché un proet (« prout ») !D’où aussi le terme stinkedekeis, « fromage puant ».

-Stoeffer («stouf-er ») : Un vantard, quelqu’un qui aime se mettre en avant. Ex. : Ca c’est un vrai stoeffer tu sais ! De là vient aussi l’expression, faire de son stoef (« stouf ») !, action de se vanter, d’en remettre une couche. Ex. : Ca y est, il est encore en train de faire de son stoef ! Le féminin de stoeffer est stoefesse.

-Stoemelings (« stoumelinks ») : En cachette, derrière le dos. Ex. : T’as encore été faire ça en stoemelings toi, hein ?

-Stoemerik (« stou-me-rik ») : Idiot.

-Stoemper (“stoumm-pé”) : Pousser, écraser. Ex. : Pour rentrer dans ce métro, moi je te dis qu’il va falloir stoemper, zenne ! On rapprochera de ce verbe le nom d’un célèbre plat régional : le stoemp. Il s’agit d’une purée de pommes de terre et de légumes, mélangés et mixés. Et avant l’invention de l’électroménager, il est évident que pour bien mélanger les pommes de terre et les légumes, il fallait, à l’aide de l’ustensile de cuisine adéquat, stoemper (écraser) le tout avec vigueur !

-Straf : Si Jean d’Osta traduit par « fort, malabar », j’aurais tendance à entendre par ce mot « grave, fort de café. Ex. : Tu te rends compte que cet automobiliste a renversé cette personne et ne s’est même pas arrêté ? Da dès straf, zenne ! Le « da dès » est une déformation du néerlandais « dat is », « cela est », qui peut parfois devenir, en bruxellois francisé, « ça est ». Ex. : Ca est grave, quand même !

-Stroet (« stroûût ») : Rue, directement dérivé du mot néerlandais « straat ». On connaît aussi le diminutif strotje (« petite rue »).

-Stuk : Morceau. Egalement stukske, « petit morceau ». Ex. : Bon, allez, je vais me laisser faire et prendre un morceau de ton gâteau, mais juste n’stukske (un petit morceau), hein, parce que je suis au régime !

-Stuut : Coup, exploit, plus généralement, un événement extraordinaire ou invraisemblable. Ex. : Eh bien, je vais te dire : il lui est encore arrivé à stuut à celui-là ! En français on dirait plus volontiers : Il lui encore arrivé un truc (bizarre) à celui-là !

-Sukkeleir (« sukkelère ») : Terme qui traduit un apitoiement volontiers condescendant, voire méprisant. Un sukkeleir est un pauvre type, un malheureux, quelqu’un qui n’a pas de veine, on dirait aujourd’hui, un « perdant ». Le féminin de sukkeleir est sukkeleis (« sukke-laisse »).

-Stukkske (« stuk-ske »): Petit morceau. Ce terme peut s’appliquer à peu près à tout ce qui peut se diviser, un territoire, un gâteau, etc. Ex. : Tu veux encore un morceau de gâteau ? Oui, mais alors rien quun stukkske : je suis au régime ! ; Ils ont complètement refait le parc, fieu, et ils lon divisé en trois stukkskes (on prononce alors le « s » final) comme ça ! Ca est tout de même incroyable !

 

T.

 

-Tenè, tenè ! (« tenet, tenet ») : Tiens, tiens ! Sens : « ça c’est bizarre » ! Ex. : Et tu as retrouvé ce collier volé comme ça, par hasard, dans ton tiroir ? Tenè, tenè, tenè !

-Tich : Désigne le pénis, mais peut constituer également un surnom mi-affectueux, mi-moqueur à l’égard d’une personne. Diminutif : tichke.

-Toefeling (« toufeling ») : Une raclée. Ex. : Toi, tu vas te ramasser une toefeling ! Synonyme : une rammeling.

-Tof : Bien, beau, sympathique, chouette. On peut le dire d’une situation ou d’une personne. Ex. : Eh bien ça c’est tof !, mais aussi, Eh bien ça c’est une fois un toffe peï, tiens ! (le tof d’origine est ici accordé) : Eh bien ça c’est une fois un chouette type, tiens ! Le terme tof vient vraisemblablement de l’expression juive mazel-tov.

-Tomber de son sus : Tombé évanoui, mais, plus généralement, dans le langage courant, être stupéfait, rester baba, ne pas en revenir. Ex. : Ca lui a fait un tel choc qu’il en est tombé de son sus !

-Totteleir  (« tottelère ») : Un bègue, quelqu’un qui s’embrouille dans son discours, qui se répète. On en a également fait un verbe (infinitif) franco-bruxellois, soit totteler : Hé, arrête un peu de totteler, fieu ! Ainsi désignera-t-on également le bégaiement ou l’embrouillement de langage, du tottelage.

-Trekt a plan ! : Littéralement : tire ton plan ! Très fréquemment utilisé sous sa forme française. Signifie, débrouille-toi ! Mais dans sa version française, tire son plan veut également signifier « se débrouiller ». Ex. : Oué, toi tu tires toujours ton plan pour rencontrer la jeune fille du troisième étage, en stoemelings, ça j’ai déjà vu aussi !

-Trut : Se disait semble-t-il, à l’origine, d’une femme laide (D’Osta) mais cela se dit, plus généralement, d’une idiote, d’une sotte.

 

V.

 

-Verdomme/Verdoemme (« verdom-me », « verdoum-me ») : Voir Godverdoeme.

-Vlan ! : Onomatopée que l’on peut comparer à paf ! Ex. : Allez, vlan, la voilà encore montée sur ses grands chevaux ! Le Vlan est aussi le nom d’un journal gratuit de petites annonces.

-Vogelpik : Désigne le jeu de fléchettes. Mais au sens figuré, cela peut aussi signifier « hasard ». Ex. : Ils ont choisi ce type pour ce poste au vogelpik ou comme au vogelpik, ou encore : La loterie ? Ca est du vogelpik !

-Volle gaz / Volle speed / Volle petrol :  (« vol-le-gaz / vol-le-spiid / vol-le-pètrol ») : Vite, aller vite, plus vite que ça, et que ça saute. Ex. : La voiture a traversé le boulevard, et je peux vous dire qu’elle allait volle gaz ! ; Le chat ? Il est passé, là, volle speed, devant mes pieds, à la poursuite d’une souris ! ; Bon, d’accord, vous allez me changer cette voiture de place, et volle petrol !

 

W.

 

-Wageler (« wagueler ») : Tituber, branler. Ex. : Quand tu deviens vieux, tu vois ça à tes dents qui commencent à wageler. / Regarde un peu ce peï qui sort du stameneï, comme il wagel ! (parce qu’il est saoul, zat).

-Wéék-End : A Bruxelles, on ne dit pas « wiik-end », comme l’exige une prononciation à l’anglo-saxonne, mais « wéék-end ». Cela vient du fait qu’en néerlandais, on prononce le mot « week » (semaine), non point « wiik », mais « wéék ». 

 

Y.

 

-Yenda ! : Oui-da ! Eh bien ça alors !

 

Z.

 

-Zat : Ivre, soûl. De ce terme en dérivent d’autres tels que zatlap (« ivrogne », lap, en burgonsch, signifie « langue ») et  scheilezat (« skeïle-zat », complètement bourré, noir). Une variante encore : kriminijlzat, ivre à un point « criminel », complètement défoncé !

-Zelle/Zenne (« zel-le », « zen-ne ») : Hein ! Sais-tu ! Tu sais ! Ex. : Oué mais celui-là c’est sacré zievereir, zenne ! 

-Zinne (« zin ») : Saute d’humeur, folie passagère. Avoir une zinne.

-Zinneke : Désigne à l’origine un chien bâtard. A servi ensuite à désigner quelqu’un qui est le résultat de plusieurs cultures ; le Bruxellois étant réputé être le fruit d’un mélange de cultures thioise et française, fut donc nommé « zinneke » (alors que le surnom traditionnel des Bruxellois est « kiekfretters », soit « mangeurs de poulet »), mais il s’agit là d’une déviance linguistique que l’on a ensuite généralisé, notamment dans le contexte multiculturel. Mais il y a plus étonnant : en burgonsch (argot bruxellois), le terme zinneke désignait en fait, un lapin.

-Zivereir / Zieverer / Ziever (« zieverère » / « zieveré » / « ziever ») : Un radoteur, quelqu’un qui raconte des sottises. De ce terme dérive le verbe (inifnitif)  franco-bruxellois zieverer (radoter, dire des bêtises). Ex. : Quel zievereir ce type ! ou Qu’est-ce qu’il peut zieverer ! ou encore, Dis, fieu, là tu ziever sérieusement, hein ! Citons aussi : Quel ziever ! (Quel radotage !)ou Mais c’est du ziever tout ça ! (Mais c’est des histoires tout ça, des sottises, du radotage, bref, des choses fausses ou/et sans intérêt). De là découle également le terme zieverderaa (« sottises »). Ex. : Mais puisqu’on te dit que ce sont des zieverderaa tout ça !

-Zot : Fou, maboul, dingue. Ex. : Mais il est complètement zot celui-là !

-Zuur smoel (« zuur smowl ») : Litt. « figure de vinaigre ». Visage antipathique, tirer la tête, faire vilaine figure. Ainsi, littéralement, l’on dira aussi, pour dire de quelqu’un qu’il a l’air fâché, de mauvaise humeur, etc. : « Il en tire une figure, celui-là ! » De là aussi, par exemple, « j’en ai marre de voir sa figure, à celle-là ! ».

-Zwaagt ! (« zwaaght ») : Tais-toi ! Vulgairement : ta gueule !

-Zwanze : Blague, coup tordu, fête. On utilise le terme de différente manière, soit, par exemple, c’est une zwanzeou c’est typiquement de la zwanze. Le terme est difficilement traduisible. Disons que la zwanze est une forme d’humour typiquement bruxelloise, parfois drôle, mais aussi parfois un peu lourde lorsqu’elle est répétitive, et pas toujours de bon goût.

 

 

Eric TIMMERMANS.

 

Sources : Glossaire d’argot bruxellois (Burgonsch), Paul Hermant, Le Folklore brabançon n°73-74 – 13e année (1933-1934), p. 53-92 / Histoire d’Ixelles, André Gonthier, Imprimerie H. De Smedt, 1960, p. 205-206 /  Les « Flauwskes » de Jef Kazak, Jean d’Osta, La Belgothèque - Paul Legrain, 1983.

Chez Paul

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Club de Jeunesse
"CHEZ PAUL"

 

Les kets du Gille

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A1 Jean Mie - A2 lommeke - A3 Gilbert - A4 Jean Mottard.

 

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Juillet 2009

rue des Tanneurs - "Chez Paul"

La foire du Midi - 2009

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La foire du Midi
Août 2009

 

 

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En voiture, belle jeunesse, en voiture, la balade va débuter

 

 

 

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Fin de la ballade, retour vers la rue des Tanneurs.

 

 

 

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GASTRONOMIE BRUXELLOISE : CINQ MANIERES DE PREPARER DES MOULES "A LA BRUXELLOISE".

Le temps révolu des mois en "R".

Le sujet ayant d'ores et déjà été lancé http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/archive/2017/07/05/moules-8745841.html je poursuis donc sur la même voie en présentant cinq manières de préparer les moules, c'est de saison !

Il fut un temps pas si lointain où l'on attendait l'arrivée des moules durant les mois en "R". Ceux-ci étaient alors les mois, sinon les plus froids, au moins les moins chauds de l'année. Ainsi, pour des raisons de conservation, distinguait-on les mois "froids" de septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars et avril, des mois "chauds" de mai, juin, juillet et août. De fait, moules, huîtres et autres fruits de mer se conservent mieux par temps froid que par temps chaud.

Tout cela est bien fini aujourd'hui. On peut même dire que les rôles saisonniers ont été tout simplement inversés. Grâce aux moyens d'élevage et de conservation actuels, il est possible d'élever des moules pratiquement toute l'année. Il n'en reste pas moins vrai qu'il faut malgré tout leur laisser le temps de se reproduire... Certes. Mais pourquoi avoir pour autant  inversé les saisons ? Parce que les mois chauds correspondent aux mois les plus touristiques et donc aux mois commercialement les plus intéressants !

Jadis, c'est à la Grand Place et en plein mois de décembre que le bon peuple de Bruxelles mangeait de grandes casseroles de moules, accompagnées de frites, plat qui figurait alors parmi les moins onéreux. Aujourd'hui, on voit des touristes se "régaler" de quelques moules surnageant dans le jus verdâtre d'une assiette de soupe, tant il est vrai que les prix demandés pour une casserole "à l'ancienne", soit entre 25 et 30 euros, auraient de quoi donner des cauchemars à leur carte de crédit ! Rares sont les endroits, à Bruxelles, on l'on trouve encore une casserole de moules véritable et de bonne qualité pour moins de 15 euros !

Si vous ne connaissez pas de tels établissements (*), il vous reste évidemment la possibilité, si vous en avez le courage, de cuisiner vos moules vous-mêmes. Pour ce faire, nous allons vous donner cinq recettes de moules "à la bruxelloise".

Cinq recettes de moules "à la bruxelloise". 

°Les moules parquées.

Il s'agit de moules crues servies ouvertes, à l'exemple des huîtres. On les relève soit de jus de citron ou de sauce échalote. C'est, de loin, la recette la plus simple.

°Les moules "Le Complet bruxellois".

Hachez ensemble un petit céléri et un oignon. Mettez-les dans une casserole avec un bon morceau de beurre. Faites cuire à couvert pendant une dizaine de minutes sans laisser rissoler les légumes. Ajoutez un litre de moules bien nettoyées et lavées en plusieurs eaux. Salez légèrement, ajoutez une pincée de poivre moulu et le jus d'un demi citron. Couvrez et laissez cuire une dizaine de minutes.. Lorsque toutes les moules sont bien ouvertes dressez-les dans un grand saladier, ajoutez du persil haché au jus et versez sur les moules. Servez avec une assiette de pommes de terre frites bien dorées et croustillantes.

°Les moules de l'Amateur.

Choisissez de grosses moules bien pleines et bien fraîches. Après les avoir nettoyées et lavées, mettez-les dans une casserole avec une branche de céléri, un oignon, une racine de persil, le tout en petits morceaux; assaisonnez de sel et de poivre moulu; arrosez d'un jus de citron et faites cuire. Lorsque toutes les moules sont bien ouvertes, écalez-les (écaler : dépouiller la moule de sa coquille) en réservant pour chacune une seule coquille. Supprimer la barbe frisottante qui entoure chaque moule. D'autre part, hachez le plus fin possible, pour un kilo de moules, une demi-poignée de persil, deux gousses d'ail et deux feuilles d'estragon. Mélangez ce hachis à 125 gr. de beurre. Le mélange terminé, placez-en un peu dans chaque coquille, posez une moule par-dessus, couvrez avec un peu de beurre d'aromates, et placez toutes les moules sur un plat empli de sel, qui leur conservera l'équilibre. Saupoudrez chaque moule de mie de pain, dans laquelle vous aurez mélangé un peu de parmesan, et faites bien chauffer le tout au four. Servez très chaud en même temps que de fines tartines de pain gris beurrées.

°Les moules marinières.

-1ère version (la plus compliquée) :

Nettoyez soigneusement deux kg de moules, une par une. Rejettez d'emblée celles qui sont déjà ouvertes. Hachez finement la valeur de fortes cuillerées remplies respectivement d'oignons, échalotes, de persil et de blanc de céléri en branche. Mettez le tout dans une casserole haute avec un verre de vin blanc ordinaire, un oeuf de beurre et du poivre du moulin mais pas de sel. Mettez la casserole en plein feu, couvrez, laissez cuire pendant cinq minutes puis ajoutez les moules. Couvrez à nouveau et laissez poursuivre la cuisson durant cinq minutes. Maniez une cuillère à soupe de farine avec quantité égale de beurre et, dans un bol, mettez, avec toutes les larmes d'un citron, quelques dés de beurre, un ou deux jaunes d'oeuf. Les moules étant cuites, prenez-les avec une écumoire et mettez-les avec leurs deux coquilles dans une soupière; ajoutez alors à leur cuisson, en la fouettant avec un fouet (de cuisine !), le beurre manié, puis le contenu du bol qui va lier la sauce. Ne laissez pas bouillir ! Arrosez les moules de sauce et servez de suite, avec assiettes creuses et préchauffées et tartines beurrées.

-2ème version (plus simple) :

Disposez, au fond d'une casserole, quelques lames d'oignons, une branche de céleri, quelques branches de persil, du poivre du moulin, un peu de beurre. Placez sur le tout les moules que l'on arrose d'un verre de vin blanc ordinaire (pas un Chablis ni un Pouilly -Fuissé quoi ! ;-) ). Recouvrez la casserole mise en plein feu, puis versez les moules, sitôt ouvertes complètement, avec leur cuisson, dans une grande soupière. Servez à table. 

°Les moules à l'escargot.

Ne lavez les moules qu'après les avoir complètement nettoyées, grattées et après avoir enlevé celles qui pourraient contenir du sable., ce dont l'on s'assure en les pressant fortement une à une. Lavez-les ensuite en plusieurs eaux en ayant soin de ne pas les laisser séjourner dans la première eau, celle-ci contenant diverses impuretés que la moule est susceptible d'avaler. Lorsque l'eau est enfin parfaitement claire, alors seulement laissez tremper les moules en ajoutant une petite poignée de sel dans l'eau claire. Passez ensuite à la cuisson. Coupez grossièrement le coeur d'un céleri, un oignon, une racine de persil et mettez le tout dans une casserole avec l'équivalent d'une cuillère à soupe de beurre (pour deux kg de moules). Faites cuire pendant quelques instants sans laisser rissoler et ajoutez les moules bien égouttées. Ajoutez le jus d'un citron et un décilitre de vin blanc, très peu de sel, couvrez et faites cuire à feu vif en remuant de temps en temps la casserole de façon à faire venir les moules du fond de la casserole par-dessus, ce qui assure une parfaite cuisson. Ne laissez pas cuire longtemps, aussitôt que toutes les moules sont ouvertes, retirez la casserole du feu. Laissez un peu refroidir et enlevez les moules de leurs écailles en réservant une belle écaille par moule. Passez à la préparation du beurre entrant dans la composition de ce plat. Pour une cinquantaine de moules de belle grosseur, hachez extrêmement fin (jusqu'à les réduire en pâte même), deux échalottes avec une gousse d'ail. Ajoutez la valeur d'une cuillère à soupe de persil, haché de la même façon, deux feuilles d'estragon, puis mélangez à ces herbes 350 gr. de beurre, 12 gr. de sel, 2 gr. de poivre. Placez alors les moules une par une dans une coquille bien sèche, et emplissez avec le beurre de façon à couvrir la moule entièrement. Pour servir, placez les moules ainsi préparee sur un plat à escargot ou, plus simplement, sur un lit de sel, ce qui empêchera les moules de basculer. Faites chauffer au four durant trois ou quatre minutes et servez chaud. Une autre idée est de placer les moules dans des coquilles d'escargot, ce qui permet au beurre de mieux rester dans la coquille.

Comment manger des moules ?

Personnellement, à l'exception de recettes particulières (parquées, à l'escargot...) je n'envisage de manger des moules que dans une casserole de volume respectable, bien fumante (évidemment, à l'origine, ce n'est pas un plat estival...) ! Ma préférence va aux moules à la crème et aux moules au roquefort.

Une anecdote à ce sujet. Un jour, je me retrouve avec une amie française dans une brasserie bruxelloise. Nous commandons des moules au roquefort. On nous apporte bientôt deux belles casseroles de moules. Belles, elles l'étaient certes, tout autant d'ailleurs que peu pourvues en sauce roquefort ! Je demande à ma compagne ce qu'elle en pense et, poliment, elle me dit qu'on "sent le goût" du roquefort. Ja, j'ai compris, c'est bien ce que je pensais... J'appelle le garçon pour lui demander s'il y aurait moyen d'avoir "un peu" plus de sauce roquefort...quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions avec deux superbes saucières remplies à ras-bord de sauce, dont nous nappâmes d'abondance nos casseroles respectives ! Sans doute les gens ont-ils l'habitude de ne pas demander et que le cuisinier s'est dit qu'après tout, s'ils sont contents avec ça... Par contre, il semble que notre demande gastronomique ait été appréciée et nous en avons été largement récompensés !

Et pour l'accompagnement ? Le "moules-frites" est une tradition à Bruxelles, bien sûr. Et j'aime naturellement cette formule avec une bonne "clouche" de mayonnaise ou de mayonnaise-moutarde dessus ! Mais un bon pain peut aussi très bien accompagner les moules, surtout si le jus ou sauce d'accompagnement est bonne. Dans ce cas, je me fais toujours un plaisir d'user aussi de ma cuillère à soupe ! ;-)

Quelle que soit la préparation, il me semble qu'un plat de moules s'accompagne toujours d'un vin blanc (mais je n'aime généralement pas manger à la bière). A l'extérieur, selon ses moyens financiers, on prendra le vin du patron (qui peut être aussi une agréable surprise) ou une bouteille choisie. Chez soi, même si l'on dispose de moyens financiers plus limités, il sera évidemment plus aisé de choisir son vin, Chablis ou Pouilly -Fuissé, comme cités plus haut (je suis Bourgogne !). Mais évidemment, il faudra assumer la préparation et la cuisson ! Tout se paie !

Ha oui ! Il existe une habitude qui semble se perdre aujourd'hui, mais à laquelle, personnellement, je reste fidèle : manger la première moule à la fourchette et les autre, en s'aidant de la double coquille de la première ! J'ai appris cela dès l'enfance et je n'ai gardé cette habitude.

 

(*) Pour info : A Etterbeek, je connais deux établissements où l'on sert des casseroles de moules à des prix abordables :

-Taverne Es Europa, Av. d'Auderghem, 140 - 1040 Bruxelles (Etterbeek). N° de téléphone : 02 732 84 18 (deux conseils : téléphoner au préalable pour s'assurer des heures d'ouverture, notamment pour le soir, et préférer l'accompagnement des moules avec du pain, les frites ne pouvant être faites sur place).

-Le Soleil à Table, Rue de la Grande Haie 46, 1040 Bruxelles (Etterbeek). N° de téléphone : 02 736 20 20

Accueil très sympa dans les deux cas !

 

Eric TIMMERMANS.

Sources : "Cuisine et Folklore de Bruxelles, Brabant", Gaston Clément, Editions Le Sphinx, 1971, p.25 à 27.

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LLOISE : CINQ MANIERES DE PREPARER DES MOULES "A LA BRUXELLOISE".
Le temps révolu des mois en "R".
Le sujet ayant d'ores et déjà été lancé http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/archive/2017/07/05/moules-8745841.html je poursuis donc sur la même voie en présentant cinq manières de préparer les moules, c'est de saison !
Il fut un temps pas si lointain où l'on attendait l'arrivée des moules durant les mois en "R". Ceux-ci étaient alors les mois, sinon les plus froids, au moins les moins chauds de l'année. Ainsi, pour des raisons de conservation, distinguait-on les mois "froids" de septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars et avril, des mois "chauds" de mai, juin, juillet et août. De fait, moules, huîtres et autres fruits de mer se conservent mieux par temps froid que par temps chaud.
Tout cela est bien fini aujourd'hui. On peut même dire que les rôles saisonniers ont été tout simplement inversés. Grâce aux moyens d'élevage et de conservation actuels, il est possible d'élever des moules pratiquement toute l'année. Il n'en reste pas moins vrai qu'il faut malgré tout leur laisser le temps de se reproduire... Certes. Mais pourquoi avoir pour autant  inversé les saisons ? Parce que les mois chauds correspondent aux mois les plus touristiques et donc aux mois commercialement les plus intéressants !
Jadis, c'est à la Grand Place et en plein mois de décembre que le bon peuple de Bruxelles mangeait de grandes casseroles de moules, accompagnées de frites, plat qui figurait alors parmi les moins onéreux. Aujourd'hui, on voit des touristes se "régaler" de quelques moules surnageant dans le jus verdâtre d'une assiette de soupe, tant il est vrai que les prix demandés pour une casserole "à l'ancienne", soit entre 25 et 30 euros, auraient de quoi donner des cauchemars à leur carte de crédit ! Rares sont les endroits, à Bruxelles, on l'on trouve encore une casserole de moules véritable et de bonne qualité pour moins de 15 euros !
Si vous ne connaissez pas de tels établissements (*), il vous reste évidemment la possibilité, si vous en avez le courage, de cuisiner vos moules vous-mêmes. Pour ce faire, nous allons vous donner cinq recettes de moules "à la bruxelloise".
Cinq recettes de moules "à la bruxelloise". 
°Les moules parquées.
Il s'agit de moules crues servies ouvertes, à l'exemple des huîtres. On les relève soit de jus de citron ou de sauce échalote. C'est, de loin, la recette la plus simple.
°Les moules "Le Complet bruxellois".
Hachez ensemble un petit céléri et un oignon. Mettez-les dans une casserole avec un bon morceau de beurre. Faites cuire à couvert pendant une dizaine de minutes sans laisser rissoler les légumes. Ajoutez un litre de moules bien nettoyées et lavées en plusieurs eaux. Salez légèrement, ajoutez une pincée de poivre moulu et le jus d'un demi citron. Couvrez et laissez cuire une dizaine de minutes.. Lorsque toutes les moules sont bien ouvertes dressez-les dans un grand saladier, ajoutez du persil haché au jus et versez sur les moules. Servez avec une assiette de pommes de terre frites bien dorées et croustillantes.
°Les moules de l'Amateur.
Choisissez de grosses moules bien pleines et bien fraîches. Après les avoir nettoyées et lavées, mettez-les dans une casserole avec une branche de céléri, un oignon, une racine de persil, le tout en petits morceaux; assaisonnez de sel et de poivre moulu; arrosez d'un jus de citron et faites cuire. Lorsque toutes les moules sont bien ouvertes, écalez-les (écaler : dépouiller la moule de sa coquille) en réservant pour chacune une seule coquille. Supprimer la barbe frisottante qui entoure chaque moule. D'autre part, hachez le plus fin possible, pour un kilo de moules, une demi-poignée de persil, deux gousses d'ail et deux feuilles d'estragon. Mélangez ce hachis à 125 gr. de beurre. Le mélange terminé, placez-en un peu dans chaque coquille, posez une moule par-dessus, couvrez avec un peu de beurre d'aromates, et placez toutes les moules sur un plat empli de sel, qui leur conservera l'équilibre. Saupoudrez chaque moule de mie de pain, dans laquelle vous aurez mélangé un peu de parmesan, et faites bien chauffer le tout au four. Servez très chaud en même temps que de fines tartines de pain gris beurrées.
°Les moules marinières.
-1ère version (la plus compliquée) :
Nettoyez soigneusement deux kg de moules, une par une. Rejettez d'emblée celles qui sont déjà ouvertes. Hachez finement la valeur de fortes cuillerées remplies respectivement d'oignons, échalotes, de persil et de blanc de céléri en branche. Mettez le tout dans une casserole haute avec un verre de vin blanc ordinaire, un oeuf de beurre et du poivre du moulin mais pas de sel. Mettez la casserole en plein feu, couvrez, laissez cuire pendant cinq minutes puis ajoutez les moules. Couvrez à nouveau et laissez poursuivre la cuisson durant cinq minutes. Maniez une cuillère à soupe de farine avec quantité égale de beurre et, dans un bol, mettez, avec toutes les larmes d'un citron, quelques dés de beurre, un ou deux jaunes d'oeuf. Les moules étant cuites, prenez-les avec une écumoire et mettez-les avec leurs deux coquilles dans une soupière; ajoutez alors à leur cuisson, en la fouettant avec un fouet (de cuisine !), le beurre manié, puis le contenu du bol qui va lier la sauce. Ne laissez pas bouillir ! Arrosez les moules de sauce et servez de suite, avec assiettes creuses et préchauffées et tartines beurrées.
-2ème version (plus simple) :
Disposez, au fond d'une casserole, quelques lames d'oignons, une branche de céleri, quelques branches de persil, du poivre du moulin, un peu de beurre. Placez sur le tout les moules que l'on arrose d'un verre de vin blanc ordinaire (pas un Chablis ni un Pouilly -Fuissé quoi ! ;-) ). Recouvrez la casserole mise en plein feu, puis versez les moules, sitôt ouvertes complètement, avec leur cuisson, dans une grande soupière. Servez à table. 
°Les moules à l'escargot.
Ne lavez les moules qu'après les avoir complètement nettoyées, grattées et après avoir enlevé celles qui pourraient contenir du sable., ce dont l'on s'assure en les pressant fortement une à une. Lavez-les ensuite en plusieurs eaux en ayant soin de ne pas les laisser séjourner dans la première eau, celle-ci contenant diverses impuretés que la moule est susceptible d'avaler. Lorsque l'eau est enfin parfaitement claire, alors seulement laissez tremper les moules en ajoutant une petite poignée de sel dans l'eau claire. Passez ensuite à la cuisson. Coupez grossièrement le coeur d'un céleri, un oignon, une racine de persil et mettez le tout dans une casserole avec l'équivalent d'une cuillère à soupe de beurre (pour deux kg de moules). Faites cuire pendant quelques instants sans laisser rissoler et ajoutez les moules bien égouttées. Ajoutez le jus d'un citron et un décilitre de vin blanc, très peu de sel, couvrez et faites cuire à feu vif en remuant de temps en temps la casserole de façon à faire venir les moules du fond de la casserole par-dessus, ce qui assure une parfaite cuisson. Ne laissez pas cuire longtemps, aussitôt que toutes les moules sont ouvertes, retirez la casserole du feu. Laissez un peu refroidir et enlevez les moules de leurs écailles en réservant une belle écaille par moule. Passez à la préparation du beurre entrant dans la composition de ce plat. Pour une cinquantaine de moules de belle grosseur, hachez extrêmement fin (jusqu'à les réduire en pâte même), deux échalottes avec une gousse d'ail. Ajoutez la valeur d'une cuillère à soupe de persil, haché de la même façon, deux feuilles d'estragon, puis mélangez à ces herbes 350 gr. de beurre, 12 gr. de sel, 2 gr. de poivre. Placez alors les moules une par une dans une coquille bien sèche, et emplissez avec le beurre de façon à couvrir la moule entièrement. Pour servir, placez les moules ainsi préparee sur un plat à escargot ou, plus simplement, sur un lit de sel, ce qui empêchera les moules de basculer. Faites chauffer au four durant trois ou quatre minutes et servez chaud. Une autre idée est de placer les moules dans des coquilles d'escargot, ce qui permet au beurre de mieux rester dans la coquille.
Comment manger des moules ?
Personnellement, à l'exception de recettes particulières (parquées, à l'escargot...) je n'envisage de manger des moules que dans une casserole de volume respectable, bien fumante (évidemment, à l'origine, ce n'est pas un plat estival...) ! Ma préférence va aux moules à la crème et aux moules au roquefort.
Une anecdote à ce sujet. Un jour, je me retrouve avec une amie française dans une brasserie bruxelloise. Nous commandons des moules au roquefort. On nous apporte bientôt deux belles casseroles de moules. Belles, elles l'étaient certes, tout autant d'ailleurs que peu pourvues en sauce roquefort ! Je demande à ma compagne ce qu'elle en pense et, poliment, elle me dit qu'on "sent le goût" du roquefort. Ja, j'ai compris, c'est bien ce que je pensais... J'appelle le garçon pour lui demander s'il y aurait moyen d'avoir "un peu" plus de sauce roquefort...quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions avec deux superbes saucières remplies à ras-bord de sauce, dont nous nappâmes d'abondance nos casseroles respectives ! Sans doute les gens ont-ils l'habitude de ne pas demander et que le cuisinier s'est dit qu'après tout, s'ils sont contents avec ça... Par contre, il semble que notre demande gastronomique ait été appréciée et nous en avons été largement récompensés !
Et pour l'accompagnement ? Le "moules-frites" est une tradition à Bruxelles, bien sûr. Et j'aime naturellement cette formule avec une bonne "clouche" de mayonnaise ou de mayonnaise-moutarde dessus ! Mais un bon pain peut aussi très bien accompagner les moules, surtout si le jus ou sauce d'accompagnement est bonne. Dans ce cas, je me fais toujours un plaisir d'user aussi de ma cuillère à soupe ! ;-)
Quelle que soit la préparation, il me semble qu'un plat de moules s'accompagne toujours d'un vin blanc (mais je n'aime généralement pas manger à la bière). A l'extérieur, selon ses moyens financiers, on prendra le vin du patron (qui peut être aussi une agréable surprise) ou une bouteille choisie. Chez soi, même si l'on dispose de moyens financiers plus limités, il sera évidemment plus aisé de choisir son vin, Chablis ou Pouilly -Fuissé, comme cités plus haut (je suis Bourgogne !). Mais évidemment, il faudra assumer la préparation et la cuisson ! Tout se paie !
Ha oui ! Il existe une habitude qui semble se perdre aujourd'hui, mais à laquelle, personnellement, je reste fidèle : manger la première moule à la fourchette et les autre, en s'aidant de la double coquille de la première ! J'ai appris cela dès l'enfance et je n'ai gardé cette habitude.
(*) Pour info : A Etterbeek, je connais deux établissements où l'on sert des casseroles de moules à des prix abordables :
-Taverne Es Europa, Av. d'Auderghem, 140 - 1040 Bruxelles (Etterbeek). N° de téléphone : 02 732 84 18 (deux conseils : téléphoner au préalable pour s'assurer des heures d'ouverture, notamment pour le soir, et préférer l'accompagnement des moules avec du pain, les frites ne pouvant être faites sur place).
-Le Soleil à Table, Rue de la Grande Haie 46, 1040 Bruxelles (Etterbeek). N° de téléphone : 02 736 20 20
Accueil très sympa dans les deux cas !
Eric TIMMERMANS.
Sources : "Cuisine et Folklore de Bruxelles, Brabant", Gaston Clément, Editions Le Sphinx, 1971, p.25

Schaerbeek

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Schaerbeek
anciennes cartes postales

 

 

 

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Aujourd'hui la rue de Quatrecht

 

 

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Cette église date du dix-neuvième siècle et est l'oeuvre de Louis Overstraeten.

 

 

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Inauguré le 15 août 1865 et sera détruit par un incendie en août 1897.

 

 

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La rue L'Olivier, nom d'un valereux militaire qui né en 1792 à Bruxelles servi dans l'armée de la République  Française.

 

 

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Cette impasse insalubre était située rue  l'Olivier

 

 

 

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rue empruntée par nos Rois pour aller au boulot

 

 

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 Carte 11

 

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 Carte 12

 

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Carte 13

Le 27 mars 1871, le conseil communal approuvait la convention conclue avec le BELGIAM STREET RAILWAY and OMNIBUS Cy pour l'établissement de la première ligne de tram de Schaerbeek.

 

 

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Carte 14

Un dernier coup d'oeil à la rue du Brabant : le tram à cheval ne risque pas d'écraser ni le livreur de la boulangerie, ni la dame qui s'apprête à traverser la rue.

 

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Carte 15

De quoi M. STEYAERT; pouvait-il être fier ? De ses suberbes machines à broder, dernier cri du progrès.

 

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 Carte 16

Il avait une bonne clientèle, Léopold FEYENS, au coin de la place Liedts.

 

 

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Carte 17

Les deux passerelles remplaçant de vieux passages à niveau reliaient la rue de Cologne (rue d'Aerschot) à la rue du Progrès.

 

 

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Carte 18

Le Goulot de la Mort ou comme disait le bourgmestre KENNIS "le moulin à saucisse"

 

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 Carte 19

 

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 Carte 20

 

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Carte 21

Au coin de la rue du Progrès - "Le Café Brasserie des Deux-Ponts"

A droit le cheval de renfort qui aidera son congénère à faire franchir au tram la pente assez forte vers les ponts qui franchissent les voies de chemin de fer.

 

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Carte 22

La rue du Gallait, qui était qu'amorcées en 1866, est très tôt devenue une grande artère commerçante.

 

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 Carte 23

Sept rues se rencontrent place Pavillon, où passe le tram à cheval

 

 

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 Carte 24

nous avons traversé la place et devant nous s'ouvre la rue Gallait avec, à gauche, la rue des Ailes et la rue Quinaux.
Au trois coins les noms ont changé ; le pharmacien s'appelle Théâtre, le café Brasserie es l'Horloge et la boulangerie porte le nom de Sitoor.
De nos jours (2010) alles es weg !

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 Carte 25

Nous regagnons le haut de la commune et, de la place Lehon, nous voyons la maison communale. La gardes-civiques est présente.

 

 

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 Carte 26

Le 9 place Colignon, en face de l'hôtel de ville, est aujourd'hui une maison privée.
Au début du siècle (1900), c'était le décor à la René Clair "LA BRASSERIE DE LA BECASSE" de G. FLON, qui tenait une pension bourgeoise.

 

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 Carte 27

Le tram vicinal venant d'Haecht, le "Boerentram", salue d'un jet de vapeur l'hôtel communal. Contruit en plein champ en 1887.

 

 

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 Carte 28

Le 17 avril 1911, un incendie ravagea l'hôtel communal.
Nombreux ont été les habitants de la commune qui participèrent au sauvetage du mobilier.

 

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 Carte 29

La police a réquisitionné une remorque d'un vicinal pour y organiser une permanence.

 

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 Carte 30

Le buste du roi est Sauf... OUF

 

 

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 Carte 31

Pour cette occasion on put voir le courage des pompiers schaerbeekois, un corp de volontaires formé en 1878 et qui était commandé, par M. Joseph MELAERTS.
Ci-dessus le jeune lieutenant PANIELS et son chef.

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 Carte 32

 

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 Carte 33

 

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 Carte 34

La reine Marie-Henriette, femme de Léopold II, aimait beaucoup les chiens griffons.
Passant un jour par la place Liedts, elle suivit une servante qui promenait trois griffons havanais. Le propriétaire habitait rue Vandeweyer, galament, il offrit à la reine le plus jeune des trois, fils des deux autres.
Très souvent par la suite la reine se rendit rue Vandeweyer pour permettre à son griffons de dire bonjours à ses parents.

 

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 Carte 35

Avec les rochers artificiels disposés sur ses pentes, l'endroit évoquait un coin célèbre de la ville de BERNE et il fut bientôt connu de tout Bruxelles sous le nom de
"CAGE AUX OURS"

 

 

 

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 Carte 36

Dans le jardin de la "laiterie WARANDEVELD" tenu par le marchand de beurre VAN AERSCHOT, on allait déguster des tartines au fromage blanc, des omelettes, du lait bien frais et comme de bien entendu, de la bière.
Le bon air à la campagne quoi.

 

 

 

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Carte 37

"TUT TUT TUT,  do de train en de stousse goe vouch"
En souvenir de mon beauf André Hofmans

  

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Carte 38

 

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Carte 39

 

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Carte 40

A l'angle des rues Chaumontel et Zénobe Gramme, les bâtiments de l'institut de la Sainte-Famille cachent aux passants les restes du château Helmet.

 

 

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Carte 41

La rue du Tilleul, séparant Schaerbeek d'Evere, reliait le hameau d'Helmet à la chaussée de Louvain.

 

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 Carte 42

Avec de-ci de-là une remise abritant la charrette qui chaque matin, emportait un chargement de légumes à destination des marchés de Bruxelles.

 

 

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 Carte 43

La rue de l'Agriculture (et non de l'Horticulture) traversait la chaussée d'Helmet et la chaussée d'Haecht, parrallèlement à la rue du Tilleul.

 

 

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 Carte 44

La rue du Lion, qui aboutissait à l'avenue Monplaisir, a disparu au cours de l'aménagement des terrains devant la gare et de la rue Anatole France. (1907-1908)

 

 

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 Carte 45

Le Baron ROOSE s'était fait contruire à Helmet un joli château qu'il baptisa "MONPLAISIR".

Bonaparte et Joséphine y étaient venus passer les troupes en revue (27 septembre 1803).

 

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 Carte 46

On n'a pas dû faire un grand effort d'immagination pour baptiser cette rue, dont les fermes sont construites selon le type dit "façade longue", le plus répandu dans cette partie de la région Bruxelloise.

 

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 Carte 47

 

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 Carte 48

Le Nieuwen Vos, ( à droite) avec sa prétentieuse façade de briques et les glaçes ornées de son rez-de-chaussée nous attire certes moins que son vis-à-vis "in de Vos" chaulé, ou l'auberge "In de Zwaluw"

 

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Carte 49

La rue ou la chaussée reste inconnue?

 

 

 

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 Carte 50

 

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 Carte 51

Il n'est pas loin de midi, le garçon-boucher rentre de sa tournée de livraison et deux ménagères sont allées chercher à l'école les deux petites filles.
Au fond, la chaussée fait un coude où débouche, à gauche la rue de la Bruyère.

 

 

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 Carte 52

Tout en remblai, le premier tronçon du boulevard Lambermont date de 1906.

Sa création à nécessité la contruction de plusieures ouvrages d'art, dont ce pont qui enjambe la chaussée d'Haecht

 

 

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 Carte 53

Bordant le boulevard Lambermont, l'hôpital dont la construction décidée en 1894, fut confiée à l'achitecte KUHNEN fut ouvert aux public le 23 septembre 1905.

 

 

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Carte 54

Au long du ruisseau qu'alimentait une source très pure, quelques guinguettes s'étaient établies entres les taillis et à l'ombre des grands arbres.
Mi paysans, mi cabaretiers, leurs habitants menaient  une vie laborieuse.
Pour les enfants la vallée étaient un vrai petit paradis

 

 

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 Carte 55

Vue générale de la vallée Josaphat vers 1884, prise vers le village de Schaerbeek.
A l'avant plan à droite, le chemin suivant la vallée, à gauche, le château d'amour, au fond d'une drêve l'accès. A droite la propriété Martha entourée d'un mur.

 

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 Carte 56

A l'horizon, la silhouette de l'hôtel de ville.
Adroite la maison du garde barrière qui veillait sur le passage à niveau de la petite rue au Bois.

 

 

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 Carte 57

Montant la garde à l'entrée de la vallée Josapha, l'ancien château des VAN WAELHEM, bâti au seizième siècle.

 

 

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 Carte 58

Entre deux plateaux couverts de cultures maraichères, la vallée avait gardé sa parure sylvestre!

Lesc paysans des alentours venaient y chercher le bois, comme autrefois

 

 

LE PRIEURE DU ROUGE-CLOÎTRE

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LE PRIEURE DU ROUGE-CLOÎTRE (Auderghem)

 

Vers 1840

1.Un historique du Rouge-Cloître.

 

 

Aux origines du Rouge-Cloître – Le 14e siècle..

Au 14e siècle, l’essor du christianisme occidental suscita un courant mystique qu’encouragèrent, dans nos régions, certaines personnalités tel que Jan van Ruysbroeck (ou Ruusbroec) dit l’Admirable (1293-1381), lui-même disciple de Maître Eckhart (1260-1328). Cette évolution amena nombre de souverains à offrir des terres et des domaines afin qu’y soient érigés des couvents. C’est ainsi que la duchesse Jeanne de Brabant, fille de Jean III et épouse de Wenceslas de Luxembourg, admit la création de plusieurs fondations religieuses en forêt de Soignes, parmi lesquelles, l’ermitage du Rouge-Cloître, fondé par un certain Gilles Olivier, en 1366.

 

En 1367, Guillaume Daneels, chapelain de l’église Sainte-Gudule à Bruxelles, de même que le laïc Walter van der Molen, rejoignirent l’ermite, retiré dans la forêt de Soignes, aux environs de la « Bruxkens Cluse » (ou Ten Bruxken, lieu-dit situé à l’endroit où la chaussée de Wavre enjambait le Roodkloosterbeek). Mais cette terre humide favorisant les douleurs rhumatismales, la duchesse Jeanne préféra voir les religieux s’installer, à la date du 1er mars 1368, sur une terre située un peu plus en hauteur « in onsen wouden von Zonie beneden den Clabotsborre », où un nouvel ermitage fut ainsi fondé.

Le village d’Auderghem, situé au nord de la forêt de Soignes et à l’est de Bruxelles, constitua un pôle d’attraction pour le futur prieuré du Rouge-Cloître. Au cours des années qui suivirent, les ermites édifièrent de petites maisonnettes et une chapelle en bois qui fut enduite d’argile rouge. De là lui vint son nom de Rode Cluse ou Rooklooster, soit « Rouge-Cloître » (*). En latin, on le nomma Rubea Vallis (ou « Rougeval ») par opposition à Viridis Vallis (ou « Valvert », ou encore « Groenendael », du nom d’un autre prieuré de la forêt de Soignes).


Le 18 janvier 1374, l’ermitage devint un prieuré dédié à saint Paul –le prieuré de saint Paul en Soignes- et il adopta la règle de saint Augustin. Guillaume Daneels fut choisi comme premier prieur.

Le Rouge-Cloître au 15e siècle.

En 1402, la communauté s’affilia au chapitre de Groenendael (pour l’anecdote, une tradition légendaire prétend qu’une galerie relierait, au terme de plusieurs kilomètres, le site du Rouge-Cloître à celui de Groenendael) et, en 1412, au chapitre de Windesheim. Les premiers travaux d’aménagement du prieuré furent entrepris entre 1441 et 1454. On construisit un lavoir (1441), une maison des femmes (1445), une infirmerie dotée d’une petite chapelle (1449) et un mur d’enceinte (1452).

Si les religieux du Rouge-Cloître menaient une vie de prière et de contemplation, ils ne négligeaient pas pour autant les études historiques et hagiographiques. Ainsi rédigèrent-ils nombre de chroniques et copièrent-ils des œuvres religieuses. De nombreux manuscrits copiés et enluminés au Rouge-Cloître sont d’ailleurs conservés à la Bibliothèque Nationale d’Autriche, à Vienne. La communauté exploita aussi des carrières, aménagea des viviers pour la pisciculture, draina le vallon et construisit un moulin.

L’écrivain le plus célèbre du Rouge-Cloître est le Bruxellois Jan Gielemans (1427-1487), arrière-petit-neveu, du côté maternel, du premier prieur Guillaume Daneels. Il est l’auteur d’un vingtaine d’ouvrages dont le Hagiolum Brabantinorum. Il fut lui-même prieur du Rouge-Cloître de 1476 à 1487.

Guerres de religion (16e s.) et de Louis XIV (17e s.) : l’amorce du déclin.

L’écrivain Antoine Gheens fut bibliothécaire du cloître. Entre 1532 et 1538, il dressa un catalogue des traités qui étaient conservés dans les bibliothèques conventuelles des Pays-Bas et d’Allemagne. De magnifiques reliures en peau de cerf, veau ou truie, estampées de motifs religieux ou décoratifs, furent ainsi réalisées, favorisant l’extension de la renommée de l’atelier de reliure du Rouge-Cloître.

Le prieuré bénéficia aussi des dons et de la protection de Charles-Quint. Las, les guerres de religion éclatèrent et le couvent fut pillé et incendié en 1572. Les religieux se replièrent dans leur refuge sis rue des Alexiens à Bruxelles, où ils resteront pendant une trentaine d’années (jusqu’en 1607).

De retour dans leur domaine d’origine, les religieux, bénéficiant de la protection des archiducs Albert et Isabelle (1598-1621), entreprirent de longs travaux de réfection des bâtiments. Ces derniers se poursuivirent jusqu’à la moitié du 17e siècle, époque à laquelle ils furent achevés, sous le priorat d’Adrien van der Reest (1607-1677). En 1643, l’église fut même dotée d’une nouvelle tour avec horloge et d’un carillon, mais plus jamais le prieuré ne retrouva son lustre d’antan.

Il fut aussi victime d’un appauvrissement perpétuel résultant des lourdes impositions sur le patrimoine conventuel dont il dût s’acquitter sous les Pays-Bas espagnols, des guerres menées par le roi de France Louis XIV dans nos contrées, au cours de la seconde moitié du 17e siècle, sans parler des dilapidations d’un des prieurs du cloître, Gilles de Roy… A tous ces malheurs s’ajouta un nouveau désastre : en 1693, un incendie ravagea une partie des bâtiments du prieuré. Par chance, la bibliothèque contenant de précieux manuscrits enluminés, des livres anciens et des reliures de valeur, fut épargnée.

Joseph II et la Révolution française : la double suppression du Rouge-Cloître (18e s.).

Malgré certaines chaussées tracées à travers ses champs (vers Notre-Dame-au-Bois et Tervuren), le fait que, comme tous les couvents, le Rouge-Cloître dût contribuer, en 1750, aux frais de reconstruction du palais ducal de Bruxelles (anéanti par un incendie en février 1731) et l’édit de 1753 concernant les amortissements visant les richesses du couvent, le prieuré vit sa situation se redresser quelque peu à l’époque de Marie-Thérèse d’Autriche. Mais le 13 avril 1784, le prieuré fut purement et simplement supprimé par l’Empereur d’Autriche Joseph II, sous le prétexte d’éliminer les cloîtres « inutiles », c’est-à-dire les ordres contemplatifs qui ne s’occupaient pas des soins aux malades, de l’enseignement ou de la pastorale (partie de la théologie qui concerne le ministère sacerdotal).

A noter toutefois que cette suppression n’intervint qu’environ un an après la promulgation de l’édit général de suppression du 17 mars 1783. Ce délai permit aux religieux de vendre les pièces les plus précieuses ou de les mettre en sécurité (notons toutefois qu’une partie des précieux ouvrages précités ont atterri « miraculeusement » dans la bibliothèque impériale de Vienne…où ils se trouvent toujours…). L’administration des biens des couvents supprimés fut alors confiée à une nouvelle institution, le Comité de la Caisse de Religion. Dans le but de rentabiliser le lieu, on y établit la fabrique d’acier François Wautier. Celle-ci n’occupa qu’une partie de l’établissement, soit la maison du portier, la brasserie, la maison des hôtes, une partie du couvent, le lavoir et la cuisine. Cette entreprise fit rapidement faillite.

En 1790 (Révolution brabançonne, 1787-1790), les 18 religieux regagnèrent les bâtiments en partie délabrés du cloître (une grande partie avait été rasée. Ils s’y maintinrent vraisemblablement durant six années, et ce bien qu’en 1792, les hussards français y pillèrent ce qui restait à piller et y déployèrent même un détachement. En 1796, le prieuré du Rouge-Cloître fut supprimé une seconde fois (et cette fois, définitivement) par les révolutionnaires français, les biens des religieux étant mis en vente publique.

Le Rouge-Cloître après le couvent : du 19e siècle à nos jours.

De 1804 (Consulat/Premier Empire) à 1910 (Royaume de Belgique), le Rouge-Cloître accueillit successivement une filature –l’ancien couvent fut acheté par un Bruxellois du nom de Joseph Zanna (1797), qui en démolit une grande partie et installa une filature dans l’autre- , une teinturerie, les ateliers d’un tailleur de pierre, une guinguette, un hôtel, des restaurants ! A noter qu’en 1834 (ou en 1805 ?), un nouvel incendie détruisit entièrement l’église. En 1872, tout le domaine (y compris champs et étangs) fut acquis par un certain Romain Govaert. Celui-ci possédait un château qui dominait le Rouge-Cloître, mais il fut détruit en 1961.

Le 1er juin 1910, le domaine fut acquis par l’Etat. En 1965, les bâtiments présentant un intérêt historique furent classés, de même que le mur d’enceinte. En 1992, il devint la propriété de la Région de Bruxelles-Capitale qui en assure aujourd’hui la gestion et la conservation. Depuis 1999, des fouilles, sondages et évaluations archéologiques ont été menés pour le compte de la Direction des Monuments et Sites de la Région bruxelloise. Dans les années 2001-2002, l’infirmerie, la brasserie et le moulin ont ainsi pu être repérés et dégagés. On retrouva même le mécanisme du moulin. En 2003, c’est l’emplacement de l’ancienne église, de même que les ailes disparues du cloître et de l’ancienne brasserie qui ont fait l’objet de toutes les attentions de l’équipe archéologique.

2.Le Rouge-Cloître aujourd’hui.

Mais que reste-t-il de l’ancien couvent des Augustins ? Et quel usage en est-il fait de nos jours ? :

a) Le prieuré du 18e siècle a été préservé. Plus précisément, si deux ailes du cloître ont été arasées vers 1800, une autre apparaît parfaitement conservée. Une autre encore a été profondément remaniée pour accueillir les ateliers d’artistes.

b)Les dortoirs.

c)L’ancienne ferme prieurale est toujours visible. Il s’agit d’une belle construction carrée à un étage.

d)On retrouve également les anciennes dépendances avec leur manège et leurs écuries.

e)La brasserie, quant à elle, dont le mur extérieur est inclus dans le tracé du mur d’enceinte, présente encore des sols en place ainsi que des fours permettant d’étudier le processus de fabrication traditionnel de la bière.

f)En bas de l’étang, dans le jardin qui est toujours ceinturé par l’ancienne enceinte du cloître précitée, on peut encore voir un vieil édifice, construit en 1396 et qui a traversé les siècles : la maison du meunier que l’on nomme « Maison de Bastien », en référence au peintre Alfred Bastien (1873-1955). Henriette, la sœur de ce dernier, s’installa dans cette maison en 1898. Son frère, membre du groupe informel des « peintres du Rouge-Cloître », s’y établit lui-même ultérieurement. Deux lucarnes ont été aménagées dans le toit d’ardoises. Sous la gouttière, on remarque encore les boulins.

g)Les moulins de jadis ont, eux, disparu. Seuls subsistent cinq étangs, établis sur d’anciens marécages médiévaux mais ils ne portent plus trace de la pisciculture qu’on y pratiqua.

On peut dire que le Rouge-Cloître a, aujourd’hui, deux vocations essentielles :

a)L’accueil d’initiatives artistiques diverses. Les bâtiments préservés du prieuré accueillent ainsi le Centre d’Art du Rouge-Cloître (depuis 1971). Celui-ci organise des expositions, des ateliers artistiques et des spectacles.

b)Le développement d’initiatives « Nature ». Sa situation géographique, soit l’orée de la forêt de Soignes et le fait qu’il soit originellement entouré d’étangs traversés par le Roodkloosterbeek, ont fait que le site du Rouge-Cloître a, depuis le 16e siècle, toujours été prisé par les amateurs de nature, qu’il s’agisse des chasseurs de jadis (16e/17e s.) ou des promeneurs d’aujourd’hui :

-une partie du site intra et extra-muros est classée réserve naturelle et intégrée au réseau européen Natura 2000. Cette mise en valeur vise notamment à restaurer le réseau hydraulique mis en place par les chanoines ;

-en 2006, l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement, aujourd’hui « Bruxelles Environnement »), a entamé des travaux d’aménagement des jardins historiques de l’ancien prieuré ;

-le Centre d’Art du Rouge-Cloître soutient « Cheval et Forêt », une association qui vise à mettre en valeur les chevaux de trait de Belgique et qui organise des démonstrations de débardage (transport des arbres abattus sur le lieu de coupe vers le lieu de dépôt ou de décharge provisoire).

3.La légende du Rouge-Cloître : trésor enfoui et hantise…

La suppression du prieuré du Rouge-Cloître par l’Empereur autrichien Joseph II est, semble-t-il, à l’origine d’une légende concernant un prétendu « trésor caché ». Comme nous l’avons dit, les autorités impériales autrichiennes décidèrent de supprimer le Rouge-Cloître, jugé économiquement et socialement « inutile », le 17 mars 1783. Nous avons vu également qu’il fallut ensuite près d’un an pour que cette décision soit réellement appliquée. Il n’en fallait pas moins pour enflammer les esprits de certains amateurs de mystères !

Le 13 avril 1784, le procureur se présenta au Rouge-Cloître pour y apposer les scellés. Et il espérait bien, semble-t-il, mettre la main sur un « trésor » de nature indéterminée, mais il en fut pour ses frais : il ne trouva rien, si ce n’est les vrais trésors, historiques ceux-là, qui se trouvent aujourd’hui encore, comme nous l’avons dit, à la Bibliothèque Nationale d’Autriche, à Vienne…

Dès 1781, dès qu’ils eurent vent des mesures anticléricales prises par Joseph II dans l’Empire d’Autriche, les Augustins du Rouge-Cloître, s’attendant à l’application de mesures semblables dans nos régions, se mirent immédiatement à creuser…une nouvelle citerne. De là à imaginer l’enfouissement d’un trésor justifiant l’acharnement du procureur impérial, il n’y a qu’un pas que les amateurs d’occulte s’empressèrent de franchir !

Selon le frère Jean-François Vander Auwera, ledit procureur ne trouvant pas le moindre trésor sonnant et trébuchant, fit enfermer le prieur Terlaeken dans une cellule. Durant quatre jours et quatre nuit, on ne lui apporta ni boisson, ni nourriture, et ce dans le but de l’obliger à dévoiler l’endroit où le trésor supposé avait été caché. Mais rien n’y fit : le prieur ne parla point. On se résolut à se contenter de vendre ses bien personnels à l’encan, mais pas une seule pièce d’argent et encore moins d’or ne semble avoir figuré dans l’inventaire des biens dressé par l’avocat Yernaux, chargé de la liquidation du Rouge-Cloître.

Si l’on en croit la légende du trésor, l’abbaye ayant été divisée en trois lots, les nouveaux propriétaires s’appliquèrent à détruire les bâtiments, sans la moindre intention, semble-t-il, de les reconstruire par la suite. Ces « recherches » apparentes durèrent un an et se déroulèrent semble-t-il à l’époque de la Révolution brabançonne (1787-1790).

Un jour, le frère Jean-François Vander Auwera, déjà cité, fit irruption au Rouge-Cloître (qu’il n’avait, dit-on, jamais vraiment quitté), escorté par un détachement de volontaires brabançons. Une quinzaine de chanoines revint également et n’eut d’autre besogne que de…planter des arbres, à savoir des chênes, en bordure du mur d’enceinte. Acte singulier, alors que nos régions étaient en pleine tourmente révolutionnaire… Ce retour du frère Jean-François apporterait la « preuve » ( ?), selon les amateurs de légendes occultes, que le prieur n’avait pas parlé et que le trésor était toujours en place… Oui, mais où ? Et quel lien entre la citerne, le mur d’enceinte et les chênes plantés par les chanoines de la fin du 18e siècle ? « Cherchez la croix », nous dit Paul de Saint-Hilaire !

Ainsi, aujourd’hui encore, le promeneur qui longerait le mur d’enceinte du Rouge-Cloître vers midi peut (éventuellement) apercevoir, dans la partie orientale, lorsque le soleil la prend en enfilade, une croix composées de briques sombres, haute de plusieurs mètres, recroisetée et haussée sur un socle de dix marches. Or, nous dit l’auteur d’ « Histoire secrète de Bruxelles », ce type de croix dite de calvaire est susceptible d’indiquer l’emplacement…d’un trésor enfoui. Et d’ajouter qu’enfouir un trésor dans un mur extérieur n’a rien d’extravagant, d’autant que la situation au Rouge-Cloître s’avère particulièrement favorable :

« A Rouge-Cloître, la situation est plus favorable encore : l’enceinte est adossée vers l’est à une colline boisée, dont elle retient les terres. La muraille est très haute à cet endroit et la dénivellation atteint plusieurs mètres. Le site est idéal pour creuser, en même temps qu’on élève le mur, une cache en contrebas, une chambre souterraine, voire y placer une citerne. Et c’est précisément là que la croix mystérieuse apparaît et disparaît au soleil… » (Histoire secrète de Bruxelles, p.126). Ceci expliquerait donc l’intérêt des moines porté à ce pan de mur : CQFD !

Déjà partiellement démoli, le Rouge-Cloître fut occupé par des hussards français, dès 1792, ultérieurement remplacé par des dragons. En 1796, le prieuré est supprimé une seconde fois, puis mis en vente publique en 1797, le citoyen Zanna s’en portant acquéreur. Quatre années plus tard le domaine est racheté par un personnage originaire du Midi qui lui-même le cèdera à des Suisses, en 1804. Entre-temps, l’ancien prieur Terlaeken était décédé, les chanoines s’étaient dispersés et le frère Vander Auwera avaient été appelés à d’autres devoirs à Saint-Gilles, où il trépassa avant la fin du régime français.

Le temps passa, mais la légende du trésor enfoui se maintint. Ainsi, un aubergiste du Rouge-Cloître raconta un jour que son grand-père, paysan de son état, affirmait que, certains soirs d’hiver, le fantôme d’un moine vêtu de blanc, à l’exemple des Augustins, hantait parfois les lieux où se dresse la vieille muraille du prieuré. Un jour, surmontant sa crainte, il décida de suivre le spectre jusqu’à un ravin, situé à proximité des étangs. A l’endroit où l’apparition spectrale s’était évanouie, l’ancêtre de notre aubergiste, qui croyait dur comme fer à la légende du trésor, se mit à creuser à l’aide d’une grosse bèche. Il finit par exhumer deux troncs pourris cloués en forme de croix, puis continue à creuser jusqu’à découvrir un squelette de femme ! Le curé fut appelé et fit en sorte d’enterrer la dépouille en terre consacrée.

Mais, vers la même époque, un vieux prêtre qui prétendait être l’un des survivants de l’ancienne communauté augustine, se rendant en pèlerinage aux ruines de l’ancien prieuré, resta plusieurs jours dans les environs. Le découvreur du squelette féminin et de la croix ne manqua évidemment pas de le questionner, mais le prêtre se contenta de donner des réponses évasives et confuses. Il évoqua un étranger qui, une nuit, était arrivé blessé au prieuré. On l’avait soigné et il avait demandé son admission au noviciat. Chaque jour, il allait discrètement au fond du ravin. Un religieux l’ayant suivi, le vit se jeter sur le sol et pleurer, à l’endroit même où le squelette de femme avait été déterré. Il vit ensuite le novice se dépouiller de sa soutane et s’appliquer durement la discipline. Ces terribles mortifications remplissaient les autres religieux d’un respect mêlé d’effroi. A propos du trésor, l’ancien chanoine ne voulut rien en dire.

Le fantôme du moine augustin hante-t-il encore le site du Rouge-Cloître ? Et si tel est le cas, s’agit-il du spectre du frère Jean-François Vander Auwera, veillant jalousement sur un trésor enfoui ? A moins qu’il ne s’agisse de celui du novice anonyme pleurant sur les dépouilles d’une femme dont le drame nous restera à jamais inconnu ?

Cela, la légende du Rouge-Cloître ne nous le dit pas…

Eric TIMMERMANS.

(*) Dans le langage courant, les Bruxellois évoquent habituellement « le » Rouge-Cloître et se rendent « au » Rouge-Cloître. Il semble toutefois que les bonnes formulations soient « Rouge-Cloître » (comme « Val-Duchesse ») et « à » Rouge-Cloître (comme « à » Val-Duchesse). Ne faisant pas partie du monde académique et ces formulations inhabituelles écorchant quelque peu nos oreilles, nous nous en tiendrons, pour notre part, aux formulations populaires qui nous sont familières…

Sources : Les prieurés en forêt de Soignes (Val-Duchesse, Groenendael, Rouge-Cloître, Sept-Fontaines et Ter Cluysen), L. Janssens et E. Persoons, Exposition aux Archives générales du Royaume, du 3 juillet au 30 novembre 1989 / Dictionnaire d’Histoire de Bruxelles, S. Jaumain / Auderghem, J-M. Delaunois, Guides des Communes de la Région Bruxelloise, Guides CFC-Editions, 1998 / Histoire secrète de Bruxelles, Paul de Saint-Hilaire, Albin Michel, 1981, p.125 à 128.

Statues Bruxelloises

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Portes de Bruxelles, 2ème enceinte de la ville.

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Ecluse de Ransfort

 

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Porte de Louvain

 

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La Maison de la Louve

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LA MAISON DE LA LOUVE

 
 
Historique de la Maison de la Louve (Grand-Place, n°5).
 
Cette maison est déjà connue en 1340. Elle se nomme alors Den Wolf (le Loup). Elle fut originellement construite en bois.
Au début du 17e siècle, elle apparaît comme étant la propriété du serment des Archers dont elle est naturellement le siège. C’est la raison pour laquelle on lui donne parfois le nom de « Maison des Archers ».
 
Entre 1641 et 1643, sa façade est réédifiée en pierre. Mais dans la nuit du 11 au 12 octobre 1690, un incendie la ravagea, aussi fut-elle reconstruite en pierre selon les plans de l’architecte Pierre Herbosch (1690-1691).

De fait, le serment des Archers consentit, une fois de plus (il l’avait déjà fait en 1641), à dépenser des sommes considérables pour la reconstruire…quatre ans avant le bombardement (1695), durant lequel le « Loup » fut partiellement détruit (la façade résistera toutefois presque entièrement et servira sans doute de référence pour la reconstruction de l’ensemble de la Grand Place).

Un tableau peint par Daniel van Heil représente la destruction de 1690. Il est conservé au Musée de la Ville (Maison du Roi).
 
La maison de la « Louve » fut reconstruite en 1696, assez sommairement et pas à l’identique pour ce qui est de la façade, dont le pignon est alors non conforme à celui de 1690-1691. Le « Loup », devenu la « Louve », resta la propriété du serment des Archers jusqu’au 18e siècle, suite à quoi elle fut vendue par ledit serment.

A noter qu’au lendemain de sa reconstruction, les propriétaires de la « Louve » permirent à une corporation moins fortunée, soit celle des Serruriers et des Horlogers, d’y louer une salle de réunion. Toujours au 18e siècle, on trouve la maison de la « Louve », liée au nom de la famille Triponetty, comme nous le rappellerons ultérieurement par une anecdote. En 1798, sous la Révolution, la maison fut vendue comme bien national.
 
Dans le courant du 19e siècle, la « Louve » appartint à un propriétaire privé. On y établit un estaminet, puis une imprimerie. La façade de la « Louve » fut totalement restaurée par P.V. Jamaer, entre 1890 et 1892, ce qui permit à la maison de retrouver son lustre de 1690 (pignon).
 
Au début du 20e siècle, on y trouve à nouveau un estaminet, avant qu’une banque ne s’y installe en 1912. Une banque y est toujours installée de nos jours (2017).
Description de la Maison de La Louve.
 
Edifiée en pierre de taille et flanquée des maisons du « Sac » (nord) et du « Cornet » (sud), la « Louve » est une maison de style baroque (italo-flamand). La façade évoque le thème général de la ville. Elle renvoie également à l’architecture et aux décors provisoires des fêtes et commémorations diverses qui se déroulaient en ville et, principalement, sur la Grand-Place. De fait, l’architecte Pierre Herbosch, dont on sait hélas bien peu, déployait une importante activité dans ce domaine (réalisation de peintures à l’occasion d’un feu d’artifice dans le parc du Coudenberg,  conception de décors à l’occasion du mariage de Charles II d’Espagne, etc.). La façade de la « Louve » apparaît comme une transposition des constructions provisoires de Herbosch. Exceptionnelle de par sa décoration symbolique articulée autour d’un thème unique, elle est composée de trois travées dont nous allons à présent examiner les détails :

 

1°) La louve romaine.

La maison de la « Louve » voit son nom illustré par un dessus de porte orné d’une grande enseigne représentant la célèbre Louve romaine allaitant Romulus et Remus, fondateurs mythiques de la ville de Rome. Cet ensemble est associé à une amphore qui figure le Tibre. Pourquoi donc le loup d’origine est devenu louve romaine ? Peut-être parce Rome illustre le thème général de la façade, à savoir, la ville ? Mais rien n’est certain.
 
2°) Les attributs des Archers : la porte d’entrée, le premier étage et le fronton apollonien.
 
Bien évidemment, la Maison des Archers se voit décorée de motifs évoquant ce serment :
 
a)Sur la porte d’entrée, on trouve les attributs des Archers, trophées avec carquois, arcs et flèches.
 
b)Les grilles disposées de part et d’autre de la porte d’entrée (motifs de lettres entrelacées, monogrammes), évoquent les noms des deux patrons du serment des Archers : Antonius, à gauche, soit saint Antoine, et Sebastianus, à droite, soit saint Sébastien.
 
c) Au premier étage, orné de grandes fenêtres, on peut observer divers attributs des archers (carquois, flèches, casques, cuirasses, boucliers). A noter que le balcon du premier étage provoqua les reproches de la corporation des Bateliers occupant la maison voisine du « Cornet ». Mais les Archers surent faire valoir leurs droits.
d)Le fronton triangulaire, quant à lui, figure le dieu Apollon archer perçant le serpent Python de ses flèches. Au premier étage, lyre et carquois, rappellent également le dieu grec. Le fronton est encadré de deux torchères décorées de carquois et de « cailloux à feu » qui garnissent le collier de la Toison d’Or. De fait, le serment était, à l’origine, sous les ordres des ducs de Brabant et de Bourgogne.
 

3°) Les quatre statues allégoriques du deuxième étage.

 
Quatre statues flanquées d’une inscription latine ornent la façade, soit (de gauche à droite) :
 
a)La Vérité : HIC VERUM, firmamentum imperii (=Ici la Vérité, soutien de l’empire !). Son animal-attribut est un aigle, réputé être l’animal qui peut regarder le plus distinctement le soleil. Cette allégorie montre également un livre sur lequel figurent les mots EST EST  et NON NON.
 
b)La Fausseté : HINC FALSUM, insidlae status (=Arrière la Fausseté, écueil de l’Etat !). Son animal-attribut est le renard et elle porte un masque. Le mot latin Falsum peut être aussi traduit par « mensonge ».
 
c)La Paix : PAX FIT, salus generis humani (=Vive la paix, salut du genre humain !). Son animal-attribut est, bien évidemment, la colombe ; deux l’accompagnent. Elles portent un faisceau de flèches liées d’une branche d’olivier.
d)La Discorde : DISCORDIA LONGE (longé), eversio reipublicae (=Loin d’ici la discorde, ruine des affaires publiques !). Son animal attribut est le chien ; deux l’accompagnent. Cette allégorie est représentée sous les traits d’une femme aux cheveux mêlés de serpents (à l’instar de la gorgone Méduse). Ceux-ci se disputent  un os. La Discorde brandit un flambeau ardent.
A chacune de ces allégories correspond, au 3e étage, comme nous allons le voir, une tête en médaillon d’un empereur romain.
 
4°) Les quatre empereurs romains du troisième étage.
 
Le troisième étage est percé de trois paires de baie alternant avec des ornements dorés surmontés de médaillons figurant le portrait de quatre empereurs romains :
a)Le premier : Caes : Nerva : Aug : Trajan, avec pour attributs un soleil éclairant le monde et des tournesols. Il est placé au-dessus de l’allégorie de la Vérité.
 
b)Le deuxième : Caes : Aug : Faust : Genev : Tibère, avec pour  attributs, une cage à oiseau, un filet et un masque. Il est placé au-dessus de la Fausseté/Mensonge.
 
c)Le troisième : Caes : Aug : D : T : P : P : Auguste, avec pour attributs  un globe terrestre et des palmes. Il est placé au-dessus de la Paix.
 
d)Le quatrième : Caes : Dict : Quart : Jules César, avec pour attributs un cœur saignant, des serpents et des flambeaux entrecroisés. Il est placé au-dessus de la Discorde.
 
Mais pourquoi établir de telles relations entre ces portraits d’empereurs romains et les allégories précitées ? C’est ce qu’explique les courtes maximes latines qui accompagnent les statues allégoriques :
 
a)Trajan est associé au « soutien de l’Empire » (Vérité).
 
b)Tibère est associé aux « pièges de l’Etat » (Fausseté/Mensonge).
 
c)Auguste est associé au « salut du genre humain » (Paix).
 
d)César est associé à la « ruine de la République » (Discorde).
 

5°) Le Phénix et le chronogramme.

Le pignon du fronton est surmonté par un phénix renaissant de ses cendres et surgissant des flammes. C’est là le symbole de la reconstruction de la maison en 1691, après l’incendie de1690, comme l’indique le chronogramme associé au Phénix. Ce chronogramme, associé au phénix, fut donc inscrit une première fois en 1691 et fut rétabli, avec le phénix, au lendemain du bombardement de 1695. Un nouveau phénix remplaça l’ancien en 1852. Quant au chronogramme de 1691, il sera intégralement restitué au cours de la rénovation de 1890-1892. Et voilà ce que dit ce chronogramme :
CoMbVsta InsIgnIor resVrreXI eXpensIs sebastIanae gVLDae,  ce qui signifie : « brûlée, je renais plus somptueuse par les soins de la gilde de Sébastien ».
Premièrement, on sait que saint Sébastien est le patron des archers. Deuxièmement, si l’on additionne les lettres que nous reprenons en gras et en majuscules, et qui correspondent à des chiffres romains, le « V » pouvant être aussi bien cette lettre que la lettre « U » et correspondant, en chiffres romains, au chiffre « 5 », nous obtenons la date de la première reconstruction de la maison de la « Louve », soit 1691 :
C (100) + M (1000) + V (5) + I (1) + I (1) + I (1) + V (5) + XI (11) + X (10) + I (1) + I(1) + V (5) + L (50) + D (500) = 1691.
 
Une anecdote : Etienne Triponetty et le « Mannequin-Qui-Pisse » :
C’est le 7 juillet 1761 que naît, dans la maison de la « Louve », Etienne-Michel-Joseph Triponetty, petit-fils d’un banquier de Coire, devenu bourgeois de Bruxelles en 1716 et décédé en 1744.
 
La tombe du grand-père d’Etienne est d’ailleurs toujours visible dans l’église Notre-Dame-de-la-Chapelle . Quant à la mère d’Etienne, elle tient alors un commerce de dentelles dans la maison de la « Louve ». Etienne, quant à lui, est écrivain . Il est notamment l’auteur de Variétés et bagatelles poétiques (1788) et du Rimailleur Bruxellois ou Résultat inutile de vingt-cinq ans de délassement (1805).
 
Toutefois, le récit qui nous intéresse tout particulièrement est le suivant : Métamorphoses du Parc de Bruxelles en cinq rêves : Dédiées au plus ancien bourgeois de la même ville, Le Célèbre Mannequin-Qui-Pisse. » Il apparaît que certains citoyens bruxellois, passablement timorés, jugèrent un jour que le célèbre Menneken Pis –car c’est de lui qu’il s’agit !- , pourtant un symbole largement et anciennement enraciné dans la tradition bruxelloise, était par trop indécent et ils écrivirent en ce sens au pape Benoît XIV.
 
Dans l’ouvrage précité, Etienne Triponetty commenta ce ridicule épisode de la manière suivante :
« J’ai cru mieux ne pouvoir dédier cet ouvrage / Qu’à celui qui toujours captiva notre hommage : / De plusieurs potentats le premier favori ; (1) / De divers gouverneurs le serviteur chéri ; (2) Ami des jeunes gens, le vrai patron des belles / Pour qui souvent leurs doigts tressèrent des dentelles : / Fidèle à ton pays, d’un pape protégé, (3)
 
(1) Référence au duc de Bavière et à Louis XV qui se plurent à orner la statue du Menneken Pis en lui donnant des habits.

(2) Référence à Charles de Lorraine et Marie Elisabeth qui lui firent présents d’autres habits.

(3) Référence au pape Benoît XIV qui, sollicité par les âmes timorées précitées, afin que soit proscrite la figure du Menneken Pis et qu’elle soit jugée contraire aux bonnes mœurs, s’en était fait reproduire un modèle et qui répondit : « Mingat in aeternum ! » : « Qu’il pisse à jamais ! ».
 
Ce qui a motivé l’opposition au Menneken Pis, nous ne le savons pas. S’agissait-il d’une réaction excessive de quelques prudes ou a-t-on relevé soudainement que le nom du petit bonhomme de Bruxelles était lié à celui, scandaleux, de Duquesnoy ? Y-a-t-il eu confusion entre le nom de Jérôme Duquesnoy père, tailleur de pierre au métier des Quatre-Couronnés, à qui la ville de Bruxelles commanda, en 1619, le Menneken Pis de bronze tel que nous le connaissons et qui remplaça l’antique statue de pierre, et Jérôme Duquesnoy fils, qui acheva le tombeau de l’évêque Triest à Saint-Bavon mais qui fut également soupçonné du meurtre de son frère et exécuté à Gand pour sodomie ? Sans doute ne le saurons-nous jamais .
 
Quant à Etienne Triponetty, il mourra jeune, en octobre 1805, à Bruxelles. Mais notre bref rappel biographique concernant la famille Triponetty n’est pas encore totalement terminé. En effet, elle était propriétaire d’une maison de campagne située à Grand-Bigard (Groot-Bijgaarden), dans la périphérie immédiate de l’actuelle Région de Bruxelles-Capitale. Or, le 20 août 1832, le Bulletin der Eygendommen de la commune de Grand-Bigard indique que Franciscus Timmermans, maréchal ferrant de son état et aïeul de l’auteur de ces lignes, est le nouveau propriétaire de la maison de campagne en question, ainsi que des biens attenants.
 
La théorie alchimique de Saint-Hilaire.
 
Un auteur du nom de Paul de Saint-Hilaire a développé une idée originale : la Grand-Place peut faire l’objet d’une lecture alchimique ! Bien que nous ne suivons pas Monsieur de Saint-Hilaire sur cette voie quelque peu incertaine, nous reprenons cette théorie originale dans le contexte des légendes et traditions bruxelloises.
 
Définissons brièvement ce qu’est l’alchimie : « L’alchimie est une discipline qui peut se définir comme « un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux ». L’un des objectifs de l’alchimie est le grand œuvre, c’est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, principalement des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles comme l’argent ou l’or. Un autre objectif classique de l’alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie. La pratique de l’alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. » L’alchimie traditionnelle peut donc poursuivre trois buts : métallique (la légendaire transformation matérielle du plomb en or), médical (médecine universelle et élixir de jouvence) et métaphysique (démarche personnelle, philosophico-spirituelle).
L’une des phases du processus alchimique se nomme la Coagulation. En termes de chimie hermétique, nous dit Paul de Saint-Hilaire « c’est donner une consistance aux choses fluides, non en en faisant un corps compact, mais en les desséchant de leur humidité superflue et en réduisant le liquide en poudre, puis en pierre. » Pour M. de Saint-Hilaire, le bloc ouest de la Grand Place, représente, avec ses sept maisons –le « Roi d’Espagne », la « Brouette », le « Sac », la « Louve », le « Cornet », le « Renard » et la « Tête d’Or »- les sept étapes de ce travail, la maison de la « Louve » symbolisant la quatrième de celles-ci. Il se réfère ainsi à plusieurs éléments de la façade, dont nous avons donné une explication plus prosaïque, il est vrai :
-La Louve : « Sur une terrasse, une louve n’ayant que quatre mamelles allaite deux enfants nus, face à un vase renversé d’où s’échappe un liquide. » Le terme de Loup, nous dit l’auteur, désigne pour les Adeptes, « le suc mercuriel qui est aussi leur liquide dissolvant ». Et si la louve a été préférée à ce stade du processus c’est, toujours selon la même source, parce qu’elle allaite Romulus et Remus, enfants de Mars, dieu sous les auspices duquel s’achève l’opération alchimique en cours. Cela dit, comme nous l’avons vu, la premier nom de cette maison était bien le « Loup »… Mais, selon la théorie alchimique, les quatre mamelles de la louve signifient qu’il faut réserver « autant de parts de ce suc mercuriel pour une utilisation ultérieure, panacée qu’est l’eau de Jouvence et qui en est issue ».
-Le vase renversé (placé près de la tête de la louve) : le « suc mercuriel » précité « est fait du mâle et de la femelle, du mercure animé de son soufre, matières sorties d’une même racine et réduites à l’état liquide en un tout homogène, comme nous l’indique le vase dont il s’écoule. »
-Romulus et Remus : pour ce qui est des jumeaux, Paul de Saint-Hilaire pense trouver l’explication chez Nicolas Flamel : « Il te faut donc faire deux parts et portions de ce corps coagulé, l’une desquelles servira d’Azoth pour laver et mondifier l’autre, qui s’appelle Leton qu’il faut blanchir ».
-Apollon et le serpent Python : toujours d’après Nicolas Flamel, « celuy qui est lavé est le Serpent Python, qui ayant pris son estre de la corruption du limon de la terre assemblé par les eaux du déluge, quand toutes les confections estoient d’eau, doit estre occis et vaincu par les flesches du Dieu Apollon, par le blond Soleil, c’est-à-dire, par nostre feu, esgal à celuy du Soleil ». Ce qui, selon Paul de Saint-Hilaire, explique la présence du dieu Apollon au fronton triangulaire de la maison de la Louve, placé entre deux pots de flammes et décochant un de ses traits en direction du serpent Python.
-Carquois et lyre : au balcon de la façade, l’étui de l’archer est quatre fois posé sur la lyre, un autre attribut d’Apollon, ce qui, selon la même source, relève de la même théorie alchimique.

Eric TIMMERMANS
Sources : « Les maisons de la Grand-Place, sous la direction de Vincent Heymans, CFC-Editions, Collection Lieux de Mémoire, 2002 / « Bruxelles, notre capitale », Louis Quiévreux, PIM-Services, 1951 / « Dictionnaire historique des rues, places…de Bruxelles », Eug. Bochart (1857), Editions Cultures et Civilisations, 1981 / « Ilot Sacré, Georges Renoy, Rossel, 1981, p.69-70 / « Lecture alchimique de la Grand-Place de Bruxelles », Paul de Saint-Hilaire, Editions du Cosmogone, 2002, p.88-89.
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